De Lucian Bute à Jean Pascal en passant par Joachim Alcine, l'année 2009 aura été celle où plusieurs têtes d'affiche de la boxe québécoise auront fait taire les doutes.

A commencer par Bute. On le sait, un gros doute a surgi lors de ce fameux combat du 24 octobre 2008 quand le champion IBF des super-moyens s'est écroulé soudainement devant Librado Andrade au 12e round d'un combat qu'il avait dominé jusque-là. Il avait réussi à se relever pour permettre à la cloche de se faire entendre, sauvant ainsi sa peau et obtenant la victoire - une victoire qui a fait l'unanimité chez les juges, mais pas chez les amateurs.

On avait alors cru à un épuisement provoqué par la pugnacité de l'aspirant obligatoire. Ce qu'on a su que récemment, c'est que Bute était loin d'être au sommet de sa forme, sa préparation ayant été affectée par un empoisonnement alimentaire. Ce qui expliquerait pourquoi Bute s'est effondré sans qu'il ne reçoive un coup de poing clair et net d'Andrade.

Quoiqu'il en soit, il y avait doute. Un doute que Bute tenait à faire disparaître au plus vite. Après s'être payé Fulgencio Zuniga en quatre rounds, le 13 mars lors d'une défense optionnelle, le Roumain de 29 ans a décidé de vider la question.

On lui avait proposé un combat d'unification contre Carl Froch, ce qui lui aurait permis de retarder le duel face à Andrade, devenu à nouveau l'aspirant obligatoire dans l'IBF grâce à sa victoire du 4 avril au Centre Bell contre Vitali Tsypko. Mais Bute, autre preuve qu'il est un homme droit, a décidé de prendre le taureau par les cornes.

Ce qu'il aura finalement fait... littéralement, en pulvérisant Andrade en quatre rounds, le 28 novembre dernier à Québec, dans un Colisée Pepsi rempli.

Si jamais certains observateurs - les promoteurs américains de premier ordre, notamment - doutaient que Bute méritait de frayer avec les meilleurs boxeurs de sa catégorie de poids, ce n'est plus le cas. Si bien qu'on pourrait lui ouvrir les portes du Madison Square Garden en 2010.

Pascal, du sérieux

Jean Pascal, lui, a fait taire les mauvaises langues qui laissaient entendre qu'il manquait de sérieux en dehors du ring. Quand on donne une leçon de boxe à un adversaire aussi féroce qu'Adrian Diaconu, tout aussi imparfait soit-il, on mérite de devenir champion WBC des mi-lourds, comme ç'a été le cas le 19 juin.

Puis, quand on l'emporte même si on se déboîte une épaule trois fois, comme on l'a vu le 11 décembre, c'est qu'on mérite le respect. Et c'est signe qu'on y a mis les efforts à l'entraînement depuis plusieurs mois.

Pascal aura d'ailleurs signé pas moins de quatre victoires claires en 2009. Il a disposé de l'Argentin Pablo Daniel Zamora Nievas par K.-O. au cinquième round, le 4 avril au Casino de Montréal, à son premier combat après sa tentative infructueuse contre le champion du monde Carl Froch, fin 2008. Et le boxeur lavallois a vaincu l'Italie Silvio Branco par arrêt de l'arbitre à la 10e reprise, le 25 septembre, à l'occasion de sa première défense optionnelle.

Les retours d'Alcine et Lucas

Ils étaient plusieurs à douter que Joachim Alcine allait revenir à la boxe après avoir perdu son titre WBA des super mi-moyens aux mains de Daniel Santos à l'été 2008. Cela a pris du temps mais ça s'est réalisé le 28 août, alors qu'il a décroché une victoire sans panache contre Eric Mitchell.

Alcine a été plus convaincant le 5 décembre, s'imposant alors par décision unanime face au Français Christophe Canclaux.

Ça été l'envers de la médaille dans le cas d'Eric Lucas, alors qu'ils étaient plusieurs à se douter que le copropriétaire d'InterBox allait effectuer un retour. Il ne s'agissait plus que de savoir à quel moment Stéphan Larouche le laisserait tenter sa chance sans que son patron et ami ne risque de s'ajouter à la déjà trop longue liste de boxeurs vieillissants... et pathétiques.

Lucas a pincé l'Argentin Ramon Pedro Moyano au quatrième round, le 11 décembre, et on peut s'attendre à le voir égayer quelques galas de boxe en 2010.

Un gala douteux

Quand le promoteur de second ordre Alexandre Choko a promis de remplir le Centre Bell avec un combat entre deux champions du monde étrangers, Timothy Bradley et Kendall Holt, ils étaient plusieurs à douter. Ils étaient tellement nombreux, en fait, que Choko a été placé sur la voie d'évitement et qu'InterBox a été appelé à la rescousse.

Ils auront finalement été 7513 spectateurs, le 4 avril au Centre Bell, à assister au combat d'unification des titres WBO et WBC chez les super-légers, une foule somme toute respectable. Celle-ci aura vu un combat principal de grande qualité, en plus d'une demi-finale homérique entre Andrade et Tsypko. Il est toutefois peu probable qu'on répète l'expérience.

Ce gala aura quand même mené à un rapprochement entre les écuries rivales InterBox et GYM. Ce qui a donné les deux combats entre Pascal, un protégé de GYM, et Diaconu, d'InterBox. De quoi faire plaisir aux amateurs qui s'ennuyaient de Régis Lévesque et de ses combats à saveur 100 pour cent locale.

Et les autres

Trois autres boxeurs d'ici ont pris part à un combat de championnat du monde en 2009. Celui qui avait les meilleures chances de l'emporter, Hermann Ngoudjo, s'est fracturé la mâchoire au troisième round d'un affrontement contre le Colombien Juan Urango et mettant à l'enjeu le titre vacant IBF des super-légers. Il s'est courageusement rendu jusqu'au bout, mais s'est incliné par décision unanime.

Benoit Gaudet est allé à Las Vegas, le 2 mai, pour y affronter Humberto Soto, le champion WBC des super-plumes, tandis qu'Olivier Lontchi s'est rendu à Atlantic City, le 27 juin, faire face au champion WBO des super-coqs, le Portoricain Juan Manuel Lopez. Nos deux boxeurs ont été stoppés au neuvième round.