La carrière de certains athlètes passe comme une étoile filante: elle éclaire le ciel une fraction de seconde, juste le temps d'attirer les regards, puis disparaît dans une traînée de fine poussière.

Celle de Joachim Alcine tient un peu de cette trajectoire furtive. Sauf qu'Alcine ne disparaît jamais tout à fait. Une conférence de presse a d'ailleurs lieu ce matin pour nous le rappeler: on va y annoncer qu'Alcine combattra à Montréal le 16 mai contre l'Américain Delvin Rodriguez (28-7, 16 K.-O.).

«J'ai changé bien des choses dans mon entourage, je me suis bien entraîné, j'amorce mon retour vers le sommet», a expliqué hier le boxeur lors d'un entretien téléphonique avec La Presse.

Alcine (35-7, 21 K.-O.) respire la confiance. Encore une fois. Le Québécois promet de remonter au sommet depuis qu'il a perdu son titre mondial en 2008 d'un percutant K.-O. au sixième round. Mais le sommet échappe inexorablement au vétéran de 38 ans.

Après la perte de son titre, il a déménagé en Californie, a rebondi avec deux victoires, puis a perdu par K.-O. au premier round. Sa carrière n'allait nulle part quand il est revenu à Montréal pour un combat contre l'espoir David Lemieux. Alcine était censé perdre. Il a gagné. Une autre défaite par K.-O. au premier round a coupé son élan. Puis il a accumulé quatre défaites de suite.

«À ce moment-là, je n'avais pas de gérant pour s'occuper de moi. Personne ne s'occupait de moi, raconte Alcine. Je manquais d'argent. Je boxais pour nourrir ma famille et j'acceptais n'importe quel combat sans avis.»

Il a trouvé un nouveau gérant. Il a remporté ses deux derniers combats contre des boxeurs de bas calibre. Et voici qu'à Montréal, le 16 mai, il affrontera Rodriguez, un boxeur correct qui revient d'une défaite contre Miguel Cotto. Le combat sera diffusé sur ESPN. Le lieu exact sera annoncé ce matin, mais ce ne sera pas au Centre Bell.

Alcine a renoué avec l'entraîneur de renom Buddy McGirt. «Il a l'oeil, il voit des choses que d'autres ne voient pas», explique le boxeur. Il assure que son entraînement va bien. Il dit avoir hâte de se battre devant «son public».

Une victoire le 16 mai sur les ondes d'ESPN permettrait à Alcine de relancer sa carrière. Pourquoi ne pas lui donner le bénéfice du doute? Après tout, Alcine est un pionnier. Il est le premier d'une série de boxeurs nés en Haïti, élevés au Québec et devenus champions du monde. Jean Pascal et Adonis Stevenson ont marché dans ses pas.

Bien sûr, il devenait champion en 2007, aussi bien dire il y a un siècle. Bien sûr, il n'a détenu le titre que 12 mois.

Mais Joachim Alcine le promet encore une fois: il va revenir au sommet.