Le monde de la boxe québécoise célèbre peut-être «la grande détente» entre InterBox et GYM depuis quelques semaines. Mais c'est encore la guerre froide au niveau du personnel technique oeuvrant dans l'entourage immédiat des boxeurs.

On l'a constaté, lundi, quand Marc Ramsay, l'entraîneur de Jean Pascal et employé de GYM, n'a pu s'empêcher de décocher une flèche à l'endroit de Stéphan Larouche, directeur des opérations d'InterBox. Et ce, dès les premiers moments du point de presse ayant pour but de mousser le combat de championnat du monde qui opposera Adrian Diaconu, le détenteur de la ceinture, à l'aspirant Pascal, ce vendredi au Centre Bell.

«Quand on tente de parler beaucoup et de déranger l'adversaire, c'est qu'on doute de ses moyens. Ce n'est pas un sentiment que j'ai en ce moment, je n'ai pas besoin de parler en mal de l'autre côté», a commencé par dire Ramsay, avant de poursuivre.

«Il y a des flèches ce matin qui ont été lancées dans un journal montréalais de la part de Stéphan Larouche, a ajouté l'entraîneur de Pascal. Si l'on en croit Stéphan, à toutes les fois que Stéphane Ouellet revenait d'un camp d'entraînement, il était au sommet de sa forme. Alors je prends ses déclarations avec un grain de sel.»

Larouche a déclaré, dans l'édition de lundi de La Presse, que ce n'était pas Pascal qui avait tabassé Diaconu à l'entraînement en 2004, mais bien le contraire.

L'entraîneur-chef des athlètes d'InterBox répondait ainsi aux allusions du clan Pascal avancées lors de la conférence de presse du mois de mai. On avait alors révélé en privé que les entraîneurs de Pascal, pour préparer leur poulain en vue des Jeux olympiques d'Athènes, avaient embauché Adrian Diaconu comme partenaire d'entraînement. Celui-ci avait toutefois été vite remercié parce qu'il n'avait pas été à la hauteur de la tâche face à Pascal.

Ce dernier a soutenu, lors du point de presse de lundi, que c'est bel et bien lui qui a eu le dessus sur Diaconu.

«Ça sent la panique, a lancé Pascal. Pour pouvoir motiver son boxeur, on doit mentir, mentir à son boxeur...

Ça ne sent pas bon, ça sent la soupe chaude.»

Même lorsqu'on lui a fait remarquer que Larouche dirige et a dirigé plusieurs champions du monde, Pascal en a remis.

«Effectivement, les a-t-il formés de A à Z, où les a-t-il seulement peaufinés?», a lancé le boxeur lavallois.

«Je ne veux pas vivre dans le passé, je veux vivre en fonction de l'avenir. On saura dans quatre jours quelle est la vérité», a quant à lui dit Diaconu lorsqu'on lui a demandé quel clan disait vrai.

Selon Pierre Bouchard, l'entraîneur de Diaconu, si son boxeur a dit ne pas vouloir revenir de ce qui s'est passé en 2004, ce n'est pas parce qu'il tente de fuir la vérité. Selon lui, c'est plutôt qu'à l'époque, Pascal l'avait tellement peu impressionné qu'il ne lui est resté que des souvenirs flous de cet épisode.

«Les vraies affaires»

Larouche a réagi à l'attaque verbale de Ramsay avec un sourire en coin.

«Il faut que tu considères que pour Stéphane Ouellet, c'étaient de bons camps d'entraînement, a lancé Larouche. Pour un gars qui n'aime pas s'entraîner, accepter d'aller dans le sud pour un camp, c'est quand même quelque chose.

«Si ça peut leur faire du bien, a ajouté Larouche sur un ton de conciliation, en parlant de la décision de Ramsay de s'en prendre à lui. S'il faut qu'ils frappent sur quelqu'un... Quand tu déranges, c'est un peu normal. Mais j'ai juste dit les vraies affaires.»

S'il y a eu rapprochement entre InterBox et GYM ces derniers mois, c'est en bonne partie parce que Jean Bédard a pris la relève de Larouche du côté de la gestion administrative et promotionnelle chez InterBox. Ce qui a donné lieu à des discussions plus rationnelles. Ce n'était plus possible entre Larouche et Yvon Michel, qui a fondé GYM après avoir quitté InterBox.

Selon Bédard, il ne fallait pas s'attendre à ce que tout le monde au sein des deux organisations n'enterre la hache de guerre du jour au lendemain.

«Nous, on est au-dessus de ça, a dit Bédard de sa relation avec Michel. Mais au niveau du terrain, tu sens qu'il y une rivalité entre les deux groupes. C'est comme la rivalité Canadien-Nordiques.»

Ce qui n'a quand même pas affecté les négociations qui se déroulent au sommet de chacune des deux organisations.

«Pas à date, non», a dit Bédard.

Même après les échanges acerbes de lundi?

«Je ne le sais pas, on va «debriefer', a lancé Bédard en riant. Mais moi je ne les contrôle pas.

Ça faisait longtemps que Stéphan avait des choses à dire, à un moment je lui ai dit, OK, tu peux y aller.»

«Stéphan a dit ce qu'il avait à dire dans les médias, il a défendu son boxeur, a dit Michel d'un ton posé. De notre côté, ce n'est pas venu du niveau de l'organisation. C'est vraiment boxeur contre boxeur, équipe contre équipe. Eux (chez InterBox), ils voulaient mettre les choses au clair concernant ce qui s'était dit, donc ça n'a rien à voir avec les organisations.»