On ne pourra accuser Sakio Bika d'avoir boxé à reculons et d'avoir craint les coups de massue d'Adonis Stevenson. Mais malgré tout son courage et sa bonne volonté, le pugiliste camerounais n'est pas parvenu à renverser le Montréalais d'adoption, qui a conservé sa ceinture de champion du monde des mi-lourds du WBC, samedi après-midi devant 4729 spectateurs au Colisée de Québec.

Dans un combat de haut niveau diffusé en direct sur les ondes du réseau américain CBS dans le cadre de la nouvelle série «Premier Boxing Champions», Stevenson a mérité une victoire par décision unanime des juges. L'un d'eux a remis une carte de 115-111, un autre de 116-110 et le troisième, de 115-110.

Avant de se mesurer à Stevenson, Bika n'avait visité le tapis qu'en deux occasions; samedi, il s'y est retrouvé en autant d'occasions, aux 6e et 9e rounds. Mais comme le disaient les paroles de sa chanson-thème «Get up, stand up, don't give up the fight», Bika s'est relevé, s'est tenu debout et n'a jamais abandonné.

«On vous avait dit que Bika représentait un adversaire difficile pour Adonis, a déclaré Yvon Michel en guise d'entrée en matière lors de la conférence de presse d'après-combat, tenue une bonne heure après la victoire de Stevenson. Bika est très fort physiquement et il a une superbe mâchoire. Il nous a donné une très bonne performance», a loué le grand manitou de GYM.

Stevenson (26-1-0, 22 K.-O.) a ainsi couronné de succès une cinquième défense consécutive de sa ceinture, une troisième au Colisée Pepsi. Il a aussi signé une 13e victoire de suite, depuis sa seule défaite en carrière, aux mains de Darnell Boone, par mise hors de combat au 2e assaut, le 16 avril 2010 au Maryland.

Et il ne semblait pas trop désappointé de ne pas avoir réussi à mettre fin au combat avant la limite.

«J'avais dit que j'étais prêt pour un combat de 12 rounds, a rappelé Stevenson, qui a eu besoin de trois points de suture au front à la suite d'un coup de tête survenu au dernier assaut. C'est un dur. Il est un vieux routier, un vieux de la vieille. J'ai fait 12 rounds alors que des gens ont déjà dit que je ne serais jamais capable de le faire.»

De son côté, Bika (32-7-3, 21 K.-O.) a subi un deuxième revers d'affilée et n'a pas gagné depuis qu'il a battu Marco Antonio Periban, le 22 juin 2013. Et comme pendant l'affrontement, il ne s'est pas défilé devant les journalistes.

«Il est un bon boxeur. Il est un champion et il a mérité la victoire», a déclaré le Camerounais qui, à défaut d'avoir ajouté un gain à son palmarès aura au moins gagné le respect des amateurs de boxe.

Avec cette autre victoire de Stevenson, la table est officiellement mise pour un combat d'unification avec Sergey Kovalev, possiblement en septembre, au nouveau Colisée, mais peut-être aussi ailleurs. Mais peu importe l'endroit, Stevenson veut un match contre le Russe.

«Dans ma carrière, c'est là où je suis rendu», a-t-il fait savoir.

De bons échanges

Les quatre premiers rounds ont été des plus serrés, chacun des deux pugilistes y allant de bonnes charges offensives sans toutefois ébranler le rival, ni le faire reculer. Stevenson a dominé le deuxième round tandis que Bika a eu un très léger avantage lors de la reprise suivante.

Mais au cinquième assaut, Stevenson a semblé commencer à trouver ses repères et a touché la cible à plusieurs reprises. Et avec environ une minute à écouler au sixième round, il a envoyé le Camerounais au tapis avec une solide gauche. Au sol, Bika a tenté de convaincre l'arbitre Michael Griffin qu'il avait glissé, mais ce dernier a néanmoins donné un compte de huit à l'aspirant.

Malgré cette chute au tapis, Bika n'a pas paru intimidé, et il a échangé coups pour coups avec Stevenson au septième round, l'un des plus spectaculaires de l'affrontement, avec le 12e.

Mais tard au neuvième round, Stevenson a de nouveau expédié son rival au plancher grâce à une courte mais percutante gauche sortie de nulle part.

Titubant, Bika s'est relevé et a même esquissé un sourire à Griffin tout en recevant un autre compte de huit. Il a semblé connaître un regain d'énergie lors des deux derniers rounds, mais Stevenson a non seulement résisté, il a même nargué son valeureux rival.