L'année 2012 aura été un millésime au goût amer pour les boxeurs montréalais. Jean Pascal a reporté son retour de blessure en blessure. Lucian Bute a perdu son titre de manière fracassante en Angleterre. De déboire en défaite, la métropole s'est retrouvée pour la première fois depuis 2007 sans champion du monde.

C'est dans ce contexte plutôt triste qu'Adonis Stevenson (18-1, 15 K.-O.) se prépare à affronter Donovan George (23-2-1, 20 K.-O.) vendredi soir au Centre Bell. L'affiche n'a peut-être pas les allures d'un choc de titans. Elle pourrait toutefois permettre à Stevenson de s'assurer d'un combat de championnat du monde. Et de racheter un peu cette année 2012 si difficile pour la boxe québécoise.

«Dans les cinq dernières années, Lucian Bute et Jean Pascal se sont échangé le titre de boxeur de l'année au Canada, a rappelé mercredi le promoteur Yvon Michel lors d'une conférence de presse destinée à mousser le combat de vendredi. C'est certain que ni l'un ni l'autre ne l'aura cette année. Mais si Adonis gagne ce combat, je pense qu'il méritera ce titre honorifique.»

Preuve que cette année aura été frustre, le choc Stevenson-George est présenté par le promoteur comme le «combat de l'année au pays». Michel a parfois tendance à exagérer, comme tout bon promoteur. Mais force est de constater qu'il a ici raison.

Le combat n'est pas sans charmes. Les deux boxeurs sont des cogneurs. L'Américain a 20 K.-O. en autant de victoires. Stevenson, on le sait, a pris l'habitude dans les derniers mois de finir ses combats dans les premiers rounds. «On parle de lui comme s'il s'agissait de la réincarnation de Mike Tyson!» s'est même récrié mercredi le père et entraîneur de Donovan George.

Mais plus que tout, c'est l'enjeu de ce combat éliminatoire qui est d'intérêt: le gagnant deviendra aspirant obligatoire au titre super-moyen (168 livres) de l'IBF. Ce titre, qui a appartenu pendant près de 5 ans à Lucian Bute, est désormais aux mains de Carl Froch.

«Après cette victoire, je vais affronter les meilleurs», a lancé Stevenson, évoquant Andre Ward et Carl Froch. Le gaucher de Longueuil est largement favori contre l'Américain. À 35 ans, la victoire est pour lui l'unique possibilité. «Il faudra quasiment qu'il change de boulot s'il perd!» a même lancé Michel. Dur, mais vrai.

Feu vert à une revanche Bute-Froch?

Les règles de l'IBF sont strictes: Carl Froch aura jusqu'au 5 février pour se mesurer au gagnant du combat de vendredi soir. Mais Yvon Michel est prêt à lâcher du lest pour permettre un combat revanche entre Carl Froch et Lucian Bute.

Rappelons qu'InterBox s'est assuré par contrat d'un combat revanche contre l'Anglais. Le boxeur d'origine roumaine doit affronter le Russe Denis Grachev le 3 novembre au Centre Bell. On assure qu'en cas de victoire, Bute souhaiterait venger sa défaite contre Froch.

«Le tenant du titre IBF doit affronter l'aspirant avant le 5 février. À moins qu'on s'entende et qu'on accepte de repousser le délai, explique Yvon Michel. Pour une revanche entre Bute et Froch par exemple, je serais ouvert à reporter l'échéance, mais moyennant de bonnes garanties. Par exemple, il faudrait être certain que le gagnant affronte Adonis.»

On mettrait donc la table pour un combat entre Adonis Stevenson et Carl Froch, ou même entre Stevenson et Bute. De quoi vendre des billets comme de petits pains chauds et établir la réputation de Stevenson.

Car pour l'instant, le cogneur reste une bonne marche en dessous de Bute et Pascal en terme de notoriété. Alors que les deux premiers remplissent le Centre Bell, le promoteur espère vendre un peu plus de 4000 billets vendredi.

«Il faut l'admettre, c'est un excellent boxeur, mais pas encore une vedette», dit Michel. Stevenson ne s'en formalise pas. Il sait qu'il n'est pas loin du but. Une victoire vendredi soir l'en rapprocherait un peu plus. Et viendrait mettre un baume sur une année difficile.