Cette histoire commence dans les années 80 chez une famille d'immigrants juifs, dans les rues endormies de Ville Mont-Royal. Elle se termine entre Brooklyn et Las Vegas, dans les coulisses de l'UFC.

C'est un peu l'histoire de l'ascension fulgurante du sport des arts martiaux mixtes. C'est surtout celle de celui qui en est devenu le plus célèbre journaliste.

Ariel Helwani se souvient parfaitement de son enfance à Montréal. Du vieux Forum où ses parents avaient des billets de saison. De la neige et de l'hiver. De ses années de secondaire passées dans une école privée juive de Côte-des-Neiges.

Mais ce dont il se souvient le plus, ce sont les Expos. «Mon Dieu, j'étais un fan fini des Expos. Pour moi, il n'y avait rien comme une sortie au Stade olympique, ou un après-midi à écouter Dave Van Horne décrire les matchs.»

Le jeune Ariel raffolait du sport. Il aimait le baseball, bien sûr, mais aussi les sports de combat comme la boxe et la lutte professionnelle. Il voulait devenir descripteur, analyste, commentateur... faire n'importe quel boulot qui lui permettrait de parler de sport à la télévision.

Mais Helwani avait un plan. Il a quitté Montréal à l'âge de 19 ans pour aller étudier à l'Université de Syracuse, réputée pour son programme de journalisme sportif. Il était alors obsédé par un nouveau sport en pleine croissance. Un sport fou, violent et hautement addictif. Mais personne ne croyait alors qu'un journaliste puisse faire carrière dans les arts martiaux mixtes.

«Quand je suis arrivé à Syracuse, j'ai rencontré beaucoup de jeunes qui voulaient parler de sport à la télé. Mais ils voulaient tous parler de baseball, de basketball, de football, de hockey, raconte Helwani. On était en 2001. Les arts martiaux mixtes étaient nouveaux. Je me suis dit que j'irais dans cette direction.»

Ses parents étaient sceptiques. «Je leur ai dit: dans dix ans, ce sport va être grand public. Des réseaux de télévision voudront le diffuser, mais ils n'y connaîtront rien. Alors ils vont chercher à embaucher des gens qui s'y connaissent. Mon but est d'être parmi eux.»

La suite lui a donné raison. Il fallait voir Helwani hier à Las Vegas. «Bonjour», a-t-il dit, dans un français rouillé, lorsque salué par le représentant de La Presse. Le journaliste de 31 ans était tiré à quatre épingles. Un fan s'est approché pour lui demander un autographe.

Un rêve devenu réalité

Helwani a d'abord lancé une émission de radio sur les arts martiaux mixtes à l'Université de Syracuse. Puis il s'est mis à collaborer au site MMAFighting.com. Lorsque l'UFC a signé un contrat de télédiffusion avec Fox en 2011, il s'est fait embaucher par le réseau.

«Fox, c'est arrivé en 2011, dix ans exactement après que j'ai dit à mes parents que les gros réseaux allaient s'intéresser au sport, dit-il. C'est assez fou.»

Pendant ces dix ans, l'UFC est passé de la marge aux feux de la rampe. Helwani, lui, a été nommé trois fois journaliste de l'année en arts martiaux mixtes. Il est devenu la référence. Il compte près de 200 000 abonnés sur Twitter, où, sur sa photo de profil, il porte une casquette des Expos.

«Quand j'étais jeune et que je pensais aux combats à Las Vegas, ça me semblait magique et lointain, raconte Helwani. Aujourd'hui, j'y suis pour le travail. Dans les coulisses, j'interviewe les gars alors qu'ils sont encore en sueur et barbouillés de sang. C'est un rêve.»

Il habite aujourd'hui à Brooklyn. Ses parents sont restés à Montréal. Parfois, il lui arrive de repenser au vieux Forum, aux Expos et aux étés montréalais. L'envie de revenir lui prend alors.

«Je disais récemment à ma femme que s'il y avait davantage de propositions médiatiques en anglais à Montréal, j'y retournerais. Montréal me manque, dit-il. C'est un endroit formidable pour élever des enfants.»

Peut-être si les Expos revenaient ? Helwani dans les traces du légendaire Dave Van Horne, à commenter les matchs de l'équipe qui a bercé son enfance. Mais il ne faut pas trop tenter le destin. Dans l'ombre de l'UFC, Ariel Helwani a déjà réalisé un rêve que plusieurs considéraient comme fou. Combien d'entre nous peuvent en dire autant ?