Le visage démoli de Georges St-Pierre après son combat contre Johny Hendricks a frappé l'imagination du public. Mais d'après un expert, la perte de mémoire qu'il a subie dans l'arène et son état émotionnel instable après le duel sont plus inquiétants.

Selon le professeur Dave Ellemberg, de l'Université de Montréal, St-Pierre présente les symptômes d'une grave commotion cérébrale. Il note par ailleurs que les commotions ne sont pas toujours accompagnées d'une perte de connaissance et que St-Pierre a très bien pu en subir une même s'il n'a pas été mis K.-O.

«La perte de mémoire pour les événements rétrogrades, c'est probablement un des signes les plus graves de la commotion cérébrale, même plus que la perte de conscience, explique Dave Ellemberg. La récupération la plus lente, la plus difficile et les conséquences les plus graves, c'est dans le cas d'une perte de mémoire.»

St-Pierre est apparu défait en conférence de presse. «Je ne me souviens plus de tous les rounds. J'ai reçu plusieurs coups sur la tête et j'ai perdu la mémoire», a déclaré samedi soir le champion en titre.

Après avoir parlé avec lui, le président de l'UFC, Dana White, a expliqué que durant le combat, St-Pierre «ne se souvenait plus à quel round il était rendu et ne savait pas à la fin que le combat était fini».

«J'ai été dans une sale guerre. Hendricks frappe comme un camion, a dit St-Pierre. Mon cerveau s'est promené à droite, à gauche, dans mon crâne. Je voyais mal de l'oeil droit. Je me suis fait frapper dur (samedi) soir.»

Des dommages cumulatifs

Le Québécois a aussi dit être «très émotif» après ses combats. Il s'agirait d'un autre signe de commotion cérébrale, selon celui qui vient de publier Des commotions cérébrales dans les sports, une épidémie silencieuse.

«J'ai regardé les clips de samedi et il se dit souvent assez émotif après les combats. Ça, c'est un autre signe de commotion cérébrale. Les athlètes sont alors déséquilibrés dans la région frontale du cerveau, impliquée dans la gestion des émotions, précise le spécialiste. Ils vont souvent avoir des dépressions après une commotion. Ils ont des hauts et des bas, ils sont à fleur de peau. Des fois, ils ressentent de la colère et de l'émotion. Des fois, ils sont plus dépressifs.»

La nature du sport que pratique St-Pierre rend les commotions cérébrales fréquentes. «Il en a peut-être subi une centaine en carrière», estime Dave Ellemberg.

Il rappelle que les commotions à répétition sont dangereuses. «Il est probable que dans son cas, il souffre déjà de déficits permanents et que chaque combat ajoute des dommages au niveau du cerveau, qui se cumulent», estime l'expert.