Stéphane Ouellet n'avait pas enfilé ses gants depuis sa cuisante défaite contre Joachim Alcine, le 17 décembre 2004. À son premier combat professionnel en près d'une décennie, le boxeur de Jonquière a montré que ce triste souvenir était bien loin derrière lui.

Ouellet, 43 ans (29-6, 18 K.-O.), s'est incliné par décision unanime des juges (39-36 partout) face au Belge Cédric Spera, 25 ans, au terme des quatre rounds d'un combat qui s'est avéré sans doute bien plus relevé et excitant que beaucoup ne l'avaient prévu. Mais même s'il s'agit officiellement d'un revers à sa fiche, pour Ouellet, c'est malgré tout une victoire.

« Je pars la tête plus haute que jamais, s'est-il réjoui après l'affrontement. J'ai vaincu ma peur. »

« J'étais content de le voir, mais aussi inquiet, a quant à lui confié le promoteur Yvon Michel. Je ne voulais pas qu'il se fasse mal. [...] Je suis fier de lui et je suis content d'avoir bouclé la boucle avec lui. »

Chose certaine, les amateurs de boxe québécois étaient ravis de revoir Ouellet boxer. Celui-ci a eu droit à une ovation à son entrée sur le ring, et les applaudissements de la foule ont presque enterré l'annonceur maison lorsqu'il a prononcé son nom.

« J'étais très content [d'entendre la foule], a-t-il dit. C'est toujours un peu étrange, puisqu'on est dans une situation d'agressivité et de violence mélangée à de l'amour. Mais c'est quand même extraordinaire comme sensation. »

Pas de quartiers

Dès le premier round, Ouellet a montré qu'il lui restait encore du carburant dans le réservoir. Il a décoché une solide gauche en plein visage de Spera, qui a mis quelques secondes à s'en remettre.

Mais au deuxième, Spera a surpris Ouellet en lui rendant la monnaie de sa pièce avec un direct au menton. Ouellet visiblement désarçonné, sa défense s'est tout de suite effondrée. Le Belge, qui n'en demandait pas tant, l'a aussitôt assailli en enchaînant de furieuses combinaisons. On ne sait trop comment, Ouellet est demeuré debout.

Le Saguenéen s'est bien ressaisi au troisième engagement, mais il a toutefois dû composer avec une coupure à l'oeil droit qui lui nuira pour le reste de l'affrontement. Au round final, Ouellet et Spera ont donné tout ce qu'il leur restait dans le ventre en offrant quelques séquences dignes d'une bagarre de rue.

Spera est cependant parvenu à envoyer Ouellet au tapis au quatrième round à l'aide d'un crochet gauche au visage. Cette chute finira par causer la défaite du Québécois sur la carte des trois juges.

« Je ne me suis jamais dit que j'étais en avance [au pointage], a expliqué Ouellet. J'ai donné mon 100 % tout le temps. C'est ce que les gens aiment. »

Ouellet a par la suite indiqué qu'il allait « construire [sur le combat] » et a promis à la blague de remonter sur le ring dans dix ans. Il assure toutefois qu'il n'aurait aucun regret si ce combat devait être le dernier de sa carrière.

« J'ai fait ce que j'avais à faire. Il fallait que je le fasse, et maintenant, je suis en paix totale », a-t-il déclaré.

À la fin du combat, une fois la victoire de Spera confirmée, les deux boxeurs y sont allés d'une chaleureuse accolade. Ouellet a ensuite salué la foule, qui lui a rendu la pareille une fois de plus.

Pour la dernière fois, peut-être.