Yvon Michel nous promettait qu'on allait se souvenir longtemps de ce combat d'Artur Beterbiev contre l'ex-champion du monde Tavoris Cloud. Force est de lui donner raison.

Alors qu'il ne livrait que son sixième combat professionnel en carrière, Beterbiev (6-0, 6 K.-O.) n'a eu besoin que d'un round et 38 secondes du deuxième pour régler le cas de Cloud (24-3, 19 K.-O.) en lui passant le knock-out, et ainsi mettre la main sur le titre des mi-lourds de la NABA.

Et quelle victoire éclatante ce fut ! Beterbiev a envoyé Cloud au sol à quatre reprises en quelque trois minutes et demie de boxe. Pour vous donner une idée, l'Américain n'avait jamais été au tapis de sa carrière. En voyant son regard lorsque la cloche finale s'est fait entendre, on pouvait se demander si Cloud se rendait compte de ce qui venait de passer.

Bref, pas un moment le Lavallois d'origine russe n'a été inquiété par son rival. Mais surtout, personne ne s'attendait à une victoire aussi rapide de sa part. Pas même son entraîneur.

« Je suis allé voir [Artur] dans le vestiaire et je lui ai dit: «Very good fight !» Et il m'a répondu : «Normal fight» », a badiné l'entraîneur de Beterbiev, Marc Ramsay, encore fébrile.

« C'était un test pour moi, et je suis content de l'avoir réussi. [...] Cloud a fait ses déclarations en conférence de presse, mais moi, j'ai fait les miennes dans le ring », a résumé le boxeur, par la voix de son agente et interprète Anna Reva.

Un « message clair »

Pas de doutes, on a affaire à un boxeur d'exception en Beterbiev. Parions que les grands réseaux de télévision américains, qui avaient boudé la présentation de ce combat sur leurs ondes, vont regretter leur décision au cours des prochains jours.

« Il vient d'envoyer un message clair et net, a martelé Yvon Michel. Ce n'est plus un projet. Il est arrivé. Je ne vois pas de limites pour lui.

« Il a fallu payer Tavoris Cloud très cher pour le faire venir ici, et on savait qu'on ne ferait probablement pas nos frais, a poursuivi Michel. Mais nous sommes allés de l'avant parce que c'était un investissement. »

Défait à ses deux dernières sorties, il est maintenant permis de se demander si ce duel ne sera pas le dernier de la carrière de Cloud. L'Américain n'a pas rencontré les médias après le combat. Certaines informations qui filtraient hier soir donnaient à penser qu'il s'était fracturé la mâchoire durant l'affrontement.

Yvon Michel a fait savoir qu'Artur Beterbiev se battrait à nouveau cette année. Il est évidemment trop tôt pour connaître l'identité de son prochain adversaire, mais il est déjà acquis que ce ne sera pas Adonis Stevenson, puisque les deux hommes font tous deux partie de la même équipe. « On veut le garder actif », a dit le promoteur.

Avec un tel joyau entre ses mains, on peut le comprendre.

JEAN CONSERVE SA CEINTURE

Dierry Jean (27-1, 19 K.-O.) a défendu avec succès son titre NABF des mi-lourds en triomphant du Mexicain Daniel Ruiz (32-8-2, 22 K.-O.) en demi-finale de cette soirée de boxe. Le Québécois a envoyé son adversaire au tapis à deux reprises au cours du cinquième round. Si Ruiz est parvenu à se relever et conserver une certaine énergie après sa première chute, il n'a pu faire de même à la seconde.

UN ROUND SUFFIT À BIZIER

Si Steven Butler avait vite réglé le cas de son opposant lors du combat précédent, Kevin Bizier (23-1, 16 K.-O.) a été encore plus rapide. Le pugiliste natif de Québec n'a eu besoin que d'un seul round pour triompher du Hongrois Laszlo Fazekas (22-16-1, 17 K.-O.). Alors qu'on était à peine à mi-chemin de l'engagement, Bizier a décoché un crochet au foie de Fazekas. Ce dernier s'est presque immédiatement laissé tomber sur les genoux. Voyant qu'il n'arrivait pas à reprendre ses esprits une fois debout dans son coin, l'arbitre a préféré arrêter le combat.

BUTLER EXPÉDITIF

Le Montréalais Steven Butler (5-0, 4 K.-O.) est parvenu à conserver sa fiche professionnelle parfaite en l'emportant aisément contre le Français Bernard Follea (5-3-1, 1 K.-O.) par arrêt de l'arbitre lors du deuxième round. Butler, 19 ans, n'a fait qu'une bouchée de son rival de dix ans son aîné. Follea a visité le tapis dès le premier round après avoir reçu un violent crochet gauche au menton de la part de Butler. Il ne s'en est jamais remis, et l'officiel a mis fin aux hostilités alors que Butler pulvérisait Follea, qui avait le dos aux câbles, avec une série de crochets.

BAZINYAN TRIME ET L'EMPORTE

Lors du premier affrontement de la soirée, Éric Bazinyan (6-0, 3 K.-O.) a signé un sixième gain en autant de combats professionnels en disposant du Français Baptiste Castegnaro (5-3, 2 K.-O.) par décision unanime des juges (60-53, 60-54, 60-54). Celui-ci s'est montré coriace, mais a tout de même fini par céder devant les assauts répétés de son adversaire lavallois. Castegnaro a notamment dû puiser au fond de ses réserves d'énergie en fin de combat pour demeurer debout, alors que Bazinyan le martelait de solides crochets au visage.

FACILE POUR JUNIOR ULYSSE

Chez les super-légers, Junior Ulysse (4-0, 3 K.-O.) a dominé le Polonais Krystian Huczko (2-1, 2 K.-O.) du début à la fin de leur duel et a aisément été sacré vainqueur par décision unanime (60-52, 60-54, 60-54). Huczko, dont la technique a souvent laissé à désirer, n'a tout simplement rien pu faire pour stopper les attaques d'Ulysse, qui s'en est donné à coeur joie. Le Montréalais s'est même permis d'y aller d'une petite acrobatie à l'avant-dernier round, en se relevant d'un bond après que Huczko l'eut projeté au tapis, complètement exténué.

RARE K.-O. POUR DÉCARIE

Le vétéran Antonin Décarie (31-2, 10 K.-O.) a vaincu le Mexicain Ivan Pereyra (19-4, 13 KO) en lui passant le knock-out à 2 min 18 s du cinquième round d'un combat de la division des mi-moyens qui devait en durer dix. Les deux combattants avaient passé la plus grande partie de leur duel à s'étudier avant que le Québécois de 31 ans n'envoie son rival au tapis grâce à une gauche au corps. Le coup rappelait d'ailleurs le crochet gagnant de Kevin Bizier, qu'on avait vu quelques instants plus tôt. Pereyra est demeuré au sol tout le long du compte de dix.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Kevin Bizier

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Yves Ulysse fils