Jean Pascal a décidé qu'il avait assez parlé cette semaine. Il n'a rien dit aux journalistes après la pesée tenue jeudi après-midi à La Cage aux Sports du Centre Bell. Sauf qu'avant de quitter les lieux, il a parlé très fort avec ses gestes.

Diaconu et Pascal ont tous deux respecté la limite de poids de 175 livres à la veille du combat de championnat du monde des mi-lourds qui sera disputé au Centre Bell. Diaconu, le champion WBC en titre, a présenté un poids de 173 livres et 14 onces. Pascal, l'aspirant, a affiché un poids de 174 livres et 14 onces.

Jusque-là, il s'agissait d'une pesée sans histoire entre deux boxeurs locaux d'écuries rivales - Diaconu étant un protégé d'InterBox et Pascal, du Groupe Yvon Michel..

Mais lors du face-à-face traditionnel, Pascal a appuyé son nez et son front sur le visage de Diaconu, puis poussé dessus comme un bouc pour forcer le champion à reculer. Le Montréalais d'origine roumaine a lâché prise et s'est éloigné sans broncher. Le Lavallois d'origine haïtienne a toutefois continué de fixer son adversaire d'un air de défi, se donnant des airs d'un homme prêt à se battre sur-le-champ et qui dit, 'retenez-moi quelqu'un'.

«Pas grand-chose, a répondu Diaconu lorsqu'on lui a demandé ce qu'il avait vu dans les yeux de son adversaire. Peut-être que sa force m'impressionne. Mais j'ai fait de la boxe toute ma vie, je n'ai aucune raison d'avoir peur de qui que ce soit.»

Pascal a choisi ses gants, puis quitté les lieux sans commenter. Son entraîneur Marc Ramsay a fait savoir que son poulain trouvait qu'il en avait déjà assez dit cette semaine.

Le Lavallois de 26 ans a multiplié les propos et les gestes spectaculaires depuis lundi, affirmant notamment qu'il allait arracher les dents de son adversaire - surnommé le Requin - et qu'il avait davantage l'air d'un champion que le champion lui-même.

Diaconu a toutefois affirmé, jeudi, que ces fanfaronnades n'évoquaient ni colère, ni frustration en lui. Rien que de l'indifférence.

«Je ne déteste pas Jean Pascal, a-t-il affirmé, l'air tout à fait calme. Je suis un boxeur professionnel. Jean est différent de moi, c'est tout. Je devrai disputer un bon combat. J'ai une mission à remplir et je devrai la compléter (vendredi).

«(Vendredi), je vais me battre. Je veux montrer aux gens que je peux boxer. C'est ça la chose la plus importante pour moi. Ça, et prouver aux gens que je mérite le titre de champion du monde.»

Des partisans pour les deux

Au dernier décompte, un peu plus de 10 000 billets avaient été vendus. Jean Bédard, le grand patron d'InterBox, n'en savait pas plus à cause du grand nombre de billets qui avaient été confiés en consignation.

Diaconu est le champion et boxera chez lui. Mais il n'est pas impossible que Pascal, dont les racines locales sont beaucoup plus profondes que celles de son vis-à-vis, compte davantage de partisans dans les gradins du Centre Bell.

Bédard a dit s'attendre à ce que chaque boxeur compte une part «à peu près égale» de partisans.

«Soyez-en sûr, je vais avoir beaucoup de partisans, a assuré Diaconu. Les partisans, c'est bon d'en avoir. Mais ils ne vont pas nous aider durant le combat. Nous devrons sauver notre peau nous-mêmes. Les partisans ne seront pas dans le ring avec nous.

«J'aime ça quand il y a de l'atmosphère, a ajouté le champion de 31 ans. Mais peu importe que ce soit en ma faveur ou non, ça m'est égal.»

Un marché qui change

Il y aura une bonne foule, vendredi, mais les gradins ne seront pas remplis à capacité. Bédard a dit ne pas être déçu par cet état de fait. Il affirme qu'il n'avait pas d'attentes au départ puisque c'est un combat qui met en vedette deux boxeurs qui ne sont pas habituellement pas les têtes d'affiche d'un gala. Contrairement à Lucian Bute, par exemple.

Selon Bédard, il faudra attendre de connaître le décompte final de billets vendus, mais aussi celui des forfaits à la télé payante pour déterminer si le gala a été un succès ou non.

«On s'aperçoit que le marché change, a indiqué Bédard. Les billets autour du ring se vendent toujours bien. Mais ce sont les billets dans les hauteurs qui partent plus lentement.

«Maintenant, quand tu peux regarder un combat sur une télé à haute définition de 50 pouces, les gens préfèrent payer 50 $ pour voir le combat chez eux avec leurs amis, au lieu de se payer un billet à 50 $. Avant, quand tu avais une petite télé ordinaire, c'était le contraire. Ça valait la peine de venir voir un combat en personne.

«Laissez-moi vous dire, pour avoir vu le dernier combat de Lucian Bute en Blu-ray, que la qualité est tellement bonne qu'on a l'impression d'être sur le ring. Il manque juste le sang et les odeurs.

«On a d'ailleurs vu la tendance avec le dernier combat de Lucian. Les ventes aux guichets ont baissé, mais les ventes à la télé payante ont augmenté, a souligné Bédard. Il faut donc s'adapter à ce changement d'habitude. Mais au bout du compte, ce sont les recettes totales, aux guichets et à la télé payante, qui comptent.»