S'il arrive dans le rôle de négligé - du moins, pour les observateurs du monde de la boxe - Jesse Brinkley ne se sent pas comme tel à un peu plus de 48 heures de son combat de championnat du monde des super moyens de l'IBF face au Montréalais d'adoption Lucian Bute.

Avec une fiche de 35-5-5 et 22 K.-O. ainsi qu'une surprenante victoire face à Curtis Stevens en janvier dernier pour obtenir le droit de se battre contre Bute (26-0-0, 21 K.-O.), Brinkley a bien fait sentir qu'il croyait en ses chances de l'emporter lors de la conférence de presse officielle, tenue mercredi dans un hôtel du Vieux-Montréal.

«Ça ne me dérange pas que les gens pensent que je sois le négligé, a indiqué le très sympathique Brinkley. Je ne me sens jamais comme un négligé. Pour moi, Lucian pourrait bien être le négligé. Ce n'est pas comme si Lucian se trouvait sur un piédestal. Nous sommes deux hommes qui allons s'affronter dans le même ring.

«Je suis quelqu'un de très athlétique, dans tout ce que je fais. J'ai une très bonne coordination. Lucian en aura plein les bras avec moi.»

De son côté, le clan Bute s'est assuré de ne pas prendre le boxeur du Nevada à la légère.

«Brinkley est très dangereux, a indiqué le champion en titre. C'est la chance de sa vie. S'il gagne contre moi vendredi soir, sa vie va changer. Je sais qu'il s'est entraîné fort. Il est en très grande forme physiquement et il va tout donner vendredi.

«Mais moi aussi, de mon côté, je suis prêt. Nous avons passé six semaines en Floride pour s'entraîner. Je suis préparé. Je l'ai pris au sérieux et ça va être tout un spectacle.»

C'est d'ailleurs la grande forme physique de Brinkley qui, selon Stéphane Larouche, l'entraîneur de Bute, lui a permis de triompher de Stevens.

«Stevens est un boxeur plus talentueux que Brinkley, mais le talent diminue avec la fatigue, a expliqué Larouche. Un boxeur moins talentueux aura toujours une chance de l'emporter s'il est en meilleure condition physique qu'un adversaire qui lui est supérieur.

«Quand j'ai su que nous allions devoir affronter Brinkley pour cette défense obligatoire, j'ai dit à Lucian: «Tu dois être en super forme, car ce gars-là va avoir un bon combat'. Et Lucian est en super forme.»

Malgré tout, Brinkley ne voit pas comment ce combat pourrait lui échapper.

«Lucian est un grand champion, mais j'ai tout fait en vue de ce combat. Le fait que Lucian est un gaucher était un cauchemar pour moi il y a trois mois, alors nous avons réuni toute une équipe d'entraîneurs et de partenaires d'entraînement qui m'ont permis de me préparer pour un boxeur du style de Lucian Bute.

«Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir. Je sais que Lucian a une gauche au corps dévastatrice, alors j'ai renforcé toute cette région de mon corps.»

Du côté de Bute, c'est également la force de frappe de Brinkley que l'on redoute.

«Il frappe très fort des deux mains, a indiqué Bute. La clé du succès pour ce combat sera mon jab. Il faut que je le garde à distance. Si mon jab passe, le K.-O. pourrait survenir.»

Bute est prêt pour un combat de 12 rounds, mais il aimerait bien connaître une courte soirée de travail.

«J'aimerais bien que ça soit aussi court que les trois derniers», a-t-il admis, en parlant de ses victoires par arrêt de l'arbitre au troisième ronde contre Edison Miranda, de son K.-O. au quatrième contre Librado Andrade et de sa victoire par arrêt de l'arbitre au quatrième contre Gulgencio Zuniga.

Ni Pascal, ni personne d'autre

Ne parlez pas de Jean Pascal ou de tout autre boxeur que Brinkley au clan de Bute: il ne veut pas en entendre parler.

Autant Bute que Larouche l'ont répété maintes et maintes fois.

«On ne pense qu'à Jesse Brinkley», a martelé Larouche aux journalistes qui espéraient lui faire cracher le morceau.

«Je ne pense pas à autre chose que mon affrontement contre Brinkley», a de son côté répété Bute, à qui on a tenté de faire parler de Pascal ou de ses plans d'avenir. «Je serai prêt pour n'importe qui», s'est-il contenté d'admettre.

Seule exception à la règle: Bute avoue qu'il rêve d'unification et que cette mission pourrait bien s'amorcer en 2011. Il veut aussi être reconnu comme le meilleur boxeur au monde et être admis au Temple de la renommée de la boxe.

«Quand je suis venu ici en 2003, on a établi une stratégie Stéphane et moi. Après quatre ans, je voulais être champion du monde. C'est ce qui s'est produit. J'ai défendu ma ceinture plusieurs fois. On a respecté notre plan et nous sommes arrivés exactement là où on voulait être. On voulait passer à la télévision américaine. Nous avons conclu des ententes avec ESPN et HBO.

«Maintenant, on veut unifier le titre et paver la voie pour le Temple de la renommée. C'est ça, mon objectif.»

Sous-carte relevée

Le gala de boxe de vendredi offrira une sous-carte fort intéressante avec, notamment, la demi-finale opposant Adrian Diaconnu à Omar Sheika.

Les deux boxeurs n'ont plus droit à l'erreur: Diaconu revient après deux défaites subies aux mains de Jean Pascal et Sheika tente de remettre sa carrière sur les rails après avoir subi une défaite par arrêt de l'arbitre face à Roy Jones fils, en mars 2009. S'il a remporté ses trois combats - contre des adversaires de deuxième ordre - par arrêt de l'arbitre depuis, Sheika, qui s'était incliné par décision unanime en combat de championnat face à Éric Lucas en 2002, sait que son retour dans les hautes sphères de la boxe passe absolument par une victoire contre Diaconu.

Outre ce combat, Jo Jo Dan, Benoit Gaudet et Sébastien Gauthier monteront sur le ring. Les quatre derniers combats de la soirée seront d'ailleurs présentés dans 15 pays à travers le monde, dont les États-Unis, la Roumanie et le Japon.