Un scandale, la victoire de Georges St-Pierre? Après tout, plusieurs observateurs ont qualifié le gain du Québécois de vol de grand chemin. «Johny Hendricks a gagné ce combat», a tranché le président de l'UFC, Dana White. «La pire décision de l'histoire», a dénoncé Carlos Condit, qui a déjà affronté St-Pierre et Hendricks.

Mais les choses ne sont pas si simples. La réaction courroucée de certains trahit une profonde incompréhension du système de pointage. La victoire est octroyée à celui qui gagne le plus de rounds, pas à celui qui a dominé l'ensemble du combat. C'est imparfait, mais c'est ainsi.

Samedi soir par exemple, St-Pierre a gagné de justesse les troisième et cinquième rounds, mais a perdu clairement les deuxième et quatrième rounds. Or, sur les cartes des juges, ces rounds valent exactement la même chose. C'est ainsi depuis toujours. Où est le scandale?

À l'issue du combat, deux juges ont remis des cartes de 48-47 en faveur de St-Pierre. Le troisième a octroyé ce même score à Johny Hendricks. La décision partagée reflète un combat serré où St-Pierre en a eu plein les bras.

Les trois juges s'entendent sur quatre rounds sur cinq. Ils ont tous trois donné les 3e et 5e engagements à St-Pierre et les 2e et 4e à Hendricks.

Le premier round est le round de la discorde. Mais il est tellement serré que le donner à St-Pierre, comme l'ont fait deux des trois juges en scellant l'issue du combat, peut difficilement être qualifié de farfelu.

«J'ai jugé le combat et j'ai essayé d'être objectif. J'avais la même carte de pointage que les juges à Vegas, a expliqué l'arbitre Yves Lavigne à la station radiophonique 98,5. J'avais le premier round à Georges de même que les troisième et cinquième, j'avais les deuxième et quatrième à Hendricks.»

Durant le premier round, Hendricks et St-Pierre ont touché avec respectivement 27 et 26 coups. Les deux ont réussi une projection au sol. St-Pierre a toutefois procédé à une tentative de soumission par guillotine dans la première minute du combat.

Les chiffres ne disent pas tout. Mais à l'écoute de ce round, une conclusion s'impose: il était serré. Et les deux juges qui l'ont octroyé à Georges St-Pierre ne sont probablement pas des incompétents, comme le dénonce Dana White.

Le grand patron de l'UFC a-t-il poussé les haut cris pour mousser un possible combat revanche? Possible. Ce qui est certain, c'est que ce n'est pas samedi soir au MGM Grand de Las Vegas qu'a eu lieu le vol du siècle.

Photo tirée de Twitter

Les cartes de pointage des juges.