Quatre mois après son podium surprise aux Jeux de Londres, le judoka Antoine Valois-Fortier a repris l'entraînement. Et pas à moitié: le Montréalais se trouve depuis dimanche au Japon, berceau du judo, pour un stage intense de deux semaines qui doit culminer par un tournoi à Tokyo.

«On est venus ici parce que dans les derniers mois, après ce qui est arrivé cet été, je me suis moins entraîné que d'habitude, a raconté à La Presse le médaillé de bronze de 22 ans dans un entretien téléphonique. Les Japonais sont parmi les plus forts au monde. Pour devenir le meilleur, il faut s'entraîner avec les meilleurs, il n'y a pas de secret.»

Valois-Fortier a été pris cet automne dans un tourbillon auquel sont habitués les plongeurs, skieurs et autres coqueluches du sport amateur québécois, mais auquel les judokas sont rarement associés. Sa médaille a tout changé et Valois-Fortier a fait une tournée canadienne, plusieurs conférences dans les écoles, a aidé à trouver des commanditaires pour le programme de judo... tout cela en plus de ses études d'éducation physique à l'UQAM.

«Disons que j'ai un peu négligé mon judo. Je suis moins en forme que d'habitude et au Japon, avec le volume d'entraînement intense qu'il y a ici, ça va me permettre de me rattraper», explique Valois-Fortier, qui en est à son troisième stage au pays du Soleil levant.

Le Grand slam de Tokyo, qui a lieu la première fin de semaine de décembre, sera l'occasion pour Valois-Fortier de renouer avec la compétition. Mais ce stage, qui se déroule à l'Université Tokai, vise surtout à amorcer sa préparation en vue des Championnats du monde qui auront lieu au Brésil l'été prochain.

Le Japon change

Le Japon est une destination prisée des judokas québécois depuis des lustres. Patrie du judo, ses entraînements sont réputés intenses. L'entraîneur national Nicolas Gill, qui accompagne au Japon le médaillé olympique et six autres jeunes athlètes, note cependant que les moeurs japonaises se sont adoucies.

«La mentalité japonaise se transforme tranquillement pour se rapprocher un peu de la nôtre, estime Gill. Il y a 20 ans, ils avaient un peu plus l'esprit du samouraï, du guerrier. Il ne fallait jamais abandonner et il ne fallait pas se faire projeter par un Blanc. En général, c'est plus convivial maintenant.»

Ces dernières années, les judokas canadiens se sont davantage entraînés en Europe. Le Japon est moins populaire, même si ses entraînements à la dure ont gardé la cote. «On vient ici car techniquement, les Japonais sont souvent un peu plus coriaces et le volume d'entraînement est beaucoup plus élevé, remarque Gill. Ça permet de travailler différemment et c'est un peu un retour à la base qu'on fait ici.»