La police brésilienne a arrêté la femme du boxeur montréalais Arturo Gatti, mort samedi matin dans un complexe hôtelier à Porte de Galinhas, dans le nord-est du pays. Elle a été formellement accusée d'avoir assassiné son mari.

L'ex-pugiliste de 37 ans portait des marques de violence au cou et à la tête lorsqu'il a été découvert, gisant en caleçons sur le plancher de l'appartement. Une porte-parole de la police de l'État de Pernambuco a indiqué à l'Associated Press qu'il a été étranglé avec la courroie d'un sac à main, qui a été trouvé souillé de sang sur les lieux du crime.

Amanda Rodrigues, 23 ans, a été arrêtée après que les policiers eurent relevé des contradictions dans son témoignage. La police a noté entre autres qu'elle n'avait pas pu expliquer comment elle avait passé 10 heures dans l'appartement sans se rendre compte que son compagnon était mort.

La jeune femme avait raconté à la police qu'elle avait eu une dispute avec Gatti après le souper vendredi, qu'il l'avait poussée et qu'elle s'était blessée en tombant. Selon ses dires, Gatti était saoul, et quelqu'un se serait introduit dans le condo pour le tuer.

Relation tendue

Ami de longue date de la victime, le promoteur Yvon Michel, président du Groupe GYM, n'est qu'à moitié surpris par la tragédie. La relation tendue qu'entretenait l'ancienne gloire de la boxe avec sa femme d'origine brésilienne était connue depuis longtemps.

«À partir du moment où l'on a appris que ça s'est produit au Brésil, dans son hôtel, et connaissant la relation tumultueuse qu'il avait avec sa femme, ça me surprend et ça ne me surprend pas», a reconnu M. Michel.

Gatti a été trouvé mort samedi matin. Ce jour-là, il devait se rendre en Floride pour assister au mariage de sa soeur.

Il semble que l'ancien champion devait séjourner dans le condo pendant un mois en compagnie de sa conjointe et de son enfant. Ce devait être une seconde lune de miel, rapportent les médias brésiliens. La relation entre les conjoints s'était détériorée au cours des derniers mois. Le couple s'est séparé en décembre dernier, peu après que Mme Rodrigues eut donné naissance à un enfant.

En mars, Gatti est passé au domicile de Mme Rodrigues pour emmener leur fils à l'hôpital. Peu après, elle a appelé la police, affirmant avoir été bousculée. Quelques semaines plus tard, l'ancien boxeur était arrêté dans un bar de Montréal, et accusé de voie de fait simple. Il a été remis en liberté et l'affaire était toujours devant les tribunaux.

«Ça donne un coup, a confié Bernard Barré, qui a entraîné Gatti lorsqu'il était adolescent. Arturo, c'était une super-étoile de la boxe professionnelle et un excellent modèle pour les jeunes boxeurs. Il a montré que ça se pouvait, devenir champion du monde.»

Un grand champion

La boxe a toujours été une affaire de famille pour Arturo Gatti, qui est né en Italie et a grandi à Montréal-Nord. Son père en était mordu et son frère la pratiquait dès son enfance. Il fréquentait les gymnases avant même d'avoir eu 10 ans. Ses entraîneurs gardent le souvenir d'un gamin jovial, enjoué, qui aimait les tours pendables.

Très vite, le jeune prodige décide de faire une carrière de sa passion. À l'âge de 18 ans, il déménage au New Jersey pour rejoindre son frère Joe, qui s'était déjà établi à titre de pugiliste professionnel.

Il pratiquera la boxe professionnelle de 1991 à 2007, et deviendra champion IBF des poids plume en 1995. «C'est le boxeur québécois qui a le plus accompli jusqu'à présent, estime l'entraîneur Stéphan Larouche, qui connaît Gatti depuis sa tendre enfance. On perd notre leader, notre bâtisseur, celui qui a défoncé des portes et ouvert des chemins.»

Surnommé Thunder, Gatti a gagné des milliers d'admirateurs grâce à son style spectaculaire et à ses luttes épiques. Certains de ses affrontements sont considérés comme des incontournables du sport. À preuve, il a participé à quatre duels qui ont été désignés par la suite combats de l'année.

C'est d'ailleurs une légende vivante à Atlantic City, où il a élu domicile pendant toute sa carrière. En 16 ans, Gatti remportera 40 victoires, dont 31 par KO, et subira 9 défaites. Il se frottera en outre à des boxeurs célèbres comme Oscar de la Hoya, en 2001, et Floyd Mayweather Jr, en 2005.»Il a affronté les meilleurs boxeurs de son époque, relate M. Barré. Il n'a jamais refusé un combat et c'était un boxeur spectaculaire.»

Arturo Gatti a pris sa retraite en 2007. Et contrairement à certains boxeurs qui défraient la chronique pour les mauvaises raisons, il n'était pas considéré comme une tête brûlée. Il se consacrait à l'entreprise immobilière qu'il avait fondée avec un ami d'enfance à Montréal.

Ayant amassé plusieurs millions en bourses au cours de sa carrière, il n'avait guère de soucis financiers.

- Avec Associated Press