Carl Froch est un chasseur de Québécois hors pair. Il a déjà sur son mur les scalps de Jean Pascal et de Lucian Bute. Il pourrait maintenant en ajouter un troisième au printemps, puisque le promoteur Yvon Michel a confirmé vendredi que son boxeur Adonis Stevenson avait de grandes chances de monter sur un ring contre l'Anglais.

Comme La Presse l'écrivait vendredi matin, Stevenson (19-1, 16 K.-O.) s'est assuré d'un combat de championnat du monde pour le titre IBF des super-moyens (168 livres) au printemps. Tout laisse croire que le duel aura lieu contre le champion en titre, Carl Froch (30-2, 22 K.-O.), à moins que celui-ci ne décide d'abandonner sa ceinture pour aller chasser du Danois. Du Mikkel Kessler, en l'occurrence.



«J'ai un combat de championnat à mon prochain affrontement et ça c'est une bonne nouvelle», s'est réjoui vendredi Stevenson, qui, à 35 ans, rêve depuis des années d'un duel pour le titre.



Le gaucher de Montréal préférerait-il que Froch abandonne la ceinture? Dans un tel scénario, Stevenson affronterait pour le titre un aspirant potentiellement moins dangereux que le cogneur de Nottingham. «Sincèrement, non. Je veux Froch. Je n'ai pas peur de Carl Froch et son style est taillé sur mesure pour moi, explique Stevenson. Ce n'est pas un gars qui court dans le ring. Il va venir à moi et on va se battre.»



On saura au plus tard à la fin du mois si Stevenson se mesurera à Froch. Les promoteurs des deux boxeurs ont jusqu'au 15 janvier pour déposer chacun leur mise dans le cadre d'une enchère; puis 15 jours de plus pour signer une entente. Selon les règlements de l'IBF, le champion aurait alors jusqu'au 15 avril au plus tard pour affronter Stevenson.



Mais le camp de Froch poursuit des pourparlers avec Kessler et caresse toujours le rêve d'organiser un méga combat au printemps. Les négociations sont cependant ardues selon des sources. S'ils parvenaient à une entente avant fin janvier, Froch pourrait toujours décider d'abandonner la ceinture IBF et se diriger vers ce duel tout européen extrêmement lucratif.



«Mon sentiment actuel, c'est qu'Adonis va affronter Froch au printemps. Je ne pense pas qu'ils vont s'entendre avec Kessler, estime le promoteur Yvon Michel. Mais si c'est le cas, ça ne change rien pour nous et on va se battre au printemps pour la ceinture contre un autre adversaire.»



Si Froch refusait de remplir ses obligations, l'aspirant Edwin Rodriguez (22-0, 15 K.-O.) serait le premier à recevoir une offre de l'IBF pour affronter Stevenson pour le titre vacant, suivi de Lucian Bute (31-1, 24 K.-O.) puis de Thomas Oosthuizen (21-0, 13 K.-O.).



Tout pour un combat au Québec


Le promoteur a encore 10 jours jusqu'à la date limite du 15 janvier pour monter sa proposition. En somme, Michel espère dénicher un important réseau américain prêt à diffuser le combat, remporter les enchères et organiser le duel au Québec.



Le promoteur anglais Eddie Hearn va chercher à réaliser exactement l'inverse. Avec son partenaire Sky Sports, il voudra surenchérir pour s'assurer d'un combat à Nottingham.



«On est en train de parler à tous nos partenaires, note Yvon Michel. Déjà on s'est entretenus avec HBO. Ils seraient potentiellement intéressés à présenter le combat à Montréal, mais nous disent qu'ils n'ont pas de date présentement. Ils ont été pris par surprise par le combat. Mais ils ne ferment pas la porte et on va parler à tous les réseaux américains.»



Dans le cas où ce combat aurait lieu en territoire hostile, Stevenson n'hésiterait pas une seconde à faire le voyage. «Je me fous de la foule, on va être seulement deux dans le ring», dit-il.



Même si tous les analystes négligeraient Stevenson, son promoteur dit croire fermement en ses chances. «Quand Jean (Pascal) est allé là-bas, il était encore très jeune, il n'avait pas beaucoup voyagé encore, rappelle M. Michel. Mais Adonis est plus âgé, a plus d'expérience qu'en avait Jean à l'époque. Et c'est un gros cogneur. Il ne faut pas oublier qu'il aura toujours la possibilité d'arrêter Froch.»



Les six derniers combats d'Adonis Stevenson se sont terminés avant la limite; ils ont duré en moyenne moins de cinq rounds.