Elle a du chien, elle est jolie, mais surtout, elle cogne dur. Ronda Rousey est en train de se faire tout un nom aux Etats-Unis et de créer au passage bien des remous dans le milieu des arts martiaux mixtes. Sa popularité est telle qu'elle vient de faire tomber l'une des dernières forteresses qui résistaient encore aux athlètes féminines: l'Ultimate Fighting Championship (UFC).

Après des jours de rumeurs nourries et de démentis, Rousey a confirmé hier qu'elle était devenue la première athlète de l'UFC. «OK, je l'admets, je suis officiellement une combattante de l'UFC:) Je suis trop excitée! Trop hâte de commencer!» a-t-elle lancé à ses quelque 140 000 abonnés Twitter.

«C'est officiel. Ronda Rousey a signé avec l'UFC. Je n'avais jamais été intéressé auparavant par les femmes dans les arts martiaux mixtes. Mais cette fille est une combattante, une vraie. Et je pense qu'elle sera une grande superstar», a confirmé hier le grand patron de l'organisation, Dana White.

La nouvelle est majeure dans le petit monde des arts martiaux mixtes: depuis sa fondation en 1993, l'UFC avait toujours refusé de présenter des combats entre femmes. Les combattantes devaient se contenter d'évoluer dans des circuits inférieurs. Rousey était jusqu'à maintenant championne de l'organisation Strikeforce.

Pourquoi l'UFC a-t-elle décidé d'ouvrir la porte aux femmes après des années de résistance? L'effet Ronda Rousey, tout simplement. La blonde de 25 ans suscite l'intérêt aux Etats-Unis. Tout comme la star de l'UFC Georges St-Pierre, Rousey attire les regards de médias peu portés vers les arts martiaux mixtes. Elle a notamment fait la une de ESPN Magazine et Sports Illustrated lui a récemment consacré un article fleuve.

Une partie de l'intérêt qu'elle suscite vient de sa qualité d'athlète. Cette médaillée de bronze en judo aux Jeux de Pékin a réussi avec brio son passage au combat ultime. Elle a conclu ses six duels professionnels par de solides clés de bras. La plus résistante de ses adversaires a duré un peu plus de quatre minutes avec elle dans la cage.

«Une bombe»

«Si on m'avait dit il y a encore quelques années que les femmes allaient faire leur entrée dans l'UFC, j'aurais répondu qu'il nous restait bien du travail à faire, admet la Québécoise Ariane Goyette, qui compte commencer chez les pros en 2013 avec l'organisation québécoise Instinct. C'est sûr qu'on avait des filles comme Gina Carano, mais des athlètes complètes à tous les niveaux, il n'y en avait pas. Mais Ronda Rousey est une bombe. Il y a des gars à l'UFC qui ne sont pas à son niveau. C'est vraiment impressionnant.»

Mais l'intérêt suscité par Ronda Rousey dépasse son palmarès. Il y a aussi son histoire. Sa mère, docteure en psychologie et première Américaine de l'histoire à remporter une Coupe du monde de judo, l'a initiée à un bas âge à cet art martial japonais. Son père, ancien militaire reconverti en gestionnaire, s'est suicidé quand Ronda avait 8 ans; atteint d'une maladie incurable, il ne voulait pas que ses filles se souviennent de lui en grand malade.

Lorsqu'elle a remporté sa médaille en 2008 à Pékin, sa mère était dans les gradins: elle agitait le drapeau tricolore qui avait recouvert le cercueil de son défunt mari.

Ronda Rousey a aussi une personnalité mordante. Elle a fait parler d'elle lorsqu'elle a offert à Kim Kardashian de «lui casser la gueule». «Une fille ne devrait pas être célèbre parce qu'elle a fait une vidéo porno». Elle s'en est aussi prise à Michael Phelps qui, selon elle, a exigé une pièce privée lors d'une fête pour les athlètes américains à Pékin: «Allo! On est tes coéquipiers, pas des groupies...»

Convaincre Georges St-Pierre

L'UFC n'a manifestement pas pu résister à cette athlète hors pair qui est aussi un aimant médiatique. On ne sait rien du format que prendra la division féminine de l'UFC, ni qui seront les autres combattantes. «On a quelques idées d'adversaires» pour Ronda, s'est contenté de dire Dana White. Mais chose certaine, Ronda Rousey aura la tâche de convaincre les sceptiques, qui estiment que les arts martiaux mixtes son «trop violents» pour les femmes. Au premier titre, les athlètes masculins eux-mêmes.

«Moi, j'ai de la difficulté à voir les femmes combattre. Ça me fait mal. C'est un sport full contact et ça me fait mal au coeur un peu, a répondu Georges St-Pierre lorsque La Presse lui a demandé son avis sur l'arrivée des femmes à l'UFC. C'est peut-être la façon dont j'ai été élevé, une question de mentalité, peut-être que je suis un peu old-school... Mais j'ai du mal à regarder des femmes combattre.»

«Mais bon, c'est leur choix. Si elles veulent choisir de faire leur vie dans le combat full contact, c'est correct et je respecte ça, a poursuivi le Québécois. Je sais que des filles sont bonnes, je sais que Ronda Rousey est très bonne!»