La chose peut paraître étonnante quand on connaît le côté gentleman de l'homme. Pourtant, c'est bel et bien un Lucian Bute plus agressif et plus teigneux qui montera dans le ring du Centre Vidéotron de Québec, le 28 novembre, pour tenter de ravir le titre IBF des super-moyens au Britannique James DeGale. Un titre qu'il a lui-même détenu pendant cinq ans.

Ne vous méprenez pas: Bute (32-2, 25 K.-O.) n'a rien perdu de son caractère affable et volubile. Il s'agit plutôt de l'influence de ses entraîneurs, les frères Howard et Otis Grant, qui admettent sans hésitation avoir voulu faire de lui un boxeur plus «méchant», en plus de lui inculquer quelques nouvelles notions défensives.

«Ils ont mis plus d'agressivité dans mon style. Mais ce que je trouve qui est le mieux, c'est [d'avoir appris à] bouger la tête à gauche et à droite. Mes adversaires ne savent pas où je suis. Ils lancent des coups à côté en contre-attaque. C'est la meilleure chose que j'ai apprise jusqu'à maintenant», a souligné le boxeur d'origine roumaine, hier, au terme d'une séance d'entraînement médiatique.

Bute aurait tout intérêt à mettre ces leçons en oeuvre lors du duel, car selon Howard Grant, DeGale (21-1, 14 K.-O.) est le genre d'adversaire qui a tendance à lancer quelques coups salauds en se servant de son épaule et de son coude.

«J'ai dit à Lucian: s'il fait ça avec toi, tu dois lui donner un coup de coude en plein visage. Peut-être que l'arbitre va le voir et lui donner un avertissement, mais s'il ne le voit pas, tu dois être capable de lui mettre ton épaule dans le visage ou de le frapper en plein dans les couilles», a expliqué Howard avec son franc-parler habituel.

«Si ce gars essaie de faire cette merde avec Lucian le 28, je vais lui dire de le frapper d'un coup de coude entre ses foutus yeux, en plein milieu du ring, quand l'arbitre aura le dos tourné. Point. Ça fait partie du jeu. Vous voulez jouer salaud? On va jouer salaud. Vous voulez me frapper dans les couilles? Je vais vous frapper dans les couilles.»

Voilà qui a le mérite d'être clair.

Trop tôt pour un championnat?

Certains ont sursauté en apprenant que Bute obtenait déjà une autre chance de se battre en championnat du monde. Il n'a, après tout, livré qu'un seul combat - une victoire par knock-out technique contre l'Italien Andrea Di Luisa, le 15 août au Centre Bell - depuis sa longue pause d'un an et demi qui a suivi sa défaite contre Jean Pascal, le 18 janvier 2014.

«Je ne pense pas que Lucian peut être meilleur que ce qu'il est en ce moment, même si tu lui donnes deux, trois ou quatre combats. Au contraire, je pense que tu peux perdre cela», a quant à lui fait valoir le promoteur Yvon Michel.

Tous ne semblent pas aussi convaincus, cependant. C'est le cas du pugiliste récemment retraité Carl Froch, celui-là même qui avait terrassé Bute en cinq rounds en 2012.

«J'ai entendu dire qu'il [DeGale] allait gagner environ 2 millions pour se battre contre un Bute absolument détruit. Il est détruit depuis que je l'ai battu et tout le monde le sait», a déclaré Froch au quotidien anglais The Sun.

Bute a juré qu'il n'avait cure de ces commentaires, bien qu'il se soit quelque peu emporté lorsqu'on l'a questionné sur le sujet. L'orgueil a-t-il été piqué?

«C'est facile de parler. Tout le monde parle à gauche et à droite. Je sais qui je suis. Je sais comment je travaille, et rien ne peut m'arrêter», a-t-il martelé.

«Je suis réaliste. Di Luisa n'était pas un boxeur parmi les meilleurs. On le sait, ça. C'était un combat de retour après presque deux ans. Mais j'avais besoin de cette victoire. J'avais besoin de ce knock-out technique.

«J'étais content et très satisfait de cette soirée et du résultat, a poursuivi Bute. Et aujourd'hui, on est à deux semaines d'un combat de championnat. D'avoir l'opportunité de devenir champion une seconde fois, pour moi, c'est un privilège.»

On verra donc d'ici quelques semaines si Bute saura être assez méchant pour goûter une fois de plus à la gloire des champions.