Le soir du 26 mai, lorsqu'il va cheminer vers le ring à Nottingham, Lucian Bute va marcher sur les traces de Jean Pascal. Le boxeur de Laval a en effet perdu un combat par décision unanime contre Carl Froch en décembre 2008. Lui aussi s'était rendu en Angleterre devant «une foule hostile». En entrevue avec La Presse, Pascal offre son analyse du duel, partage ses prédictions et explique pourquoi il ne parierait pas un rond sur ce combat.

Q: Ayant affronté Carl Froch, quel conseil donnerais-tu à Lucian Bute?

R: L'erreur que j'ai commise contre Froch, ç'a été que j'ai boxé à sa façon au lieu de boxer à ma façon. Je suis allé à la guerre. Pour battre Froch, il ne faut pas aller à la guerre. Il faut être technique et tactique. Parce que Froch, lorsqu'il va à la guerre, il est dans son élément.

Q: Bute est justement un boxeur qui peut faire sortir Froch de sa zone de confort.

R: Oui, car Bute est un boxeur très technique et très tactique. Le seul problème, c'est que là, il va être à Nottingham. Nottingham, c'est un peu particulier. C'est une foule avec beaucoup d'enthousiasme, mais aussi une foule très, très hostile qui crée une atmosphère électrisante. Quand Bute va se rendre à l'aréna et qu'il va entendre 10 000 hooligans crier le nom de Froch, il va se rendre compte qu'il n'est pas au Centre Bell. C'est quelque chose de très intimidant si on n'est pas préparé mentalement.

Moi, de mon côté, ça ne m'avait pas affecté parce que j'avais été préparé mentalement. Même les partisans de Froch essayaient d'intimider les 500 partisans que j'avais là-bas. Je lui lève mon chapeau de se déplacer. Ça va être un apprentissage de se battre à l'extérieur, surtout à Nottingham.

Q: T'attends-tu à un combat serré?

R: Ce sera la première fois que Bute aura une foule contre lui. Ce sera la première fois qu'il va boxer dans un combat d'envergure à l'extérieur. Ça va être un beau défi pour Bute. Par contre, il a les outils nécessaires pour battre Froch. Cependant, Froch a aussi les outils nécessaires pour battre Bute. C'est pour ça que ce combat-là va être très intéressant à suivre.

Q: Si tu avais 10$ à miser sur l'un des boxeurs, lequel serait-il?

R: Ne vous inquiétez pas, je ne parierai pas ma Mercedes une deuxième fois (rires). Si on me permettait de gager 10$ sur le combat, sincèrement, je le garderais dans mes poches. C'est très difficile à prévoir. Bute n'a pas l'habitude de se faire frapper fort et si Froch l'atteint solidement, je sais que ça va faire mal. Je sais que ça va faire mal parce que ça m'a fait mal. Je ne peux pas prétendre que je suis meilleur que Lucian Bute. Mais, ce que je sais, c'est que je suis plus fort physiquement et plus solide que lui. Cela étant dit, je souhaite la meilleure des chances à Lucian Bute. Je me range derrière lui comme tous les Québécois et j'espère qu'il va revenir au Québec avec la ceinture le 27 mai (la ceinture IBF des super-moyens, que Bute détient et qu'il mettra en jeu, NDLR).

Q: Penses-tu que Froch a beaucoup changé depuis votre combat de 2008?

R: Pendant deux ans, Carl Froch s'est frotté aux meilleurs de sa division: Andre Ward, Arthur Abraham, Andre Dirrell, Mikkel Kessler. Pendant ce temps, Lucian Bute restait sur les lignes de côté. Alors Bute est tout frais tandis que Froch est un boxeur usé par les guerres qu'il a livrées. Ce ne sera pas le même Carl Froch que celui qu'on a vu contre moi en 2008. Il était encore jeune, il voulait la ceinture, il était affamé. Il est encore affamé, mais la boxe use le corps, veux, veux pas.

Q: Auras-tu l'occasion d'aller sur place voir le combat?

R: Je pensais y aller, mais je crois devoir boxer au début du mois de juin. Mais si je me bats au début du mois de mai, c'est sûr que je vais y aller.

Q: Tu t'es blessé à l'épaule droite en jouant au hockey. La guérison va bien?

R: L'épaule va bien. Le physio me dit que normalement, mon ligament sera rétabli à 100% la semaine prochaine. J'ai déjà repris la course et dès la semaine prochaine je reprends l'entraînement de boxe.