David Lemieux a une façon bien spéciale de serrer la main. Le boxeur rabat son majeur, son annulaire et son auriculaire dans sa paume. Sa poigne prend la forme qu'aurait la main d'un gamin qui mime un pistolet.

La poignée est un peu inconfortable. Mais Lemieux n'a pas la choix: une série d'incidents à sa main droite le contraignent aux plus méticuleuses précautions.

«Des fois, je tombe sur des gars qui me serrent la main comme un étau. C'est à se demander ce qu'ils veulent prouver... En tout cas, je ne veux prendre aucun risque», a expliqué Lemieux hier, au moment de serrer la main à l'auteur de ces lignes.

Après plus de cinq mois d'inactivité suite à une deuxième blessure à la droite, Lemieux (28-2, 27 K.-O.) va remonter sur le ring le 8 juin. Son adversaire, le Polonais Robert Swierzbinski (11-1, 3 K.-O.), n'est pas une grande menace. «Ce n'est pas Sergio Martinez, c'est certain. Mais je ne prends personne à la légère», note le boxeur qui a terminé ses trois derniers combats en moins de trois rounds.

Car plus qu'une défaite, Lemieux a surtout une autre blessure à craindre. Son combat de retour vient conclure de longs mois de réadaptation. Lemieux est le mieux placé pour le savoir: les blessures à la main guérissent difficilement chez les boxeurs.

«On a deux mains et ce sont nos deux outils de travail. Je sais qu'une blessure à la main va toujours me guetter. C'est le lot des cogneurs. Des fois je me dis que je frappe trop fort, pour mon propre bien.»

Lemieux compatit d'ailleurs avec Lucian Bute, forcé de repousser son combat contre Jean Pascal à la suite d'une blessure à la main gauche. «C'est dommage parce que c'est un combat qui aurait été payant pour GYM et que les amateurs voulaient voir, dit-il. Mais les fans doivent être patients. Un boxeur ne peut pas monter sur un ring avec une seule main. C'est impossible.»