Dans le club de boxe de Gleason's Gym, sous le pont de Brooklyn à New York, Mohamed Ali, qui fête mardi ses 70 ans, reste l'inoubliable champion, vénéré par les hommes et femmes qui viennent s'y adonner avec passion à leur sport préféré.

La salle est au premier étage d'un bâtiment ordinaire, dans ce quartier populaire du sud-est de New York. Mais dès la porte franchie, on y plonge dans l'univers de la boxe. Les murs y sont couverts d'affiches d'anciens champions de boxe, la salle abrite quatre rings, des sacs d'entraînement, des tapis de course.

On y voit partout des images de Mohamed Ali, considéré par beaucoup comme le plus grand boxeur de tous les temps. Et le propriétaire des lieux, Bruce Silverglade, raconte avec fierté le lien qui unit Gleason's Gym au champion.

«C'est là qu'il est venu s'entraîner pour le combat qui a stupéfait le monde», raconte-t-il à l'AFP, en évoquant le combat en 1964 entre Ali (né Cassius Marcellus Clay le 17 janvier 1942 à Louisville, Kentucky), et le champion du monde en titre dans la catégorie poids lourds Sonny Liston.

C'est lors de ce combat qu'il commence à forger sa légende, l'emportant à la surprise générale contre le tenant du titre, en six rounds.





Admiration et respect

Bruce Silverglade, 75 ans, se souvient comme si c'était hier de «cette grande année». «C'était un combat très attendu. Il était opposé à Sonny Liston, qui était quelqu'un de très féroce, très craint sur le ring. Et voilà qu'arrive ce jeune Ali, qui récitait de la poésie, qui criait contre tout le monde. Tout le monde voulait voir le match».

Plus tard dans sa carrière, Siverglade aura l'occasion de rencontrer Ali à plusieurs reprises, et à l'admiration pour le boxeur s'est ajouté le respect pour l'homme, qui souffre depuis 1982 de la maladie de Parkinson.

«Ali est différent. Il était connu dans le monde entier. Et tout en étant l'homme le plus connu du monde, il a continué à rester l'homme bon qu'il a toujours été. Quand il venait à Gleason's Gym, il prenait le temps de parler avec tout le monde, de serrer la main des gens», ajoute M. Silverglade.

Le gymnase compte actuellement quelque 1.050 membres, dont 450 boxeurs amateurs. Parmi les 600 autres, 320 sont des femmes.

Ali «est venu ici plusieurs fois», raconte à l'AFP l'entraîneur panaméen Hector Roca, 73 ans, autre mythe du monde de la boxe.

«Même malade, dit-il, «il reste une personne bien, un très grand».

Hector Roca a entraîné 19 champions du monde et avait notamment été le coach de l'actrice Hilary Swank pour le film «Million Dollar Baby» de Clint Eastwood, tourné dans les murs en 2004.

Noms célèbres

Ce week-end il enseignait les premiers rudiments de la boxe à Joseph McCurdy, 10 ans, qui vient s'entraîner une fois par semaine avec sa mère.

«C'est vraiment bien d'être ici. J'aimerais être un champion. Hector est très gentil avec moi», explique le petit élève lors d'une pause.

Non loin de lui, Don Aragon, 32 ans, apprend à boxer depuis l'an dernier. Il dit avoir «beaucoup de respect pour Ali», un boxeur «très combatif».

«Je ne connaissais pas l'histoire du gymnase quand j'ai commencé ici.  Et puis j'ai vu tous ces noms» célèbres. «C'est impressionnant», dit cet habitant de Long Island, qui travaille dans le secteur bancaire.

Car Ali n'est pas le seul à s'être entraîné au Gleason's Gym: Jack LaMotta, Wilfred Benitez, Pipino Cuevas, Roberto Duran, Julio César Chavez, Larry Holmes, Michael Spinks, Thomas Hearns et Mike Tyson, sont tous un jour passés par là. Au total, une liste de 131 champions.

Le gymnase avait été créé dans le quartier du Bronx en 1937 par un boxeur italien qui avait changé son nom de Peter Robert Gagliardi en Bobby Gleason pour attirer les New-Yorkais d'origine irlandaise. Le gymnase a ensuite déménagé à Manhattan en 1974, puis en 1984 à Brooklyn, après son rachat par Bruce Silverglade.

Outre «Million Dollar Baby», c'est là qu'a été tourné «Raging Bull» en 1980, qui a valu à Robert de Niro un Oscar pour son rôle de Jake LaMotta.

Photo AFP

Le célèbre gymnase de New York.