D'abord furieux en raison de la faible bourse qu'il touchera pour affronter David Lemieux au Centre Bell, samedi soir, Hassan N'Dam jure maintenant que toute cette affaire est derrière lui et qu'il se concentre entièrement sur le combat.

Dès l'annonce de la tenue de cet affrontement où le titre vacant des poids moyens de l'IBF sera en jeu, le clan du pugiliste français d'origine camerounaise a sévèrement blâmé Golden Boy Promotions, qui a remporté un appel d'offres de 102 000 $ - le seul déposé - pour présenter l'événement.

Golden Boy a ensuite choisi de diviser cette somme à parts égales entre les deux rivaux. Ainsi, Lemieux et N'Dam empocheront chacun 51 000 $. Le président d'Eye of the Tiger Management (EOTTM) et gérant de Lemieux (33-2, 31 K.-O.), Camille Estephan, a cependant fait savoir que le Québécois gagnera beaucoup plus d'argent pour ce duel et qu'il s'agira d'ailleurs de la plus importante bourse de sa carrière.

Rencontré lors d'un entraînement médiatique dans un gymnase de Montréal, hier midi, N'Dam (31-1, 18 K.-O.) a expliqué qu'il était désormais passé à autre chose.

«Je sais ce qui s'est passé depuis le début. Je sais qui est en faute, qui a fait quoi, quel respect on me donne et ce que je donnerai en retour. J'ai mis tout ça de côté à partir du moment où j'ai signé le contrat. J'ai bien réfléchi et j'ai mis ça de côté», a déclaré l'athlète de 31 ans.

Toutefois, contrairement à N'Dam, son entraîneur Mous Ouicher ne semble pas avoir décoléré. Celui qui avait parlé d'une «bourse de la honte digne d'un sans-abri» pour son poulain brillait en effet par son absence à la séance d'entraînement d'hier, toujours aussi irrité par cette histoire.

«Chacun a sa mentalité et son comportement, a plaidé N'Dam. J'ai le mien et il a le sien. Je défends complètement mon entraîneur. Il est mécontent, moi aussi. Mais je fais mon boulot. [...] Je participe à tout ce qui est dit et ce que j'ai signé dans mon contrat. Lui, il n'a signé avec personne. Il a le droit de faire ce qu'il veut.»

Imprévisible et plus expérimenté

S'il dit être en paix par rapport à sa bourse, N'Dam est cependant encore déçu de ce que la Régie des alcools, des courses et des jeux ait refusé la demande de son gérant, Gary Hyde, de remplacer l'arbitre du combat, Marlon B. Wright, ainsi que l'un des juges, Benoît Roussel, tous deux originaires de Montréal.

«David Lemieux est chez lui. Il aura plus de 200 000 spectateurs pour lui - on va dire 50 000 [en fait, EOTTM espère que de 5000 à 6000 spectateurs assisteront au combat]. En plus, on lui donne des arbitres pour lui. Je vois ça et je me dis qu'il faut quand même mettre un minimum de chances pour moi. Je n'ai pas besoin de chance pour gagner ce combat. J'ai besoin de ma boxe, tout simplement. Mais on ne sait jamais, et ce qui arrivera arrivera», a-t-il déploré.

Malgré tout, N'Dam a bon espoir de l'emporter samedi, puisqu'il s'estime supérieur à Lemieux sur le plan de la boxe pure. Il croit qu'il dominera son rival samedi soir en raison, notamment, de son imprévisibilité sur le ring.

«David Lemieux aura en face de lui un round Muhammad Ali, un round Sugar Ray Leonard, un round [Floyd] Mayweather, un round Hassan N'Dam, «El Fenomeno». Donc, il ne saura pas quoi faire», a-t-il décrit.

Autre facteur qui jouera en sa faveur, selon lui: «l'inexpérience» de Lemieux, qui fera peser une pression supplémentaire sur ses épaules. Rappelons que le Québécois de 26 ans en sera à son premier combat de championnat du monde en carrière.

«Il a tout un pays derrière lui. Il doit défendre cet honneur qu'il a pour le Canada [samedi]. C'est une grosse pression pour un boxeur inexpérimenté. C'est mon cinquième championnat du monde. Qu'est-ce que j'ai à prouver? Je n'ai rien à prouver à personne», a martelé N'Dam.