Les arts martiaux mixtes (AMM) sont passés, en l'espace de quelques années, d'une relative obscurité au statut de sport-phare de la jeunesse. Ses adeptes aiment répéter qu'il s'agit de la discipline qui connaît la plus grande croissance dans le monde. Tellement qu'aujourd'hui, plusieurs militent pour son inclusion aux Jeux olympiques. Mais ce n'est pas demain la veille qu'on pourra voir un Georges St-Pierre ou un Anderson Silva se battre sous ses couleurs nationales.

Le sport a rappelé son existence aux autorités olympiques le printemps dernier par la création de la Fédération internationale d'AMM. La structure amateur a pour but la normalisation de règlements, l'organisation d'un championnat du monde et, finalement, l'inclusion du sport aux Jeux olympiques.

La Fédération vient rejoindre l'entrepreneur Dana White dans ce lobby incessant auprès des autorités olympiques. Le président de l'Ultimate Fighting Championship (UFC) ne s'en cache pas: l'inclusion des AMM aux Jeux serait «la meilleure chose jamais arrivée à ce sport et à ses athlètes».

«C'est tout à fait logique que les AMM soient aux Jeux. Il s'agit d'un mélange de sports qui sont déjà des sports olympiques, a fait valoir White le printemps dernier au journal anglais The Telegraph, en référence au judo, à la lutte et à la boxe. Mais il n'y aura pas d'arts martiaux mixtes amateurs tant que le Comité [international] olympique ne se rangera pas derrière comme il l'a fait avec la boxe. J'adorerais que ça se produise!»

L'inclusion de ce sport de combat aux Jeux serait sans aucun doute une victoire importante. Dana White pense qu'elle permettrait aux jeunes athlètes de se lancer dans une carrière amateur avant de faire le saut chez les pros.

«Si on regarde la boxe, les gars qui ont réussi à percer et à faire beaucoup d'argent sont ceux qui ont gagné des médailles d'or olympiques, rappelle White, qui a donné son aval et celui de l'UFC à la toute nouvelle Fédération internationale. Le but était de réussir chez les amateurs, de gagner l'or et de passer chez les pros, où le monde entier veut vous voir combattre. C'est comme ça que ç'a toujours fonctionné avec la boxe, et c'est comme ça que ça devrait fonctionner avec les AMM.»

Des embûches à prévoir

Mais il y a loin de l'octogone aux Jeux. Plusieurs embûches se dressent, la première étant la réputation violente du sport. Certains pays l'interdisent encore dans sa forme professionnelle, dont plusieurs États européens. Le défi de la nouvelle Fédération sera donc de faire la promotion d'un sport consensuel capable de recevoir le sceau olympique - un peu comme la boxe amateur l'a fait. Dana White parle par exemple d'interdire les coups de coude, qui ont la fâcheuse tendance de causer des blessures sanguinolentes...

Mais même si le sport parvient à s'exporter avec succès dans le monde amateur, la bataille ne sera pas gagnée. Deux nouveaux sports vont entrer aux Jeux en 2016: le golf et le rugby à sept. «On sera rendu à 28 sports, ce qui est le maximum», rappelle le Canadien Walter Sieber, membre de la commission du programme des Jeux du Comité international olympique (CIO).

Un sport sera exclu des Jeux en 2020, et un autre viendra le remplacer. Mais le CIO a déjà une courte liste de disciplines qui pourraient faire leur entrée olympique dans huit ans - le baseball et la balle molle, le karaté, l'escalade, le squash, l'art martial chinois wushu, les sports sur patins à roulettes (roller sports) et la planche nautique (wakeboard). Les arts martiaux mixtes n'y figurent pas.

Les AMM aux Jeux? Peut-être, mais bien après 2020. Il y aura probablement avant ce jour des championnats du monde amateurs où les combattants représenteront leur pays. Et si Georges St-Pierre se rendait aux Jeux, ce serait probablement en tant qu'entraîneur...