Lorsqu'il a affronté Jean Pascal pour la première fois, le 14 mars 2015, Sergey Kovalev a dominé son rival dès la première cloche jusqu'au moment de lui passer le knock-out, au huitième round. Malgré cette victoire décisive, le Russe est reparti du Centre Bell avec une impression de travail inachevé.

On le sait, c'est loin d'être l'amour fou entre les deux hommes. Ainsi, vaincre Pascal (30-3-1, 17 K.-O.), même haut la main, n'était pas suffisant pour Kovalev (28-0-1, 25 K.-O.). Et ce dernier entend bien se rattraper à l'occasion du second duel qui opposera ces deux pugilistes, le 30 janvier.

«Habituellement, je détruis la carrière de ceux que j'affronte. Je ne l'ai pas détruite la première fois parce que l'arbitre a arrêté le combat. [Pascal] a oublié de le remercier et de lui dire qu'il avait sauvé sa vie. Je veux terminer le travail le 30 janvier», a lancé Kovalev en conférence téléphonique, hier après-midi.

«Pourquoi est-ce que je lui ai accordé une revanche? Parce que je n'ai pas fini mon travail. Je veux arrêter sa carrière», a martelé le champion WBO, WBA et IBF des mi-lourds.

Manque de temps?

Compte tenu du résultat sans appel du premier combat, plusieurs se sont interrogés sur la pertinence de cette revanche, de même que sur les chances de Pascal de l'emporter. D'autant que celui-ci a peiné pour venir à bout de Yunieski Gonzalez lors de sa sortie suivante.

Le clan Kovalev assure cependant qu'il ne prend pas le Lavallois à la légère. On reconnaît qu'il s'amènera dans le ring avec quelques tours de plus dans son sac, gracieuseté de son nouvel entraîneur, Freddie Roach.

Mais le camp d'entraînement de Pascal aura-t-il été assez long - environ huit semaines - pour que Roach ait pu modifier en profondeur le style du boxeur? C'est la question qu'on se pose dans le coin du champion.

«Ça dépend de l'étudiant, estime l'entraîneur de Kovalev, John David Jackson. Je ne sais pas si Pascal peut s'adapter, à quel point il veut écouter et s'améliorer, et à quel point Freddie Roach peut avoir le temps d'en faire un meilleur boxeur.»

Roach ou pas, pour Kovalev, ça ne change absolument rien à son plan de match. Plan de match qu'il a lui-même résumé assez clairement, d'ailleurs: «Je vais encore lui botter le cul!»

Chasser les mauvaises habitudes

«John David Jackson devrait s'occuper de ses affaires», rétorque Pascal. À l'évidence, le boxeur québécois se dit débordant de confiance et rejette en bloc les doutes soulevés par le camp Kovalev.

«Je sais ce que j'ai à faire pour gagner. Freddie Roach m'a enseigné beaucoup de choses, et je vais appliquer tout ce qu'il m'a appris.»

Pour sa part, Roach reconnaît que le camp d'entraînement a été un peu court. Il assure néanmoins que le Jean Pascal qui se mesurera à Kovalev à la fin du mois n'a plus rien à voir avec celui de l'an dernier.

«Il boxe beaucoup mieux maintenant, dit Roach. Nous avons de nouvelles techniques et de nouvelles combinaisons. Vous verrez qu'il sera un bien meilleur boxeur que la première fois. S'il ne se bat pas intelligemment, il sait qu'il ne peut pas gagner. [...] Nous ne voulons pas qu'il revienne dans ses anciennes habitudes et qu'il s'appuie aux câbles.»

Pascal admet qu'il devra connaître un meilleur départ que lors de l'affrontement initial. Rappelons qu'il avait alors souffert d'une perforation du tympan au cours des premiers rounds, conséquence des nombreux coups de Kovalev ayant touché la cible.

«Je ne veux pas trouver d'excuses pour le premier combat. Peut-être que ce n'était pas ma soirée. Je n'étais pas assez éveillé et alerte, de sorte que je me suis fait toucher souvent alors que je n'aurais pas dû. Je devrai donc rester alerte du début à la fin», a souligné Pascal.

Mentionnons enfin que selon le vice-président d'InterBox, Pierre Duc, à peu près le même nombre de billets qui avaient été vendus pour le premier combat Pascal-Kovalev étaient écoulés pour le second en date d'hier. InterBox et Main Events prévoient qu'environ 9000 spectateurs se déplaceront au Centre Bell le soir du 30 janvier.

Photo Graham Hughes, archives La Presse Canadienne

Jean Pascal s’amènera dans le ring avec quelques tours de plus dans son sac.