En lui offrant la grande finale de son gala «Boxing After Dark» du 6 décembre prochain, HBO offre toute une occasion au Québécois David Lemieux de se mettre en valeur. Et c'est exactement ce que désire la chaîne câblée américaine.

HBO n'a pas hésité à confier la finale à Lemieux (32-2, 30 K.-O.), qui défendra son titre NABF des poids moyens contre le pugiliste de Philadelphie Gabriel Rosado (21-8, 13 K.-O.). D'abord prévue pour Saul «Canelo» Alvarez, Lemieux en a hérité quand le Mexicain s'est blessé il y a quelques semaines. Un mal pour un bien aux yeux de HBO, qui aura l'occasion de voir de quel bois se chauffe Lemieux lors de ce gala présenté au Barclays Center de Brooklyn.

«Ils misent beaucoup sur David, a expliqué à La Presse Canadienne Camille Estephan, président d'Eye of the Tiger Management (EOTTM) après la conférence de presse officielle, mercredi. Ils ont aussi beaucoup de respect pour son adversaire. Ils savent que c'est un combat qui est très bien équilibré. Nous, on est confiants que David sorte gagnant de ce combat. C'est d'ailleurs ce que HBO espère: que David signe une belle victoire, car ils veulent vraiment le développer. Ils fondent des espoirs réels en lui. Ils veulent en faire une 'star'.

«C'est valorisant pour David aussi, qui constate qu'aux États-Unis, les experts reconnaissent ses habiletés. C'est très motivant pour lui.»

«Je suis très heureux de la confiance qu'ils placent en moi et de l'occasion qu'ils m'offrent, a ajouté Lemieux, qui a remporté son titre NABF le 24 mai dernier, en stoppant au troisième round Fernando Guerrero. Mais je ne vois pas comment je pourrais décevoir qui que ce soit: je suis au meilleur de ma forme et je suis très heureux de faire les frais de la finale.»

Les chaînes comme HBO et Showtime recherchent un bon spectacle avant tout. Comme le disait le regretté entraîneur Emanuel Steward, les K.-O. vendent. À ce compte-là, Lemieux vend énormément: de ses 32 victoires, 30 ont été acquises avant la limite. Ses 20 premiers combats ont été gagnés par mise hors de combat. Pas surprenant, donc, que Lemieux n'ait livré que 98 rounds de boxe jusqu'ici.

Malgré tout, sa principale force est possiblement ce qui lui a joué le plus grand tour dans sa carrière. Après 25 victoires consécutives, Lemieux croyait pouvoir se débarrasser relativement aisément du Mexicain Marco Antonio Rubio en avril 2011. Mais après avoir encaissé une pluie de coups de poings pendant six rounds, le vétéran Rubio a renversé la vapeur et passé le K.-O. à Lemieux au septième. Le Montréalais de 25 ans a atteint le fond du baril huit mois plus tard, quand il a perdu par décision majoritaire un combat de 12 rounds contre un Joachim Alcine surprenant.

C'est à ce moment qu'est intervenu Estephan, prenant sous son aile Lemieux, un peu perdu, qui était alors devenu un «indésirable» du petit monde de la boxe. Aujourd'hui, Lemieux est en mesure d'apprécier le travail qu'il a dû faire au cours des trois dernières années pour se retrouver là où il est présentement.

«On a fait tout ce qui était absolument nécessaire pour qu'on se retrouve où on est aujourd'hui. J'ai tout changé dans ma vie. Pas juste en boxe, mais dans tous les aspects de ma vie. Ç'a demandé un grand niveau d'engagement de ma part, beaucoup d'efforts, beaucoup de temps et de sacrifices.

«Mon entourage y a joué pour beaucoup et je suis chanceux d'être aussi bien entouré. Honnêtement, je ne serais pas ici si ce n'était de Camille. Il m'a ouvert beaucoup de portes. Il a vu que je travaillais fort et il a eu confiance en moi. C'est une personne importante dans ma vie. Je lui suis très reconnaissant et ce n'est pas fini: on ira loin.»

Loin, ça pourrait vouloir dire Canelo ou Miguel Cotto, deux adversaires qu'Estephan a dans sa mire depuis un bout de temps déjà.

«J'ai eu des discussions au sujet de l'avenir de David, mais on ne veut pas regarder plus loin que le 6 décembre. Mais j'ai bien précisé (à HBO) que ça fait quelques mois que je recherche un combat contre Canelo ou Cotto et ils sont très, très ouverts à ces idées-là. On n'a pas de garantie pour un autre combat sur HBO, mais ils n'investiraient pas autant sur un combat contre Rosado s'ils ne voulaient pas revoir David par la suite.»

«Je me concentre seulement pour mon combat contre Rosado, qui sera aussi un très gros combat à New York, a renchéri Lemieux. Mais c'est sûr que ces noms-là, ça me chatouille à la bonne place! J'ai hâte d'affronter les meilleurs des poids moyens. Je veux me frotter aux grands et Canelo, Cotto, (Sergio) Martinez, ce sont des noms auxquels je pense.»

Ramsey dans son coin

L'entraîneur de Lemieux, Marc Ramsey, est aussi l'entraîneur de Jean Pascal. Même si ce dernier doit se battre à Montréal le 6 décembre, Lemieux a confirmé mercredi que le réputé entraîneur sera dans son coin.

«C'est le combat le plus important de ma carrière, alors c'était important d'avoir le meilleur scénario et le meilleur plan de match possible et ça, ça impliquait d'avoir Marc avec moi. On s'est assis, Jean, Marc et moi et on a tout arrangé ça.»

A-t-il dû compenser Pascal?

«Un beau billet de 20 $ et un bon café, a dit Lemieux en riant. J'ai pris soin de lui. Tout est correct!»