Peu avant d'affronter Kell Brook au Royaume-Uni, le 26 mars dernier, Kevin Bizier a subi une sérieuse blessure à l'oeil gauche. Le boxeur québécois est quand même monté dans le ring, cachant sa condition à son entourage. Brook l'a envoyé au tapis en deux rounds.

Malgré cette amère défaite, Bizier avait la ferme intention de remonter dans l'arène un jour.

Sauf que son oeil n'allait pas mieux. Au contraire, son état se détériorait.

« Je ne voyais plus rien, mais je ne faisais rien. Je restais chez nous à écouter la télé et à travailler sur mon terrain. Je repoussais constamment la visite chez le médecin », a-t-il admis en entrevue avec La Presse.

Lorsqu'il s'est enfin décidé à consulter un ophtalmologiste, le verdict est tombé comme une tonne de briques : il fallait absolument l'opérer. Sinon, il finirait par perdre la vue.

Pour sa santé et pour le bien de sa famille, Bizier a donc choisi d'accrocher ses gants à l'âge de 31 ans. Il a d'abord annoncé sa décision sur son compte Facebook, la semaine dernière, avant d'officialiser le tout en conférence de presse officielle, hier à Québec. Il passera finalement sous le bistouri demain.

Une seule déception

Bizier tourne ainsi la page sur une vingtaine d'années passées à se battre. Après une carrière amateur au cours de laquelle il a remporté 98 combats et 7 championnats canadiens, il a fait le saut chez les professionnels en 2008 ; il compile un dossier de 25 victoires, dont 17 par knock-out, et 3 revers.

Le pugiliste de Saint-Émile a vécu son heure de gloire le 17 décembre 2011, alors qu'il est venu à bout de Lanardo Tyner par décision unanime au Colisée Pepsi, s'emparant du même coup du titre NABA des mi-moyens. Titre qu'il perdra à la faveur de Jo Jo Dan deux ans plus tard.

Il croyait bien que cette victoire et la ceinture qui l'accompagnait allaient lui permettre de se propulser dans les hautes sphères du noble art. Malheureusement pour lui, le tremplin qu'il espérait tant ne s'est jamais présenté à ses pieds.

« Après mon combat de championnat de la NABA contre Tyner, je pensais me développer beaucoup plus que ça. Je pensais que ça pourrait m'amener dans une autre direction, mais ça n'a rien changé », déplore-t-il.

Travail auprès des jeunes

Toutefois, c'est bien le seul regret de Bizier par rapport à sa carrière. Autrement, le sympathique combattant observe son parcours avec fierté, et avec l'enthousiasme qui l'a toujours caractérisé.

Il a peut-être arrêté de se battre, mais pas question de dire adieu à la boxe pour autant. Pour la suite des choses, il entend travailler aux côtés de son père, l'entraîneur Rémi Bizier, qui lui a fait découvrir son sport durant son enfance.

Kevin Bizier souhaite plus particulièrement transmettre ses connaissances et son expérience aux espoirs de demain. « Je vais essayer de développer des jeunes, dit-il. Il y en a beaucoup qui veulent sortir de leur vie et qui se tournent vers la boxe. »

Il suivra aussi le combat entre Gennady Golovkin et Kell Brook, le 10 septembre à l'O2 Arena de Londres. Brook, contre qui Bizier aura vécu son chant du cygne, grimpera dans la catégorie des 160 lb pour l'occasion.

« Brook est excellent et Golovkin est l'un des meilleurs au monde. Mais Brook est un gars qui bouge vite. Je vais prendre pour lui. S'il bat Golovkin, je pourrai me dire que je n'ai pas perdu contre un deux de pique ! », lance Bizier avec sa verve habituelle.