Décidément, le combat entre Librado Andrade et Lucian Bute a valu bien des ennuis à l'entraîneur montréalais Howard Grant. Il a été mis en demeure par le groupe InterBox de se rétracter, après avoir qualifié l'issue du combat de «vol», et son permis d'homme de coin vient d'être suspendu jusqu'en avril.

La Régie des alcools, des courses et des jeux a en effet décidé de sévir contre Grant, qui a poussé l'arbitre Marlon Wright dans les secondes qui ont suivi le combat du 24 octobre.

Rappelons que Grant, homme de coin de Librado Andrade, était furieux que l'arbitre n'ait pas déclaré Lucian Bute K.-O. à la toute fin du 12e round. Au son de la cloche, à toute vitesse, il est monté sur le ring, a poussé deux fois M. Wright dans les cordes, et lui a crié son mécontentement.

La Régie a décidé d'adopter la ligne dure. Lors d'une audience, le 11 décembre, le service du contentieux de la Régie avait demandé que le permis de l'entraîneur soit suspendu jusqu'au 31 mars 2009. Les avocats de Grant estimaient quant à eux qu'une suspension «de deux ou trois semaines» serait adéquate. Les régisseurs ont finalement retenu la plus dure des deux propositions.

Howard Grant «a violé l'exercice intègre du sport de combat auquel il participe depuis plus de 20 ans et a ainsi terni le bon renom de ce sport», conclut le jugement rendu lundi par la Régie et obtenu par La Presse.

Howard Grant entraîne une dizaine de boxeurs du Groupe Yvon Michel, dont Herman Ngoudjo et Joachim Alcine. Ces derniers doivent livrer d'importants combats d'ici peu. Le premier rencontrera Juan Urango, le 30 janvier, pour le championnat du monde. Alcine devrait faire un retour, en mars, après sa défaite contre Daniel Santos en juillet dernier.

Howard Grant sera donc persona non grata lors de ces combats, et ne pourra être dans le coin du ring pour conseiller ses boxeurs. «Ça veut dire que je ne pourrai pas être dans le coin de Herman? Que je ne pourrai pas être là pour le retour de Joachim? Que si Andrade se bat, je ne pourrai pas être dans son coin?» a réagi Grant, mardi.

L'entraîneur n'a pas voulu commenter davantage la décision de la Régie avant de parler à ses avocats. Il n'a pas voulu dire s'il entendait interjeter appel; il a 30 jours pour le faire. Mais même s'il le faisait, Grant n'aurait pas automatiquement le droit d'officier dans un coin durant ce processus. Ce serait au Tribunal administratif du Québec d'en décider.

L'arbitre et juge d'expérience Guy Jutras estime que la peine représente un «avertissement sérieux»: «Empêcher un entraîneur d'être dans le coin de son poulain pour un championnat du monde, souligne-t-il, c'est plus qu'une tape sur la main. Un entraîneur dans un coin peut, parfois, aller jusqu'à influencer l'issue d'un combat.»

«Je ne veux pas dire si la sanction est assez, ou pas assez sévère, avance Guy Jutras. Ce qui est certain, c'est qu'il fallait une sanction. Et là, je pense que le message est passé et qu'on va y penser à deux fois avant de toucher un arbitre.»