Prévu pour le 4 avril et présenté comme « le plus important gala international de boxe » à Montréal en près de 30 ans, le combat d'unification entre les super-légers américains Kendall Holt et Timothy Bradley est remis en cause.

L'organisateur ChoKO Boxing n'a pas versé dans les délais impartis une somme de 250 000$ US aux promoteurs des deux boxeurs, a appris La Presse.

C'est ce qu'a indiqué hier Gary Shaw, chef de la direction de Gary Shaw Productions, l'écurie de Tim Bradley (25-2-0), champion du WBC. « Nous présumions qu'il était un gentleman, qu'il avait des fonds et qu'il serait en mesure de présenter le combat », a-t-il dit à propos d'Alexandre Choko, président de ChoKO Boxing.

Selon M. Shaw, il était prévu que ChoKO verse 250 000$ (318 000$ CAN) «au cours des sept à 10 derniers jours». La somme devait être partagée également entre GSP et Top Rank, le promoteur de Kendall Holt (23-0-0), titulaire de la ceinture de la WBO. Elle représentait le montant que ChoKO avait accepté de payer en retour du privilège d'organiser le combat, qui doit avoir lieu au Centre Bell et être présenté en direct aux États-Unis sur la chaîne Showtime.

Les dirigeants de Top Rank, de Gary Shaw Productions et de Groupe Spectacles Gillett, également partenaire dans la présentation du combat, se réuniront aujourd'hui à New York. Ils tenteront de déterminer «si un arrangement peut être trouvé afin de maintenir ce combat de championnat à Montréal», a indiqué le porte-parole de Top Rank, Lee Samuels, dans un courriel envoyé à La Presse.

« Je vais rencontrer les gens et nous saurons d'ici demain si nous avons une entente et si le combat aura lieu ou sera annulé, a ajouté M. Shaw en entrevue téléphonique. S'il n'y a pas d'argent, il n'y a pas de combat. C'est une possibilité, mais j'espère que ce ne sera pas le cas.»

Joint au téléphone, Alexandre Choko a reconnu que l'argent n'avait pas été versé. Le promoteur affirme toutefois qu'il y a une raison. «Il devait y avoir deux combats présentés sur Showtime mais, jeudi dernier, on a découvert que finalement, il n'y en aurait qu'un seul. Mon partenaire, Groupe Spectacles Gillett, a décidé de rouvrir la négociation pour réévaluer le prix», a-t-il déclaré. Choko ne sera pas à la rencontre de New York, car il a, dit-il, une autre réunion relative à la sous-carte du gala du 4 avril.

Le vice-président et directeur général du Groupe Spectacles Gillett, Jacques Aubé, est en vacances à l'extérieur du pays. En son absence, l'organisation a préféré ne pas commenter.

M. Shaw n'a pas voulu spéculer sur la possibilité que le Groupe Gillett cherche à obtenir une réduction du montant des droits du combat. «Je ne sais pas ce qui va se dire lors de la réunion. Si le prix à la baisse est 2000 $, ce n'est pas la même chose que si c'est 150 000 $. Il y a une énorme différence. Ce serait incorrect de ma part de dire que je veux négocier à la baisse. Mais je suis prêt à écouter.»

Ventes difficiles?

Il est toutefois clair qu'Alexandre Choko n'est pas en odeur de sainteté auprès du promoteur américain. «Choko a mis les gens de Montréal et les gens du Centre Bell dans l'embarras, a soutenu M. Shaw. D'où je viens, quand je donne ma parole, je la respecte. J'ai fait de l'argent et j'en ai perdu dans ma vie, mais j'ai toujours respecté ma parole.»

- Et M. Choko ne l'a pas fait dans ce cas-ci? «Correct.»

La participation de ChoKO Boxing, une entreprise créée il y a quelques mois à peine, avait causé une certaine surprise quand le combat Holt-Bradley a été annoncé, le 18 février. Alexandre Choko navigue dans le milieu de la boxe montréalaise depuis le début des années 2000, mais ses activités s'étaient jusqu'ici limitées à des combats entre amateurs dans les bars, à de la boxe féminine et à une douzaine de petits galas, principalement au Club Soda. Des événements beaucoup moins spectaculaires que la soirée du 4 avril, que ChoKO Boxing qualifie de «plus important gala international de boxe» à Montréal depuis le légendaire affrontement entre Sugar Ray Leonard et Roberto Duran, au Stade olympique, en 1980.

En entrevue la semaine dernière, M. Choko s'était dit confiant de remplir le Centre Bell avec une carte qui comprend aussi un affrontement entre l'Ukrainien Vitaly Tsypko (22-2-0) et le Mexicain Librado Andrade (27-2-0), quasi-vainqueur du favori local Lucian Bute, l'automne dernier. Il espérait attirer des spectateurs de tout le nord-est du continent. « Depuis la perte du Grand Prix, c'est le plus gros événement à venir à Montréal en terme de rayonnement. C'est bon pour tout le monde, pour Montréal et tout le Québec. »

Il n'est pas évident que le public partage son enthousiasme. On ignore le nombre de billets écoulés à ce jour, mais une recherche sur la billetterie en ligne du Centre Bell révèle qu'il est encore possible d'obtenir des lots de huit places contiguës dans pratiquement toutes les classes de sièges de l'amphithéâtre, signe que la vente est peut-être plus difficile que ce qu'espérait M. Choko.

Gary Shaw a laissé entendre que cette affaire risquait d'avoir des conséquences sur la réputation de ville de boxe de Montréal. «La prochaine fois que quelqu'un (de Montréal) appellera Showtime - parce que ça s'est fait via Showtime - ou HBO, ils vont regarder ça d'un oeil suspicieux. La structure financière de l'entente serait différente. Je ne pourrais plus faire un deal si l'argent n'a pas été placé dans un compte en fiducie. Je ne le ferais pas. Peu importe qui c'est à Montréal.»