Dana White était livide et furieux. Il était 1h30 du matin à Las Vegas. Georges St-Pierre venait en l'espace de quelques minutes de remporter un combat controversé contre Johny Hendricks et d'annoncer qu'il prenait une pause pour «faire le point», sans date de retour.

Le grand patron de l'UFC était-il en rogne à l'idée de perdre sa vache à lait, le combattant le plus populaire de son organisation? Ou était-il sincèrement outré de la décision des juges, qui ont donné le combat au Québécois dans une décision partagée (48-47, 48-47, 47-48)?

«C'est une farce, Johny Hendricks a gagné ce combat. Georges s'est fait botter le cul ce soir», a lancé White à un parterre de journalistes quelques minutes après le duel.

À ce moment, Georges St-Pierre n'était pas à la conférence. Après sa 9e défense de titre consécutive, St-Pierre a pris le micro et annoncé qu'il prenait une pause. «Il y a un paquet de trucs qui se passent dans ma vie. Je dois accrocher les gants pour un bout. J'ai des problèmes personnels à régler», a-t-il lancé devant la foule, les téléspectateurs et un Dana White médusés.

Puis il a quitté l'octogone, a marché vers la sortie du MGM Grand, est monté dans une ambulance et a filé tout droit à l'hôpital. Il a pris une bonne heure avant de finalement arriver à la conférence de presse. Dana White en a profité pour dire ce qu'il pensait du projet de repos de St-Pierre.

«Avec cette décision (controversée), il ne peut pas dire tout simplement je prends une pause et peut-être que je serai de retour et peut-être pas, a lancé White. Il est redevable aux fans, à sa ceinture, à cette entreprise et à Johny Hendricks; il doit lui donner une autre chance de l'affronter.»

Un journaliste a demandé à Dana White s'il ne devrait pas plutôt attendre de connaître la nature des «problèmes personnels» de St-Pierre avant de le dénoncer sur la place publique. «Il peut bien prendre sa retraite s'il le veut. Il a assez d'argent. Mais il ne peut pas dire «je pars en croisière ou peu importe le charabia qu'il a dit. Non, ça ne marche pas comme ça.»

St-Pierre ne dort pas la nuit

La conférence de presse allait rondement. Dana White était toujours en furie quand un murmure a parcouru l'assistance: Georges St-Pierre, le visage violacé par la violence du combat, a fait son entrée à la surprise générale. Il est allé s'asseoir à sa place, des points de suture fraîchement cousus sous les yeux. Une employée de l'UFC a déposé devant lui sa ceinture de champion mi-moyen (170 livres), celle qu'il a défendue samedi soir, mais que le patron de l'organisation juge qu'il aurait dû perdre.

«Je comprends que c'est mauvais pour l'UFC si je pars comme ça. Mais je dois faire le point. Je ne peux pas dormir la nuit, je deviens fou. Je dois relaxer, je dois me retirer et faire le point», a lancé un St-Pierre secoué par les émotions.

«Il y a des choses qui se passent dans ma vie privée et je ne veux pas en parler en public parce que c'est privé. J'ai une vie personnelle.»

«Excusez-moi, je deviens très émotif après mes combats», a-t-il ajouté.

Visiblement agacé par les questions sur les intentions de St-Pierre, Dana White a ordonné aux journalistes de se retenir. «Moi et Georges allons parler et régler tout ça.»

Après la conférence de presse, il est immédiatement parti discuter avec Georges St-Pierre, accompagné du propriétaire de l'UFC, Lorenzo Fertitta. L'entretien a duré une dizaine de minutes, puis White est revenu voir les journalistes et s'est dit confiant de revoir St-Pierre dans l'octogone très bientôt.

«Georges est très émotif à propos de trucs qui lui arrivent. Mais ce n'est vraiment pas si pire, a expliqué White. Pour lui ça l'est, pour lui c'est la fin du monde. Mais il va régler tout ça.»

Mais il a été impossible d'en savoir plus de Georges St-Pierre. Le champion soignait ses plaies et est resté muet hier.

La Presse a reçu un courriel de son mentor, Kristof Midoux. «Georges est libre et a pris (samedi) sa liberté comme un gladiateur. Il n'est plus le jouet de personne, a écrit Midoux. Il va prendre sa vraie vie en main après la plus belle carrière qu'on puisse souhaiter à un fighter

Une revanche contre Hendricks

Le flou persiste donc sur les intentions de St-Pierre. Ce combat était-il son dernier? Va-t-il prendre une longue pause ou revenir rapidement à l'octogone? Mystère.

White dit avoir bon espoir qu'une revanche St-Pierre-Hendricks aura lieu sous peu.

«Je ne pense pas qu'on va devoir attendre» bien longtemps avant de le revoir en action, a-t-il dit après son entretien privé avec le champion.

Johny Hendricks avait quant à lui le visage pratiquement intact. «Je suis le champion. J'ai envoyé plus de jabs, je l'ai frappé plus souvent, je l'ai projeté plus souvent. J'ai tout fait pour gagner ce combat, à part ces deux juges qui ne m'ont pas donné la victoire, a-t-il lancé. Ça n'arrivera plus. Je vais revenir prendre cette ceinture.»

«Je ne l'ai vraiment pas frappé si fort, a ajouté Hendricks. Je n'essayais pas vraiment de lui passer le K.-O. C'était mon premier combat de cinq rounds, alors j'y allais à 70% de mes capacités. C'était suffisant. À 70%, je lui faisais mal.»

«Mais si je le recroise dans un ring un jour, je vais le finir», a dit le Texan.

Reste à voir si Georges St-Pierre remontera même un jour dans un ring.