Jadis un boxeur reconnu pour y aller de déclarations à l'emporte-pièce avant un combat, Jean Pascal a refusé de se prêter à une guerre des mots, lundi midi, après un entraînement public tenu par le champion du monde WBC des mi-lourds au Club sportif MAA de Montréal.

Pascal a refusé de répondre du tac au tac aux propos de l'entraîneur de Chad Dawson, qui sera son adversaire samedi soir au Centre Bell. Eddie Mustafa Muhammad a déclaré, samedi dernier, que le boxeur lavallois fabulait s'il croyait pouvoir battre son protégé alors qu'il n'avait même pas réussi à vaincre Carl Froch.

«Je ne peux pas vraiment les blâmer d'avoir confiance en leurs moyens. Ce sont des gens talentueux, a réagi Pascal en parlant du clan de Chad Dawson. Moi, je me concentre sur mon environnement, sur ce que je peux faire, améliorer et contrôler. Et la bouche d'Eddie Mustafa, je ne peux pas la contrôler. Alors ça me passe cent mille pieds au-dessus de la tête.

«Chad Dawson, c'est un boxeur et un homme que je respecte énormément. C'est un homme de famille comme moi. Il a l'air d'être un type bien. Mais sur le ring (samedi), il va essayer de m'enlever mon gagne-pain, alors je ne compte pas lui faire de cadeaux.»

Même si Pascal (25-1-0-, 16 K.-O.) est le champion, Dawson (29-0-0, 17 K.-O.) sera considéré comme le favori par tous ceux qui suivront le combat au sud de la frontière.

Dawson a d'ailleurs été le détenteur du titre WBC des mi-lourds, en 2007 et 2008, jusqu'à ce qu'il choisisse de l'abandonner dans le but de disputer des combats plus lucratifs. Le titre était revenu à Adrian Diaconu, le Montréalais d'origine roumaine associé à InterBox, qui l'a ensuite cédé à Pascal dans un combat de championnat en juin 2009.

Pascal, qui défendra son titre pour la troisième fois, a reconnu lundi que Dawson représentait le plus grand défi de sa carrière. Le Lavallois de 27 ans s'est toutefois dit prêt à relever le défi. Son entraîneur Marc Ramsay a acquiescié.

«Quand on se prépare comme on l'a fait ces derniers mois, il n'y a plus grand-chose qui nous effraie, a noté Ramsay. On a une stratégie très spécifique, on sait comment l'appliquer et à quel moment l'appliquer, on sait que ça va être bien fait... On est vraiment confiant.»

Ramsay a par ailleurs noté que Pascal est maintenant devenu un homme et un boxeur plus facile à gérer. L'entraîneur a aussi reconnu que le passage de la catégorie des super-moyens à celle des mi-lourds, en plus de constituer un raccourci vers un titre mondial, a permis à Pascal d'atteindre un niveau de forme physique exceptionnel.

«Je n'ai jamais été un partisan des grandes diètes, a affirmé Ramsay. On dit souvent en boxe amateur que c'est plus facile de faire le poids chez les professionnels, mais j'ai toujours trouvé que c'était faux. On a 12 rounds de trois minutes à faire, c'est un sport qui est très exigeant. Alors c'est important d'avoir toutes ses réserves d'énergies, et c'est ce qu'oeuvrer chez les mi-lourds nous permet d'avoir.»

L'affrontement sera diffusé sur les ondes de HBO, un réseau dont Dawson est l'une des têtes d'affiche. Une victoire de Pascal lui permettrait donc de se faire remarquer par les instances de la boxe américaine, et de donner un nouvel élan à sa carrière.

«(Dawson) a un contrat avec HBO, il est invaincu, il est considéré comme un pur boxeur, a souligné Yvon Michel, le promoteur de Pascal. Il peut très bien, au niveau talent, être considéré au niveau des Pacquaio, Mayweather et compagnie. (Pour les Américains), ce serait un choc que Jean réussisse à battre Dawson. Et avec ce choc viendrait la découverte d'un boxeur qui vient d'ici. Ce serait vraiment extraordinaire pour (Pascal) et toute la boxe au Québec.»

Fidèle à GYM et au Québec

Jean Pascal a par ailleurs indiqué, lundi, qu'il a récemment signé un nouveau contrat avec le Groupe Yvon Michel, au lieu de tenter l'aventure avec un promoteur étranger plus important, parce qu'il aimait «l'aspect humain» qu'il retrouvait chez GYM.

«Il y a beaucoup de compagnies aux États-Unis auxquelles on peut se joindre, mais avec elles, ce sont strictement les affaires. Avec GYM, c'est une grande famille, c'est comme ma deuxième famille, a-t-il commenté. Aussi, je voulais rester au Québec, parce que je suis un produit «made in Québec' comme on dit. Je suis fier d'être Québécois et je voulais que les amateurs québécois puissent me voir en spectacle le plus souvent possible.»

Pascal a conclu une entente de deux ans, assortie d'une année d'option, qui lui vaudra notamment une bourse d'un million $ lors du combat de samedi.

«Le défi à relever, c'est vraiment ce qui est le plus important. L'argent, c'est secondaire, a souligné le boxeur lavallois. Moi, j'aime la boxe parce que je suis un passionné de la boxe.»