Comment se battre contre un boxeur qui préfère pratiquer ses prises de l'ours plutôt que ses uppercuts?

Antonin Décarie s'est posé la question plusieurs fois, hier, dans son combat contre l'Américain Dorin Spivey (35-5-0, 28 K.-O.). Ce dernier a passé les12 rounds du combat pendu au cou de Décarie. Le Québécois a tout de même réussi à conserver sa ceinture NABO des mi-moyens, par décision unanime.

«C'était frustrant, mais c'est mon erreur, a expliqué Décarie. Ça faisait partie de son plan de match et je n'aurais pas dû me laisser fatiguer par ça. Il connaît tous les trucs du métier. Avec ce combat, j'ai été à l'école.» Le Québécois a sorti tout ce que la boxe compte de coups dans l'espoir d'aller chercher son septième knock-out en carrière. Combinaisons au corps, droites à la tête, crochets de la gauche au menton. Rien à dire sur la technique ni sur la précision, ni même sur l'agilité du Québécois. Mais les coups semblaient manquer de oumpf.

«J'avais de la misère à placer mes coups en explosion, a admis Décarie. Je n'arrivais pas à contrer sa défensive. Je savais qu'il n'était pratiquement jamais tombé par K.-O., mais j'ai été surpris. Il y a quelques coups de la droite qui l'ont fait vaciller sur ses jambes. Je n'ai pas été capable de poursuivre et de l'achever.» Pour la première fois de sa carrière, Décarie se retrouvait sur un grand réseau américain, son combat étant diffusé par ESPN. Il aurait sans doute préféré mieux paraître. Au lieu de cela, il a «appris son métier.» Lemieux: 13 en 13 Le poids moyen David Lemieux a réussi sa mission de la soirée: aller chercher un 13e K.-O. en autant de combats. Sauf que son adversaire, Rogelio Sanchez, avait deux fois son âge et n'avait qu'une seule victoire à ses dix derniers combats.

Le Mexicain de 39 ans, détenteur d'une fiche de 17-20-4, 11 K.-O. a bien essayé d'offrir un peu d'adversité au Montréalais, mais ses coups sortaient au super ralenti avant de s'écraser mollement. Après trois rounds, il en a eu assez et il a décidé d'aller encaisser son chèque plutôt que d'encaisser les coups.

Le Montréalais d'origine française Ali Chebah (28-1-0, 22 K.-O.) est rentré sur le ring vêtu du chandail bleu-blanc-rouge du Canadien. Le champion WBC junior des super légers n'avait pas compris que pour s'attirer les faveurs de la foule, il ne suffit pas de se draper de flanelle rouge. Il faut aussi respecter son adversaire. Surtout quand ce dernier est un Mexicain avec une fiche miteuse (19-21-0, 13 K.-O.), venu jusqu'à Montréal pour servir de faire-valoir au poulain du promoteur local...

Incapable de venir à bout de Cesar Soriano, «L'Ange» a choisi de narguer le Mexicain en faisant tantôt le moulin à vent, tantôt le danseur de valse.

Ridicule. Et gênant, surtout quand les coups sont aussi peu impressionnants.

Le public n'a pas été dupe: Chebah, vainqueur par décision unanime au terme du combat de huit rounds, est sorti sous les huées. Avec son chandail du Tricolore sur le dos.

Dans les autres combats de la soirée, l'Américain Danny O'Connor (2-0-0, 1K.-O.) a vaincu par décision l'Ontarien Greg Jimenez, qui effectuait hier son premier combat professionnel chez les pros. Chez les lourds légers, le Polonais Lukasz Pawel Janik (11-0-0, 5 K.-O.) a vaincu par knock-out technique au quatrième round Martin Hudon (2-1-1, 2 K.-O.), de Plessisville.