On disait que Floyd Mayweather s'était fait toucher comme jamais à son dernier combat. On disait qu'il n'avait pas boxé depuis un an et revenait de deux mois de prison. Son adversaire Robert Guerrero promettait de lui infliger sa première défaite en carrière, de le rudoyer, de le sortir de sa zone de confort.

On disait bien des choses, mais Floyd Mayweather est Floyd Mayweather: un boxeur dans une classe à part, l'étalon-mesure de l'excellence en boxe. Il l'a démontré de nouveau, pour une 44e fois d'affilée, samedi soir au MGM Grand de Las Vegas, en remportant une victoire par décision.

Son adversaire avait beau être donné perdant à sept contre un, plusieurs pensaient que Guerrero (31-2-1, 18 K.-O.) pourrait causer la surprise. Mayweather a 36 ans et n'a plus la vitesse qu'il avait lorsqu'il a défait Oscar De La Hoya ou Ricky Hatton. Il a paru vulnérable à son dernier combat contre Miguel Cotto. Une surprise n'était pas impossible.

Mais Mayweather (44-0, 26 K.-O.) a dominé l'engagement de bout en bout. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: Guerrero a lancé 581 coups et seuls 113 d'entre eux ont touché pour une misérable efficacité de 19%. Mayweather a fait mouche 195 fois sur 476 tentatives, pour une efficacité de 41%.

Le champion, comme en font foi ces chiffres, sait encore faire ce qu'il fait de mieux: frapper sans être frappé. Il a expliqué après le combat que le fait d'avoir renoué les liens avec son père lui a permis de peaufiner sa défense.

Boxer avec intelligence

«J'ai réalisé après le combat contre Cotto que je me faisais trop toucher, a-t-il dit à propos de sa victoire par décision unanime de mai 2012. Je savais que mon père pourrait m'aider à moins me faire toucher. Il m'a dit de me fier à ma défense, de boxer intelligemment.»

«Tout le monde disait qu'à 36 ans, j'étais moins tranchant après le combat contre Cotto, mais Cotto est un futur membre du Temple de la renommée de la boxe! J'ai cherché le K.-O. ce soir, a continué Mayweather, retournant à Guerrero. Mais je me suis blessé à la main droite au milieu du combat.»

Sa victoire par décision unanime est plus décisive que les trois cartes de 117-111 ne le suggèrent. Elle a été totale, même si, comme à son habitude, le champion WBC des mi-moyens (147 lb) n'a jamais vraiment tenté d'arrêter son adversaire.

Il a pincé durement Guerrero au huitième, mais n'a pas foncé. Mayweather préfère subir les huées de la foule plutôt que d'être frappé. «C'est plaaaaatte», se sont mis à crier des spectateurs au 11e round, lorsque, bien en avance au pointage, le champion a embarqué sur sa bicyclette.

«Il évitait mes coups de justesse. Je l'ai touché quelques fois, mais Floyd est un grand boxeur. Il a une superbe défense, il est rapide, il est agile, a constaté Robert Guerrero. Il a été un peu meilleur que ce à quoi je m'attendais!»

Floyd Mayweather espère livrer son prochain combat au mois de mars. Qui affrontera-t-il maintenant? Saul Alvarez (42-0-1, 30 K.-O.), Danny Garcia (26-0, 16 K.-O.) et Amir Khan (28-3, 19 K.-O.) sont pressentis. Il est difficile de concevoir qu'un de ces trois boxeurs puisse surprendre Mayweather.

«Je ne sais pas qui je vais affronter. Laissez-moi retourner à la maison me reposer, a-t-il demandé aux journalistes. Ce soir, j'ai livré une bonne bataille à Robert Guerrero.»