Georges St-Pierre n'était plus lui-même dans les jours précédant son combat contre Nick Diaz en mars dernier. Alors qu'il se préparait à se battre pour la deuxième fois de suite à Montréal, le champion était tendu, nerveux. Ses réponses en conférence de presse étaient parfois sèches; son air était souvent agacé.

«Est-ce que Georges a encore du plaisir à parler aux médias ou est-ce que ça l'emmerde royalement?» avait même demandé un journaliste américain au président de l'UFC, Dana White.

Ceux qui suivent St-Pierre depuis des années l'avaient bien remarqué: le Québécois n'était pas dans son assiette. Pourquoi? En partie parce que la pression de se battre à la maison n'a cessé de grandir dans les dernières années pour le Québécois.

Après la victoire face à Diaz, les négociations pour le prochain combat de St-Pierre ont pu commencer. Le clan du champion n'avait pas une longue liste d'exigences. De se battre hors du pays était toutefois l'une d'elles. C'est donc à Las Vegas que St-Pierre va affronter Johny Hendricks, le 16 novembre prochain. Il va s'agir de son premier combat en sol américain depuis 2010.

«Que j'aille me battre à Vegas va m'enlever beaucoup de pression. Je suis content d'avoir un break, admet d'emblée St-Pierre, rencontré vendredi dernier. Ce n'est pas que je n'aime pas me battre à Montréal, c'est juste que ça va m'enlever pas mal de pression. Ça va me faire du bien.»

«J'aime Montréal»

St-Pierre, qui a grandi sur la Rive-Sud, ne s'est jamais exilé, même si une bonne part de sa carrière se déroule aux États-Unis. «J'aime Montréal!» dit-il, et il y habite.

Mais contrairement à des boxeurs comme Lucian Bute et Jean Pascal, St-Pierre ne part pas à l'étranger durant des semaines pour mener ses camps d'entraînement. Ils ont lieu à Montréal, où il fait venir des partenaires d'entraînement du monde entier.

«Moi, je reste ici pour mon camp, j'aime ça ici, je fais tout ici, raconte-t-il. Mais quand le combat arrive, toute la pression me suit. Quand c'est fini, la pression reste encore pendant des mois.»

Le surcroît de pression à la maison provient également d'une spécificité québécoise... le français. Dans la semaine qui précède un combat, l'athlète doit gérer deux exigences diamétralement opposées: celle de rester concentré dans sa bulle et celle de se livrer au jeu de la promotion, d'assister aux conférences de presse et de répondre aux questions, disons-le, parfois redondantes des médias.

«Lorsque j'ai un combat ici, je suis obligé de faire la promotion en anglais et en français, donc deux fois plus que mon adversaire», lance St-Pierre, qui n'aura pas cette double tâche à Las Vegas.

La pression de se battre chez lui, St-Pierre ne la connaît que depuis quelques années. Un seul de ses 16 premiers combats à l'UFC a eu lieu à Montréal. Mais trois de ses quatre derniers duels se sont déroulés au Centre Bell, dont les deux derniers.

Le retour à Vegas, son autre maison en quelque sorte, va permettre à St-Pierre d'en avoir un peu moins sur les épaules le 16 novembre. Lorsqu'on demande au champion des poids moyens (170 lb) de l'UFC si le public montréalais pourra le revoir en action avant la retraite, St-Pierre hésite, comme s'il ne voulait pas trop en dire sur son plan de carrière. «J'espère que oui. J'aimerais ça me battre à nouveau à Montréal, c'est sûr.»