Dans la cage, il traque ses adversaires, les insulte, n'hésite pas à leur envoyer des claques. Non, Nick Diaz n'a pas fini son travail de sape. Il vient en fait de commencer.

Nick Diaz a fait son numéro toute la semaine. Il a accusé Georges St-Pierre de dopage. Il a monopolisé une conférence de presse en déversant son fiel. Il en a manqué une autre parce qu'il préférait se reposer. Et hier, il en a remis une couche en tentant de faire perdre la tête au champion de l'UFC durant le traditionnel face-à-face d'après pesée.

Mais Nick Diaz (26-8) n'a pas fini de chercher à «entrer dans la tête» de St-Pierre (23-2). Il ne vient en fait que de commencer. Lorsqu'il va fouler l'octogone vers 23h, avec le Québécois devant lui et un arbitre entre eux, Diaz va poursuivre son travail de sape. Car Nick Diaz parle tout le temps et même pendant les combats.

Carlos Condit se rappelle leur affrontement du 4 février 2012. Diaz lui a adressé la parole à environ cinq reprises, une rareté dans les sports de combat, où les athlètes restent généralement silencieux. Alors que Condit envoyait un superbe coup de poing retourné - le corps tourne comme une toupie et le poing frappe avec le dos de la main -, Diaz a lâché: «alors, c'est quoi, on lance ce genre de merdes tournantes, maintenant?»

«Il voulait beaucoup parler», se rappelle Carlos Condit, qui a remporté la victoire ce soir-là, méritant un combat de championnat qu'il a perdu en novembre dernier contre St-Pierre.

Diaz n'hésite pas à insulter ses adversaires avec un répertoire bien garni de mots vulgaires. Il adore reprocher à son vis-à-vis sa façon de combattre. Lui aime rester debout et lancer des coups de poing. Beaucoup de coups de poing. Déjà, il a critiqué St-Pierre pour son style selon lui trop axé sur la lutte. La stratégie de Diaz consiste à en appeler à l'orgueil macho de son adversaire, de lui faire oublier son plan de match et de l'attirer dans un piège. Lorsque ça ne fonctionne pas, il n'hésite pas non plus à envoyer des claques au visage de ses adversaires.

«Si Diaz veut faire un combat debout, je suis prêt», a expliqué St-Pierre à La Presse. Il s'est d'ailleurs entraîné avec Lucian Bute justement dans cette éventualité. «Si je peux prendre les coups de Lucian, je peux prendre ceux de Diaz.»

Un guerrier qui ne lâche pas

Diaz ne fait pas que parler. Il aime aussi vider ses adversaires avec des attaques incessantes. Ce triathlète amateur est peut-être le premier combattant que St-Pierre affronte qui soit plus en forme que lui. Diaz envoie toujours plus de coups que ses adversaires.

«C'est un dur à cuire. Je l'ai touché avec des bombes et il n'arrêtait pas de revenir sur moi, raconte Condit. Je savais que je devais être fort physiquement et mentalement pour affronter Nick Diaz.»

Le grand patron de l'UFC, Dana White, a beau dire que Diaz «n'est pas un mauvais gars». Il a beau dire «qu'il n'a jamais été dans le trouble de sa vie, n'a aucun casier judiciaire». On a tout de même du mal à croire que Diaz soit un combattant comme les autres à l'UFC.

Dana White a d'ailleurs raconté une vieille histoire qui traduit bien l'état d'esprit de Diaz. C'était en 2006 et le Californien se mesurait à Joe Riggs. Comme avec St-Pierre, Diaz avait dû être séparé de Riggs par Dana White au face-à-face. Après le combat qu'il a perdu, il a été transporté à l'hôpital pour des points de suture. Riggs était là aussi.

«Ils ont recommencé à se battre dans la salle d'urgence. Merde, il y a des gens qui crèvent là-bas, il y a des infirmières, des médecins, a raconté White avec son franc-parler habituel. Et ces deux gars commencent à se battre!»

Nick Diaz est-il un cinglé, un voyou? Ou est-il plutôt un combattant authentique dans un univers sportif aseptisé? Un incompris? Peut-être est-il un peu de tout ça à la fois. Une drôle de bête contre laquelle Georges St-Pierre devra se battre ce soir au Centre Bell. Dans une cage. Pendant 25 longues minutes.