Jean Pascal n'a pas reculé devant les menaces de poursuite en justice de Bernard Hopkins, mercredi, pas plus qu'il ne le fera devant les coups de poings de l'Américain de Philadelphie, lors du combat revanche du 21 mai prochain au Centre Bell.

Le boxeur lavallois, champion du monde WBC des mi-lourds, a expliqué lors d'une conférence téléphonique, mercredi, qu'il n'a jamais directement accusé Hopkins de dopage. Il a précisé qu'il ne croyait pas que Hopkins trichait, mais qu'en invitant celui-ci à subir des tests antidopage poussés, lors d'une conférence de presse tenue au mois de mars dernier, il cherchait simplement à prouver aux amateurs de sport du Québec que la boxe était un sport propre.

«Si Barack Obama peut présenter son certificat de naissance pour montrer qu'il est bien né aux États-Unis, pourquoi Hopkins ne peut-il pas subir un simple test?, a lancé Pascal au début de la téléconférence organisée à l'intention de la presse internationale - et des journalistes américains en particulier, sympathiques à la cause de Hopkins.

«S'il tient à me poursuivre, je vais déposer une plainte auprès de la police parce que lui, il a menacé de me tuer.»

Loin de se rétracter, donc, Pascal s'est même dit surpris que Hopkins soit encore offusqué par ses propos. Il a noté qu'un boxeur qui n'a rien à se reprocher serait demeuré serein face à de telles déclarations.

«Moi, je suis prêt à subir des tests n'importe quand, n'importe où», a lancé Pascal.

Lors d'une téléconférence organisée mardi, Hopkins avait laissé entendre de manière à peine voilée qu'il poursuivrait Pascal pour diffammation après le combat de la semaine prochaine.

Yvon Michel, le promoteur de Pascal, a indiqué ne pas se préoccuper des menaces de l'Américain de 46 ans. Lors d'un entretien avec La Presse Canadienne, après la conférence téléphonique, il a indiqué qu'il n'a même pas cherché à consulter ses avocats pour s'assurer qu'il était à l'abri d'une poursuite.

Michel a par ailleurs expliqué, pendant la téléconférence de mercredi, que la question du dopage est importante aux yeux de Pascal. Parce qu'en plus de devenir un des plus grands champions de l'histoire, il vise d'être un modèle pour la jeunesse. À cet égard, l'athlète de 28 ans veut faire bouger les choses afin que la boxe montre hors de tout doute qu'elle est un sport sans reproche.

«Jean croit sincèrement que les tests qui sont actuellement effectués dans la boxe sont désuets et qu'il faut changer ça, a noté le promoteur québécois. Qu'il faut s'aligner avec ceux qu'on exige des jeunes athlètes qui acceptent de représenter leur pays simplement pour l'honneur, c'est-à-dire aux Jeux olympiques.»

«Si Hopkins est une légende comme il dit l'être, il devrait donner l'exemple et subir des tests. Sinon, je suis prêt à prendre le flambeau à sa place», a lancé Pascal.

Michel a par ailleurs expliqué qu'il n'a jamais eu l'occasion de faire inscrire, au contrat entre les parties, une clause exigeant que des tests plus poussés soient effectués.

«Jean nous en avait parlé, mais seulement après le premier combat, puis il était déjà trop tard pour le deuxième combat, parce que c'est un affrontement que le WBC nous a forcés d'accepter. On n'avait aucun pouvoir de négociation», a indiqué Michel.

Une haine authentique

Pascal a par ailleurs expliqué que les multiples prises de bec entre Hopkins et lui, ces derniers mois, ont été tout à fait authentiques.

«Ce n'est pas pour le «show'. Je ne l'aime pas et il ne m'aime pas. Heureusement, on se trouve dans un sport de combat et on va pouvoir régler ça aux poings», a-t-il affirmé.

Malgré cette haine naturelle, Pascal a estimé qu'il ne prendra pas plus de risques que d'habitude pour tenter d'achever Hopkins avant la fin.

«Je suis déjà un boxeur qui aime prendre des risques. Ce n'est rien de nouveau. C'est pour ça que les gens aiment me voir boxer. J'aime mieux être comme ça que de préconiser un style de boxe ennuyant, axé sur la défensive, comme Hopkins le fait.»

Hopkins n'est pas le premier adversaire qui fait l'objet des envolées oratoires spectaculaires de Pascal. Mais il est peut-être le premier qui est en mesure de lui répondre du tac au tac. Le boxeur lavallois se dit à l'aise dans ce contexte.

«Je dis toujours ce que je pense, je ne crains pas de dire tout haut ce que d'autres disent tout bas, a avancé Pascal. Je préfère qu'on me déteste pour ce que je suis, plutôt que de voir les gens m'aimer pour ce que je ne suis pas.»

Michel respecte la façon de faire de Pascal.

«Il est conscient que, parfois, il va trop loin. En revanche, lors des combats où il n'a rien dit, des gens affirmaient que c'était parce qu'il était intimidé, alors... C'est sa façon de faire et il boxe de la même façon», a déclaré le promoteur après la téléconférence.

Mystère...

Pascal s'est fait mystérieux lorsqu'on l'a invité à expliquer quelle approche il allait adopter face à Hopkins, le 21 mai. On sait qu'il a commencé en force lors du premier duel du 18 décembre dernier à Québec, pour ensuite connaître une baisse de régime et récolter une nulle majoritaire qui lui a permis de conserver son titre de peine et de misère.

«Au camp qui a précédé le premier combat, on avait essayé de nouvelles méthodes d'entraînement qui n'ont pas été aussi efficaces qu'on l'espérait. Mais là, on va revenir à la bonne vieille recette», a-t-il seulement révélé.

Pour le reste, Pascal s'est contenté de dire: «Attendez de voir le 21 mai. Vous aurez alors toutes les réponses à vos questions.»

Michel a indiqué que 13 000 billets avaient déjà été vendus en vue du gala, qui comprendra neuf combats. Il a dit s'attendre à une foule d'un peu plus de 17 000 personnes.