Comme rien n’est ordinaire à la montagne de Killington, deux skieuses sont montées sur la plus haute marche du podium, dimanche. Un fait rarissime. Anna Swenn Larsson et Wendy Holdener ont toutes les deux rendu un chrono d’exactement 1 min 42,97 s. Question de rendre la chose encore plus spéciale, il s’agit de leur toute première victoire en slalom.

C’est ainsi que s’est terminé le week-end le plus attendu de l’année par les amateurs de ski nord-américains. La température était un peu moins clémente que la veille pour le slalom géant, mais la chaleur de la foule a comme d’habitude suffi pour rendre cette journée agréable.

Tous les espoirs étaient permis pour la favorite locale, Mikaela Shiffrin, ancienne athlète de l’Académie Burke Mountain au Vermont. Elle était en quête d’un troisième titre consécutif en slalom.

Cependant, la montagne de Killington ne s’est pas laissée dompter, et la performance de Shiffrin a été insuffisante en deuxième manche.

Tout le monde a été pris par surprise lorsque le chrono de Wendy Holdener a tourné au vert à son arrivée au bas de la piste, mais que trois zéros se sont succédés au tableau, signifiant un temps identique à celui de la meneuse Anna Swenn Larsson.

Les mains sur la tête, les pôles dans les airs, la Suissesse n’en revenait pas. « J’ai tout donné. C’était un soulagement de voir que j’étais première. On pourra savourer et partager notre victoire », a souligné Holdener.

Sur la chaise de meneuse, la Suédoise a gardé la bouche ouverte de longues secondes. Des secondes de stupéfaction. « Je suis si heureuse, a déclaré Swenn Larsson après la course. C’est beaucoup d’émotion. C’est un rêve », dit-elle en ne pouvant pas terminer sa phrase, emportée par l’émotion.

Swenn Larsson en avait pourtant fait suffisamment pour occuper seule le trône. Même si elle avait failli trébucher en première portion de parcours lors de la deuxième manche, elle s’était bien reprise, à son grand étonnement. Elle était abasourdie au bas de la piste en voyant son chrono. La vétérane de 31 ans est passée par toute la gamme des émotions en si peu de temps.

Son rythme cardiaque n’a pas dû ralentir lorsque, convaincue que Holdener l’avait délogée grâce à une course impeccable en tous points, elle commençait à ramasser son équipement pour quitter le podium.

Lorsque Mikaela Shiffrin a clos la compétition avec une descente bonne pour le cinquième rang, Holdener et Swenn Larsson ne tenaient plus en place. Comme si elles avaient de la difficulté à y croire. Comme si c’était impossible. Comme si elles vivaient le même rêve.

Créer l’inattendu

Dès l’entame de la seconde manche, Franziska Gritsch, portant le dossard 32, est sortie de nulle part. Personne n’aurait misé sur une telle performance de sa part. Même pas sa propre famille. Dernière qualifiée, elle a filé à toute allure sur la piste encore épargnée. Elle a franchi la ligne d’arrivée en 50,17 s. Elle est la seule à avoir skié sous la barre des 51 s en deuxième manche.

Assise dans la chaise de meneuse, l’Autrichienne de 25 ans a vu passer 20 skieuses avant d’être délogée.

Déjà, il était possible de sentir que quelque chose de spécial était en train de se tramer.

Katharina Liensberger a chuté, Lena Duerr a manqué une porte, Michelle Gisin a perdu l’équilibre, Ana Bucik était à plat. Petra Vhlová n’a jamais trouvé son rythme. Toutes celles qui pouvaient empêcher Shiffrin de savourer un sixième triomphe à Killington avaient subi les foudres de la montagne. Comme si celle-ci avait agi en faveur de sa favorite.

Cependant, Shiffrin n’a pas été à la hauteur. Elle a été incapable de générer autant de vitesse qu’en première manche et a semblé trop timide pour tailler les virages comme elle seule sait le faire.

Du déjà-vu pour Laurence St-Germain

Devant parents et amis et avec un bon dossard, Laurence St-Germain avait espoir de poursuivre sur sa lancée entamée lors de la dernière journée de compétition à Levi.

Toutefois, elle a connu un dénouement similaire à celui de sa première performance en Finlande. À la mi-parcours, elle a raté un piquet et son temps en a été inévitablement affecté. C’est à cause d’un léger déséquilibre provoqué par un départ très rapide que St-Germain a perdu l’instant d’une fraction de seconde le contrôle de ses spatules. Elle n’a pas pu se qualifier pour la manche ultime.

Sa compatriote Ali Nullmeyer a pour sa part très bien répondu, encore une fois. À 24 ans, l’Ontarienne s’impose comme la meilleure skieuse au pays depuis la saison dernière grâce à une progression qui permet d’être optimiste pour l’avenir. Depuis le début de la saison, elle s’est toujours classée parmi le top 20.

Amelia Smart a aussi bien fait avec une 16place.