Il est temps que le combat entre Jean Pascal et Lucian Bute ait lieu. Les deux clans en sont réduits à ressasser de vieilles disputes.

C'est ainsi que mercredi, à l'occasion de la conférence de presse officielle au Centre Bell, deux reproches sont revenus sur la table.

Marc Ramsay, l'entraîneur de Pascal, a remis sur le nez de Stéphan Larouche ses déclarations voulant que le Lavallois d'origine haïtienne est un boxeur de quatre rounds. Et ce dernier s'en est pris à Bute parce que celui-ci lui a lancé qu'il allait lui «fermer la gueule». Pascal a reproché à son opposant d'avoir utilisé le mot «gueule», en déclarant que seuls les animaux ont des gueules.

Sauf que ces salves, elles avaient déjà été lancées - et le clan adverse y avait répondu - le printemps dernier, avant que le combat initialement prévu le 25 mai ne soit reporté à ce samedi.

Au moins, l'aspect nouveau, c'est que Ramsay a invité Larouche à cesser les hostilités... en quelque sorte.

«Un des premiers conseils que Russ Anber m'avait donné, il y a quelques années, c'est de ne pas parler directement au boxeur. Je lui ai dit, 'pourquoi?» Il m'a répondu que «les boxeurs peuvent dire toutes sortes de choses parce qu'ils ont à répondre de leurs propos dans le ring. Mais ce n'est pas le cas des entraîneurs».

«Les entraîneurs, nous, on peut dire qu'un boxeur est un boxeur de quatre rounds, mais quand la cloche sonne, un peu comme des peureux on descend les marches du ring et on pousse notre boxeur vers l'action. Et je pense, Stéphan, qu'on n'a pas besoin de ces propos-là, qui frôlent le manque de professionnalisme et le manque de classe, a dit Ramsay en s'adressant directement à son homologue. Je pense que tu vaux mieux que ça.

«Alors je pense qu'on peut laisser les deux boxeurs nous donner un bon spectacle samedi soir», a dit Ramsay, en y allant de propos que la foule de quelques centaines de spectateurs dans les gradins du Centre Bell a approuvés en applaudissant.

Pendant ces paroles, Larouche a hoché la tête en silence, en signe de désaccord.

«(Ramsay) a raison sur une chose, la peur. J'ai arrêté de boxer parce que j'avais peur, c'est vrai, a d'abord dit Larouche après la conférence de presse. Mais je ne parle jamais d'un individu personnellement, je parle du boxeur, de ses performances. Je ne pense pas que ça, c'est manquer de respect du tout.»

«L'histoire des quatre rounds, je n'ai pas été le premier à en parler d'ailleurs, d'autres observateurs l'ont fait avant moi», a-t-il fait remarquer.

Pendant qu'il était au podium, Pascal a invité Bute à venir répéter devant lui qu'il allait lui fermer la gueule, mais le boxeur d'origine roumaine est resté assis sans réagir, si ce n'est en affichant un sourire digne de Bouddha.

«Au début de la conférence de presse, je ne voulais pas parler, je m'étais dit que j'allais rester tranquille mais, à la fin de la journée, il faut que je sois moi-même. J'aime dire les vraies choses», a commencé par déclarer Pascal à son tour au micro, pour ensuite affirmer qu'il n'avait jamais manqué de respect à l'endroit d'un adversaire, relevant seulement ses carences comme boxeur dans le but de miner sa confiance, sans jamais s'attaquer à lui personnellement.

Pascal a même offert de verser 1000 $ à toute personne présente au Centre Bell qui pourrait retracer des paroles prouvant le contraire.

«Quand on aborde la nationalité des gens, leur race, leurs convictions religieuses, leur orientation sexuelle, ou encore si on parle contre des membres de leur famille... Ça, c'est manquer de respect. Je n'ai jamais manqué de respect à l'endroit de mes adversaires.

«Par contre, Lucian Bute, dernièrement, m'a manqué de respect. Il a dit qu'il allait me fermer la gueule. Ce sont les animaux qui ont des gueules. Moi, je suis un être humain, j'ai une bouche.»

«J'aimerais inviter Lucian Bute, s'il a des couilles, à me le dire au visage qu'il veut me fermer la gueule», a lancé Pascal, avec pour seul effet d'attirer les huées de quelques spectateurs.

«C'est une expression que j'ai apprise ici (au Québec). C'est juste une expression, je ne voulais pas l'insulter», a expliqué Bute avec fermeté, après la portion protocolaire de la conférence de presse - laissant ainsi entendre qu'il n'y avait aucune connotation raciale à ses paroles.

Ce à quoi Pascal a rétorqué: «O.K., mais moi, j'en ai dit bien souvent des expressions, j'ai fait plein de métaphores, et on m'a traité de grande gueule, d'irrespectueux».

«Si moi j'avais dit «grande gueule', on l'aurait crié sur tous les toits que je manquais de respect. Mais parce que c'est Monsieur Bute, on ne dit rien? Je ne suis pas un animal, je suis un être humain», a ajouté Pascal, piqué au vif.

Larouche, là aussi, s'est défendu de s'abaisser à ce niveau... en lançant un jab verbal à son tour.

«Je ne rentrerai jamais dans la vie personnelle d'un athlète, je ne tweeterai jamais des niaiseries dans la nuit sur quelqu'un d'autre, a lancé l'entraîneur de Bute en faisant allusion à cette fameuse nuit où Pascal a écrit des messages d'un goût douteux. Je ne le ferai pas, et Lucian non plus ne le fera pas.»

«(Pascal) veut jouer dans ma tête, il veut jouer avec les mots et je n'embarque pas dans ce jeu-là, a ajouté Bute. On a des choses à régler, mais on va les régler sur le ring, pas ici.»

Le combat aura lieu samedi soir au Centre Bell et le cap des 20 000 billets vendus a été atteint. Le président d'InterBox, Jean Bédard, s'est dit certain de dépasser le chiffre magique de 21 273, ce qui représente une salle comble lors des matchs du Canadien.