Comme tous les jeunes boxeurs, Kevin Bizier a passé des années à faire ses devoirs. Il s'est frotté à son lot de Mexicains, de Polonais, d'Américains à la fiche dégarnie. Mais le temps est enfin venu de passer aux examens. Le sien aura lieu demain soir au Centre Bell et prendra les airs de Nate Campbell (36-9-1, 26 K.-O.), un ancien champion du monde.

Le boxeur originaire de Québec devait d'abord s'opposer à l'Anglais John O'Donnell (27-2, 11 K.-O.), mais celui-ci s'est retiré du combat à deux semaines d'avis. Le Groupe Yvon Michel a dû agir vite pour trouver un remplaçant pour ce duel présenté sur les ondes du réseau américain ESPN2. Et ma foi, le substitut n'a rien à envier à O'Donnell.

«J'ai appris des choses, au fil de ma carrière, que ce gars-là [Bizier] ne soupçonne pas. J'ai appris à souffrir, à prendre les coups, à repousser mes limites, a lancé Campbell, hier, en conférence de presse. Je suis ici pour montrer tout ça à ce jeune lion. Je n'ai pas peur un seul instant.»

L'Américain de 40 ans a un curriculum vitae enviable: il a détenu trois ceintures de champion du monde chez les poids légers, a affronté Joel Casamayor, Timothy Bradley, Victor Ortiz, Danny Garcia. Le quadra a remporté trois de ses quatre derniers duels et jure qu'il ne ressent aucune pression à l'idée de se battre à Montréal.

«J'ai affronté Danny Garcia à deux semaines d'avis, raconte Campbell. Je suis allé en République Dominicaine à une semaine d'avis et j'ai assommé Victor Manuel Cayo devant ses fans. Je n'ai pas peur de venir à Montréal.»

«Être sur mes gardes»

Kevin Bizier (19-0, 13 K.-O.) sait qu'il devra «faire attention» au vieux routier. «C'est une chance pour moi d'affronter un ancien champion du monde. Mais en même temps, je vais devoir me méfier de tout ce qu'il envoie. Il a de l'expérience et il est dangereux. Je vais être sur mes gardes.»

Bizier va mettre en jeu sa ceinture de champion nord-américain (NABA) des mi-moyens (147 livres). Une victoire sur Campbell, à la télé américaine, représenterait un bon coup de pouce. Le match sera aussi diffusé sur les ondes de TVA Sports plutôt qu'à la télé à la carte. Une façon, selon Yvon Michel, de faire connaître Bizier auprès d'un plus large public.

Inversement, une défaite serait coûteuse pour l'athlète de 28 ans. Bizier ne s'en cache pas. «Si je ne le bats pas, il va y avoir un problème. Je devrai vraiment me poser des questions et retourner à la table à dessin, dit-il. Mais je suis rendu là.»

Alcine s'entraîne lui-même

Joachim Alcine (33-3-1, 19 K.-O.) sera aussi de la partie, demain soir au Centre Bell. Le vétéran de 36 ans revient d'une dure défaite et a un adversaire de circonstance: David Toribio, 19 victoires, 14 défaites.

Alcine va livrer ce combat de retour à 154 livres. Il était à 160 lors de sa défaite contre Matthew Macklin. «C'est un meilleur poids pour moi, je descendrai peut-être même à 147 après», explique Ti-Joa, qui vit maintenant en Californie.

Le Québécois d'origine haïtienne a connu un camp d'entraînement frugal. Son entraîneur, Anthony «Chill» Wilson, établi en Floride, n'a pas pu se déplacer.

«Je me suis entraîné seul, par moi-même. Ça m'a permis de réfléchir à ce qui clochait, explique Alcine. De toute manière, souvent les entraîneurs vous poussent au burnout, au surentraînement. J'ai eu beaucoup de plaisir à m'entraîner par moi-même.»