Adonis Stevenson a l'oeil sur la ceinture de champion du monde de l'IBF qui entoure actuellement la taille de Lucian Bute. Le boxeur montréalais pourrait devenir dès cette année aspirant obligatoire au titre et s'est adjoint les services d'une légende de la boxe pour y parvenir: Emanuel Steward.

Veston marron, mouchoir noir à la poitrine, Rolex au poignet. Emanuel Steward avait des airs de vieux crooner, mardi. Dans la foule présente à la conférence de presse du Groupe Yvon Michel, l'entraîneur et analyste de HBO détonait.

«J'ai 67 ans et je ne m'encombre pas de boxeurs auxquels je ne crois pas, a raconté l'entraîneur d'une voix faible, à peine audible. Mais quand j'ai vu Adonis Stevenson boxer, j'ai tout de suite su qu'il avait le nécessaire.»

Le promoteur Yvon Michel avait convié les journalistes pour parler du prochain combat de Stevenson, qui aura lieu le 18 février au Centre Bell. Il affrontera à cette occasion le gaucher Jesus Gonzales (27-1, 14 K.-O.). Le gagnant sera classé deuxième aspirant au titre des super-moyens (168 livres) de l'IBF.

Il est trop tôt pour spéculer sur la suite des choses. Non seulement le combat n'est pas gagné, mais on ignore également si Lucian Bute sera encore champion IBF dans les prochains mois. Le Québécois d'origine roumaine pourrait très bien décider de refuser une défense obligatoire et de sacrifier sa ceinture pour livrer des combats plus payants.

En attendant ce jour, Adonis Stevenson (16-1, 13 K.-O.) peut revendiquer une victoire: celle d'avoir convaincu Steward de le prendre sous son aile. Comment y est-il parvenu?

Dans les premiers jours de janvier, Stevenson a pris un avion pour Detroit. Il avait en tête de débarquer au légendaire Kronk Gym. Cet antre de la boxe géré par Steward est connu comme le berceau de Thomas Hearns. Un lieu légendaire.

Steward a aimé ce qu'il a vu

Le Montréalais avait parlé à Steward avant de partir. Le vieux routier ne lui avait fait aucune promesse. «Viens-t-en et on verra», lui avait-il répondu.

Emanuel Steward a aimé ce qu'il a vu. «Il est précis, puissant et rapide, énumère-t-il en parlant de Stevenson. Il a fait tout un tabac dans mon gymnase. J'ai tout de suite appelé Yvon [Michel] pour lui dire que je voulais travailler avec lui.»

Pendant plus de deux semaines, Adonis Stevenson a enchaîné les partenaires d'entraînement au Kronk Gym. «J'ai mis les gants avec cinq gauchers alors qu'à Montréal, j'ai même de la misère à trouver des droitiers!», explique-t-il.

Steward l'a fait loger chez un ami. Stevenson n'a rien vu de Detroit. «Je dormais, je mangeais, je m'entraînais.» Les deux ont souvent discuté de leur sport. «Il me parlait des vieux boxeurs et j'ai compris que ce gars-là était un historien de la boxe», dit Steward.

Le 18 février au soir, l'entraîneur mythique sera dans le coin du Montréalais. Il dit avoir hâte de venir à Montréal dans l'équipe d'un boxeur local. Il y était en tant qu'entraîneur de Chad Dawson lors de sa défaite contre Jean Pascal. «Je vais enfin être du côté des bons gars!», blague Steward.

Puis, le vétéran s'est lancé dans un plaidoyer qui aurait pu être commandité par Tourisme Montréal s'il n'avait été si sincère: la métropole québécoise est une «vraie ville de boxe», où les fans s'y connaissent et où l'esprit du sport vit encore.

«C'est un gentleman», nous dira plus tard Stevenson. On le croit.

Le français d'Alvarez

L'espoir colombien Eleider Alvarez (7-0, 5 K.-O.) se battra aussi le 18 février. Au Québec depuis 2009, Alvarez a pris l'assistance par surprise en faisant une allocution en français.

«Je promets en 2012 d'améliorer mon français et de donner un bon spectacle dans le ring, comme toujours», s'est aventuré le boxeur qui suit des cours de français lorsqu'il n'est pas au gym.