La dernière fois que Montréal a vu Nick Diaz, c'était il y a plus d'un an. Sur les terres de l'adversaire, Diaz s'était moqué de Georges St-Pierre, avait ri de ses «shorts serrés» et l'avait insulté. Il avait aussi admis avoir fumé du pot à l'entraînement et avait eu l'air de se soucier à moitié du combat qu'il devait livrer au Centre Bell.

St-Pierre l'avait dominé pendant cinq rounds. Au sortir de l'octogone, Diaz avait exigé un combat revanche contre St-Pierre ou, sinon, un duel contre Anderson Silva, alors au sommet de sa gloire. «Je ne me battrai pas dans un autre combat», avait lancé Diaz.

La demande, à l'époque, avait paru loufoque. Diaz était sur la pente descendante. Personne, à part lui, ne semblait croire en sa valeur dans l'octogone. Mais les choses changent vite dans les sports de combat. Dix-sept mois plus tard, voilà que Nick Diaz est de retour. L'UFC a annoncé cette semaine qu'il affrontera Silva le 31 janvier prochain à Las Vegas.

«Je n'ai jamais dit que je prenais ma retraite. Ce que je voulais dire, c'est que j'avais fini de faire mes preuves, de prendre des combats que je ne voulais pas prendre, a dit Nick Diaz, hier, lors d'une conférence téléphonique. Je n'étais pas intéressé par les combats que l'on m'offrait. J'attendais le plus gros combat possible.»

Mais ce combat aurait très bien pu ne jamais lui être offert. Quand il a exigé un combat contre Silva ou St-Pierre en avril 2013, les deux étaient champions du monde. Dans les mois qui ont suivi, Silva a subi deux défaites et une grave blessure, alors que St-Pierre a abandonné son titre et s'est retiré du sport. Le paysage de l'UFC a été complètement bouleversé.

Un vendeur-né

Ce qui a aussi changé, c'est que l'UFC peine à vendre ses combats. Les chiffres à la télé à la carte sont très faibles depuis le début de l'année. Les combats de Georges St-Pierre étaient achetés en moyenne par 700 000 foyers au cours des dernières années. Depuis le début de 2014, selon le site spécialisé MMAPayout, le gala le plus populaire de l'UFC a été acheté dans 350 000 foyers.

Preuve que le paysage des arts martiaux mixtes a changé: c'est désormais une femme, Ronda Rousey, qui est la principale attraction de l'UFC.

Dans ce contexte, le retour de Nick Diaz s'explique parfaitement. L'Américain à la grande gueule a toujours réussi à faire vendre des combats. Celui de mars 2013 contre St-Pierre a obtenu 950 000 ventes (contre 630 000 pour St-Pierre contre Johny Hendricks).

«L'UFC a perdu sa vache à lait, qui était GSP, explique Louis-Philippe Legendre, administrateur du site québécois MMA Nouvelles. Mais là, tout le monde va parler du retour de Diaz. En fait, tout le monde en parle déjà.»

Diaz est en quelque sorte un lapin sorti du chapeau de l'UFC. Mais son retour pourrait être bref. Silva est largement favori pour le combat, qui aura lieu à 185 lb. Diaz, lui, est habitué de combattre à 170 lb.

«Si je donne mon avis de fan, Diaz s'en va à l'abattoir. Il n'a pas combattu depuis le 16 mars 2013. Même s'il reste à l'entraînement et que Silva s'est blessé contre (Chris) Weidman, il va perdre, à moins d'une énorme surprise.»

Hier, Diaz était plutôt réservé lors de son entretien avec les médias. Il n'a fait aucune déclaration-choc. Mais à un journaliste qui lui a demandé ce qu'il attendait du duel de janvier, il a répondu cette formule tirée du film Forrest Gump: «La vie est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais ce qu'on va avoir.»

C'est bien vrai. Nick Diaz en est la meilleure illustration: il y a un an, il semblait en déroute, alors qu'aujourd'hui, il pourrait livrer le combat le plus attendu des 12 prochains mois. Il n'y a pas à dire, Nick Diaz a gagné son pari.