Plus de 90 athlètes canadiens de bobsleigh et de skeleton, actuels et retraités, réitèrent leurs appels à la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, pour qu’elle les aide à faire le ménage dans ce qu’ils qualifient de climat toxique dans leur sport.

Le groupe BCS Athlete for Change a initialement écrit une lettre publique en mars appelant à la démission de la présidente de Bobsleigh Canada Skeleton (BCS), Sarah Storey, et du directeur de la haute performance, Chris Le Bihan.

Les athlètes affirment dans leur lettre envoyée à St-Onge, vendredi, que des problèmes systémiques empoisonnent BCS depuis huit ans, soit depuis l’élection de Storey.

« Ces problèmes continuent d’être ignorés et non résolus par l’organisation, ont-ils écrit. En ce moment, nous avons vu une détérioration croissante dans les deux sports dans les opérations quotidiennes, de la participation des athlètes au niveau national et local, de la performance globale et de la compétitivité sur la scène internationale, et de la culture au sein de l’organisation. »

BCS n’a pas immédiatement répondu à une demande de réactions.

Cette lettre comprend un résumé de 24 pages des problèmes et des expériences d’athlètes vécus ou observés, qui a été présenté au conseil d’administration de BCS. On y relate des allégations telles que la peur de représailles qui fait taire les athlètes sous un style de leadership « autoritaire » et le dénigrement des athlètes devant d’autres membres du personnel et des athlètes.

Selon le document, un « athlète de skeleton de premier plan a été ridiculisé devant d’autres athlètes de bobsleigh et de skeleton », et un membre du personnel de skeleton aurait fait des commentaires non professionnels et inappropriés aux entraîneurs et aux athlètes, notamment en envoyant des messages texte aux athlètes à connotation sexuelle.

« À ce jour, rien de ce qui est relaté dans ce document n’a été abordé ou corrigé », précise la lettre.

La lettre comprend aussi les conclusions d’un examen et d’une évaluation de BCS par le consultant externe Nick Bass, le conseiller de haut niveau pour À nous le podium (ANP). L’évaluation incluait des sondages anonymes ainsi que des discussions avec le personnel, les entraîneurs et les athlètes de BCS pour comprendre les problèmes et identifier les lacunes.

« Les conclusions correspondent aux problèmes soulevés dans notre lettre de mars 2022 et (le résumé des problèmes de 24 pages) », ont-ils écrit.

Une lettre d’attestation du rapport du nouveau Bureau du commissaire à l’intégrité du sport (OSIC) était également incluse. En réponse à une demande du 24 juillet de Bobsleigh Canada Skeleton Athletes for Change, l’OSIC a révélé qu’il n’avait pas compétence pour donner suite aux informations soumises dans le rapport, puisque BCS n’est pas signataire du programme.

St-Onge a déclaré que les organismes nationaux de sport (ONS) devront être signataires de l’OSIC pour être admissibles au financement fédéral, mais jusqu’à présent, Volleyball Canada et Haltérophilie Canada sont les deux seuls ONS qui l’ont fait.

« La compétence de l’OSIC pour administrer les plaintes est limitée aux questions soulevées à l’égard des personnes qui… sont sous l’autorité d’une organisation signataire du programme, a écrit l’OSIC dans sa décision. L’organisation mentionnée dans votre rapport, Bobsleigh Canada Skeleton, n’est pas signataire du programme et l’OSIC n’a donc pas le pouvoir d’examiner davantage les problèmes concernant ses participants individuels. »

Les athlètes affirment que la participation actuelle au niveau national et local au bobsleigh et au skeleton est « préoccupante », et ont noté qu’en 2019, le bobsleigh a vu le départ de la triple championne olympique Kaillie Humphries vers les États-Unis. Il y a un exode d’athlètes actuels, disent-ils, qui choisissent de concourir pour d’autres pays.

« Le manque continu de reconnaissance et d’action pour répondre à l’une de ces préoccupations continue de créer des dommages à long terme et préjudiciables aux sports de bobsleigh et de skeleton au Canada », indique la lettre.

Cette lettre survient dans la foulée de ce que St-Onge a qualifié de « crise » du sport sécuritaire au Canada.

Hockey Canada est embourbé dans des allégations d’agression sexuelle qui ont incité de nombreux commanditaires à retirer leur soutien et St-Onge à geler le financement fédéral.

Des centaines de gymnastes canadiens, anciens et actuels, ont imploré St-Onge d’aider à faire le ménage dans leur sport au milieu d’allégations d’abus physiques, psychologiques et sexuels d’athlètes, dont beaucoup de mineurs.

« Nous avons été témoins du tollé public et politique suscité par les scandales actuels de Hockey Canada et avons entendu nos dirigeants politiques dire que la façon dont le sport et les ONS (organismes nationaux de sport) ont fonctionné au Canada avec un manque de respect, de sécurité, de gouvernance et de responsabilité ne sera plus acceptable.

« La direction et le personnel administratif actuels de BCS ont montré une réticence à reconnaître et à résoudre leurs problèmes… et on ne peut leur confier la tâche d’apporter les correctifs à l’avenir », indique la lettre.

La lettre des athlètes de bobsleigh et de skeleton demande à St-Onge de regarder au-delà des gels de financement pour influencer le changement, car cela ne ferait qu’exacerber les effets négatifs sur les athlètes.