Lucian Bute aura pris son temps, il aura été méthodique, mais au final, Jesse Brinkley n'avait aucune chance. Bute, le champion des super-moyens (168 livres) de l'IBF, a finalement descendu son rival d'un coup au corps au neuvième round, vendredi soir au Centre Bell, devant 11 682 fans.

Bute (27-0, 22 K.-O.) a conservé son titre en envoyant l'Américain de 33 ans au tapis à trois reprises, une première fois sur un coup au foie au cinquième round, une deuxième fois au huitième round, et une dernière fois au neuvième round.

Brinkley (35-6), qui saignait abondamment au nez et à l'oeil gauche, est resté au tapis pendant de longues secondes suite au coup décisif. Il s'est relevé péniblement, et a pris la direction de l'hôpital tout de suite après.

La foule, qui avait fait connaître son mécontentement en voyant un Bute peut-être trop passif en début de combat, a finalement explosé lorsque Brinkley est allé au tapis pour une troisième fois. Si Bute avait besoin d'une performance explosive pour se faire remarquer du public américain, il peut certes crier mission accomplie.

«C'était difficile au début, j'avais du mal à trouver mon rythme, a noté le champion après sa victoire. Il a démontré beaucoup de courage, et ça m'a surpris. Je ne pensais pas qu'il allait se relever après la première chute; c'était un coup solide, j'ai senti ma main traverser son corps... C'est un peu comme si j'avais gagné trois fois par K.-O. lors du même combat!»

Stéphane Larouche, l'entraîneur de Bute, a estimé que c'est la bonne forme physique de son poulain qui lui a permis de survivre à Jesse Brinkley. «Lucian s'était entraîné fort, de façon sérieuse, et s'il ne l'avait pas fait, il ne serait plus champion du monde», a-t-il expliqué.

Larouche a aussi reconnu que l'équipe Bute avait passé de longs moments dans le vestiaire à regarder le combat d'Adrian Diaconu face à Omar Sheika, présenté juste avant la grande finale. Cette victoire de Diaconu par décision a fait le bonheur du clan Bute... mais a peut-être aussi nui à sa préparation.

Du reste, Bute, après un lent départ, semblait de plus en plus à l'aise à mesure que le combat avançait. Il a maintes fois fait reculer son rival, qui a toutefois encaissé tous les coups avec courage.

«Après la deuxième chute, il avait le nez cassé, a expliqué le Roumain d'origine. Je l'ai touché solidement avec ma main gauche, mais il s'est relevé. Jesse Brinkley est vraiment un boxeur courageux.»

Lucian Bute va maintenant profiter d'un peu de repos avant de penser à son prochain adversaire. Son équipe a fait savoir vendredi soir que le scénario d'un méga-combat le 19 mars au Centre Bell face à l'Américain Kelly Pavlik, jadis le monarque chez les 160 livres, était le plus probable, comme le rapportait La Presse vendredi.

«Contre Pavlik, manifestement, ce serait toute une bataille», a estimé Stéphane Larouche.

«C'est le combat que veut voir le réseau américain HBO», a pour sa part fait savoir Jean Bédard, le président du groupe InterBox, avant de préciser que Pavlik doit tout d'abord gagner son prochain combat, présenté en novembre au Texas.

Lucian Bute, lui, se balance pas mal de l'identité de son prochain rival.

«Je suis prêt à affronter n'importe qui» a fait savoir le champion, avant de prendre congé sa ceinture dans les mains... et un large sourire accroché au visage.