Georges St-Pierre doit tout faire pour finir Johny Hendricks samedi soir à Las Vegas. Il doit revenir à son coin vidé après chaque round. Il doit prendre des risques. Et s'il le fait, le Texan n'aura aucune chance de survie, assure le mentor de St-Pierre, Kristof Midoux.

«Georges est capable de le finir au troisième ou au quatrième round. Si Georges se donne à 100 %, Hendricks ne pourra jamais tenir jusqu'au bout, explique Midoux en entrevue avec La Presse. Il est capable de le finir à tous les rounds, il est capable de le traumatiser, il est capable de forcer l'arbitre à tout arrêter tellement il lui en met dans la tête...»

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Les propos de Midoux peuvent sembler un tantinet extrêmes. Surtout la partie qui consiste à «lui en mettre dans la tête». Mais ils traduisent une évidence et une certaine urgence. L'évidence: rien ne surpasse une mise hors combat à l'UFC. L'urgence: Georges St-Pierre n'est pas parvenu à gagner avant la limite depuis janvier 2009. Il y a de cela près de cinq ans.

La disette pourrait toutefois prendre fin dès samedi soir. À la pesée vendredi, Georges St-Pierre a respecté la limite de 170 livres. Lors du face-à-face avec Hendricks, il a souri. C'était un sourire méchant, a-t-il expliqué. «Ne clignez pas des yeux durant le combat.»

Pour le toujours respectueux St-Pierre, ces paroles ont le poids d'une déclaration de guerre.

Chasser l'ennui?

Le sujet est délicat pour le champion mi-moyen. Il se fait régulièrement qualifier de combattant «ennuyeux» qui utilise sa lutte pour maîtriser ses adversaires sans jamais leur passer le K.-O. ou une prise de soumission.

Au printemps dernier, un fan lui avait demandé lors d'un événement médiatique s'il allait tout faire pour finir Nick Diaz «ou se contenter du minimum». La question manquait de tact. Elle a fait sortir St-Pierre de ses gonds.

«Ça, c'est du monde qui aiment parler. Ils sont là avec leur pop-corn, leur Coke, leur palette de chocolat quand ils regardent un combat, mais ils ne sont jamais montés dans l'octogone», avait lancé St-Pierre, visiblement fâché qu'on ne comprenne pas que mettre hors combat un adversaire de calibre mondial n'est pas une mince affaire.

Pas une mince affaire, soit. Mais pour Kristof Midoux, c'est aussi une question de volonté.

«Je pense que Georges aurait été capable de finir Diaz au premier round. Mais dans l'entourage, on m'a demandé de le préserver pour qu'il fasse les cinq rounds, raconte Midoux. On m'a dit: «S'il te plaît, Kristof, ne lui dis pas de le finir!» Moi, j'aurais été seul dans son coin, j'aurais tout fait pour qu'il le finisse au premier round. Il est capable de le faire. Il a humilié Diaz. Diaz avait l'air d'un enfant.»

St-Pierre a finalement remporté une décision unanime contre Nick Diaz. Cette fois-ci, le mentor conseille à son protégé de ne pas appuyer sur le frein. Il doit revenir «dans le rouge après chaque round». «Finis-le! Ne reviens pas sur ta chaise au cinquième round avec une décision», lui enjoint Midoux.

La gauche de Hendricks

Johny Hendricks n'est pas dans la même situation. Il termine la moitié de ses combats par K.-O. En novembre 2012, au Centre Bell, il a assommé son adversaire Martin Kampmann d'une gauche en 46 secondes.

«Je veux le tuer», a-t-il dit de St-Pierre. «Je veux lui donner une raclée, je veux voir ses yeux convulsés», a précisé Hendricks, qui, quelques secondes après avoir prononcé cette phrase scabreuse, parlait de ses trois filles, «les prunelles» de ses yeux. Un personnage complexe...

Mais Kristof Midoux ne s'inquiète pas de ces menaces. «On rencontre des gens tous les jours qui disent: «Oh, la gauche de Hendricks, bonne chance!» Mais les gens ne sont pas sérieux. Georges n'est pas un débutant, rappelle le mentor. Toute sa vie, il a pris des gauches ou des coups de pied dans la tête. Est-ce que c'est un coup de poing qui va le déranger?»

Une fois de plus, Kristof Midoux va marcher vers l'octogone avec Georges St-Pierre samedi soir. Malgré le vacarme de la foule au MGM Grand, il va hurler ses conseils à l'oreille de son protégé, pour le motiver, le chauffer, le préparer à la guerre. Puis, rendus à la cage, leurs chemins vont se séparer.

C'est là qu'il va peut-être y aller d'une dernière consigne, qui paraît si simple, mais qui est loin de l'être. Une consigne lourde de sens qui tient en trois mots. «Georges, finis-le!»