Vous pouvez faire confiance à Timothy Bradley pour mettre du piquant dans une conférence de presse.

Jeudi, au restaurant 9-4-10 du Centre Bell, le champion WBC des super-légers s'est pointé avec, dans sa poche, un petit cadeau pour son adversaire de samedi soir, Kendall Holt: une paire de bretelles. «Tu vas en avoir besoin quand tu vas perdre ta ceinture.»

Assis à sa place, Holt, champion WBO de la catégorie, avait du mal à ne pas pouffer de rire. Il a répliqué en prévenant Bradley de ne pas souper samedi soir. «Car tu vas avoir beaucoup de cuir à manger. Je veux ta ceinture, elle est tellement belle...»

Bref, la table est mise pour le premier combat d'unification de l'histoire tenu à Montréal. Bradley la peste promet une rude bagarre. «Nous sommes les deux meilleurs boxeurs de la division et nous ne voudrons pas baisser les bras ni un ni l'autre. Je sais que Kendall va envoyer beaucoup de coups, mais ce sera à moi d'en envoyer des meilleurs.»

Les deux hommes arrivant à Montréal avec une ceinture, il a fallu tirer au sort pour connaître l'ordre d'entrée sur le ring, le champion ayant le privilège d'apparaître en dernier. Éric Lucas a présidé au tirage, le 25 sous étant remplacé par une rondelle pour l'occasion. Holt a gagné et va rentrer en deuxième sur le ring. «Et tu vas finir deuxième», a lancé Bradley.

Entraîneur chez InterBox, Stéphan Larouche s'attend à un combat très serré. «Mais Bradley est peut-être un peu plus complet. Sur le plan physique, il n'a pas l'air avantagé car il est plus petit, mais si j'avais de l'argent à mettre - et que je n'avais pas peur de le perdre -, je le mettrais sur Bradley.»

Tsypko-Andrade

Larouche va suivre avec beaucoup plus d'attention l'avant-dernier combat, celui opposant Librado Andrade à Vitali Tsypko. Le gagnant devrait affronter Bute, en championnat du monde, à l'automne. «Tsypko est un gaucher, très rapide, avec de bons réflexes, mais il n'est pas très physique et ça risque de faire une différence contre Andrade. J'ai l'impression qu'il va trouver le ring petit. Ses déplacements vont faire - ou défaire - sa soirée.»

Andrade, la nouvelle coqueluche des amateurs de boxe québécois, s'attend à un affrontement bien différent de celui contre Bute. «Vitali ne bouge pas autant que Lucian sur le ring. C'est davantage un cogneur, qui frappe beaucoup. Mais, en même temps, tout le monde sait comment je boxe; il a dû se préparer en conséquence... »

Le monde de la boxe québécoise au grand complet rêve d'un Andrade-Bute, prise deux. Andrade, lui, jure ne pas y penser. Pas encore. «J'ai été blessé souvent dans ma carrière, blessé au coude, aux mains. Je ne peux pas regarder plus loin que mon prochain combat.»

Chose certaine, il aura la foule pour l'appuyer. Andrade est au Québec pour s'entraîner (avec Howard Grant) depuis trois mois et pas un jour ne passe sans qu'on l'arrête dans la rue, qu'on lui demande un autographe. «Je me reconnais dans les gens qui m'arrêtent. Moi aussi j'ai eu un boulot de 9 à 5. Pendant trois ans, j'ai travaillé dans un restaurant Jack-in-the-box.»

Samedi par contre, c'est la star du ring, Librado never stops Andrade que les spectateurs du Centre Bell (on en espère 5000) viendront applaudir.