Ganté de jaune, le Philippin Manny Pacquiao devrait logiquement faire voir des étoiles à l'Américain Shane Mosley samedi à Las Vegas et prolonger son règne de meilleur boxeur de la planète toute catégories confondues, même si son vrai combat est ailleurs.

Pacquiao met en jeu son titre WBO des welters sur un ring dont il se servira pour mettre en valeur son cheval de bataille de parlementaire.

«Enfant, je me suis battu pour trouver à manger et aujourd'hui, le plus grand combat de ma vie ce n'est pas sur le ring que je le livre mais dans mon pays, que je veux débarrasser de la pauvreté, explique-t-il. Je porterai des gants jaune pour symboliser l'unité derrière cette cause.»

Le gamin affamé des rues de General Santos City devenu en 2010 membre de la chambre des Représentants aux Philippines, élu de la province de Sarangani (sud), fait son retour à Las Vegas, la capitale mondiale de la boxe, après deux combats organisés à Dallas l'an passé.

Pacquiao, 32 ans, huit fois sacré champion dans huit catégories de poids différentes (certains titres dans des Fédérations mineures), n'a plus perdu depuis six ans et reste sur 13 victoires d'affilée contre des boxeurs renommés comme Oscar de la Hoya, Ricky Hatton, Miguel Cotto ou Juan Manuel Marquez.

Il s'avance en grand favori même s'il rend plusieurs centimètres de taille (9) et d'allonge (19) à son adversaire californien, certes plus vieux de 7 ans.

«Je ne suis pas favori, ce n'est pas grave, a réagi Mosley. On en reparlera après le combat car je suis concentré sur la victoire.»

Fan de karaoké

Mais le suspense est ailleurs. A savoir: Pacquiao va-t-il infliger le premier KO de sa carrière à «Sugar» Shane Mosley, un excellent technicien jamais compté jusqu'à dix ni arrêté par l'arbitre en 18 ans de carrière ?

Le boxeur de Los Angeles affiche 46 victoires (39 avant la limite) en 53 combats dans une carrière ponctuée de quatre ceintures mondiales mais a perdu deux fois (contre le Portoricain Miguel Cotto en 2007 et contre son compatriote Floyd Mayweather en 2010) et fait un nul lors de ses cinq derniers combats.

«Je suis à 100% mais je ne sous-estime pas Mosley, prévient Pacquiao, qui affiche 52 victoires (38 avant la limite) en 57 combats. Shane n'est pas vieux. Il bouge comme s'il avait encore 31 ans et il est encore rapide».

L'entraîneur Freddie Roach, qui déplore parfois la mansuétude dont fait preuve Pacquiao envers ses adversaires malgré sa supériorité, assure qu'il a vu son poulain effectuer le meilleur camp d'entraînement de sa carrière.

Ce qui n'a pas empêché le Philippin, fan de karaoké et chanteur à ses heures perdues, de faire des répétitions cette semaine à Las Vegas avec son groupe. Il a en effet prévu de pousser la chansonnette au Mandalay Bay samedi soir après son combat. Ce qui fait un peu grincer des dents dans le camp de Mosley...