Jean Pascal aura toute une commande sur les bras ce soir à Nottingham.

Le favori local - et favori des preneurs aux livres - Carl Froch n'est pas un enfant de choeur. Sa fiche de 23-0-0 est tout sauf gonflée à l'hélium. Il a envoyé au tapis plusieurs adversaires de bon calibre, tels Robin Reid, Sergey Tatevosyan et Brian Magee. Tatevosyan, contre qui Lucian Bute avait dû se contenter d'une victoire par décision, n'a même pas survécu deux rounds.

Contrairement à son adversaire, Pascal n'a pas l'habitude des combats importants, du moins chez les professionnels. Il n'a pas été autant testé. Il devra livrer la performance de sa vie devant une foule hostile.

 

La bonne nouvelle pour le boxeur québécois, c'est que sa blessure récurrente à l'épaule droite semble bel et bien guérie. Froch pourrait avoir une surprise s'il prend Pascal à la légère en se fiant uniquement à ses performances quelconques lors de ses plus récents combats.

Il faudra que cette épaule tienne le coup si Pascal, qui n'a pas boxé depuis 11 longs mois, veut avoir une chance de vaincre son adversaire. On ne devient pas champion du monde en se battant avec un seul bras.

Froch a certes un style peu orthodoxe. Son habitude de garder ses mains (très) basses pourrait donner des ouvertures à Pascal, plus rapide et athlétique. Mais celui qu'on surnomme le Cobra frappe sans avertissement et surtout très durement, comme en font foi ses 19 K.-O. Un seul uppercut bien placé et l'Anglais pourrait mettre la main sur la ceinture qu'il convoite depuis si longtemps... surtout si le menton de Pascal est aussi fragile que l'affirment les détracteurs du boxeur.

Froch est déterminé à sortir de l'ombre de Joe Calzaghe et Ricky Hatton, les deux étoiles de la boxe britannique des dernières années. À 31 ans, il sait aussi qu'une occasion comme celle qui s'offre à lui aujourd'hui risque de ne pas se représenter de sitôt. Pascal, au contraire, pourra vraisemblablement obtenir un nouveau combat de championnat assez rapidement s'il perd de façon honorable.

La froide logique commanderait de prédire une victoire de Froch. Une remarque glissée cette semaine par un membre de l'équipe de Jean Pascal me pousse toutefois dans la direction opposée : «Froch n'a aucune idée du niveau d'inconfort que Jean est maintenant capable d'endurer.»

Si le camp d'entraînement en Arizona a vraiment donné les résultats escomptés, si Pascal est prêt à souffrir et s'il a le souffle pour ne pas lâcher Froch d'une semelle, il peut l'emporter. Peut-être même par K.-O. Mais ça ne sera pas de la tarte.

Le combat sera diffusé en direct, vers 18h, sur radio-canada.ca, et en différé, à 22h30, à la télé de Radio-Canada.