Justine Dufour-Lapointe rayonne. Un peu plus de trois mois après sa déception aux Jeux olympiques, la skieuse de 28 ans est en réflexion par rapport à la suite de sa carrière. « Je prends du temps pour moi, pour voir ce que j’ai envie de faire, comment je me sens », dit-elle.

La Montréalaise était tout sourire, mardi matin, en arrivant au parc Maisonneuve, à Montréal, pour la grande célébration Fillactive. En tant que marraine de l’organisme, elle venait rencontrer, et surtout encourager, les 2000 adolescentes venues faire l’essai de différents sports dans un environnement amical, sans pression et sans jugement.

La dernière rencontre de La Presse avec la skieuse remontait au 6 février, aux Jeux de Pékin. L’athlète venait de chuter de façon assez violente en finale olympique, un dénouement crève-cœur après quatre longues années de travail. « J’ai le cœur en miettes, mais je n’ai pas de regrets », avait-elle alors dit aux médias.

Trois mois plus tard, la déception a laissé la place à l’acceptation.

« Il faut accepter, vivre avec, laisse-t-elle entendre. Je n’ai pas envie d’avoir un goût amer par rapport à ça parce que le travail que j’ai mis est le même, peu importe le résultat que j’ai eu à ces Jeux-là. C’est de ça que je veux me souvenir. »

Ma thérapie, c’est d’en parler. C’est de jaser de ça parce que ça arrive à tout le monde d’avoir des échecs, de tomber.

Justine Dufour-Lapointe

On dit souvent que l’important, après un échec, est de se relever. C’est ce que la benjamine de la célèbre fratrie a fait. Après sa chute, elle a terminé sa descente avant de saluer les Québécois en s’adressant à la caméra, le sourire aux lèvres malgré tout. Elle s’est ensuite permis d’évacuer sa peine dans les bras de ses sœurs. Une scène émouvante.

« Je suis extrêmement fière de la façon [dont j’ai géré] tout ça, indique-t-elle. C’est ce qui me bouleverse un peu à travers tout ça, c’est qu’il y a beaucoup de beau. Je suis heureuse de le partager, de faire des conférences, d’en jaser. Ça fait du bien. C’est ce que je réalise. Plus j’en parle, mieux je me sens. Je n’ai pas besoin de me cacher en dessous d’une roche. Je n’ai pas honte de ce que j’ai fait.

« Si je peux aider d’autres gens à surmonter des épreuves, je vais avoir au moins fait ça », ajoute-t-elle.

En réflexion

Après les Jeux, Justine Dufour-Lapointe a pris part à une dernière Coupe du monde à Megève, en France, où elle a pris le 5rang.

Depuis, « ça n’a pas arrêté », lance-t-elle en souriant. Disons que les activités ne manquent pas. Elle a notamment pris des vacances aux Bahamas en famille en plus de skier dans les Alpes françaises et au Colorado.

« Ça prend du temps, redescendre des Jeux, dit-elle. On pense que c’était juste les Jeux il y a trois mois, mais non. Pour nous, ça fait quatre ans. Ça faisait quatre ans qu’on ne faisait que ça. On ne voyait que ça dans notre soupe. Du jour au lendemain, c’est terminé. »

Maintenant, c’est le temps des réflexions. De se poser « les grosses questions ». De décider quelle sera la suite. Se lancera-t-elle dans une autre saison et un autre cycle olympique, ou fera-t-elle ses adieux à la compétition ? Rappelons que sa sœur Maxime s’est retirée il y a quelques années, tandis que Chloé a pris part à ses derniers Jeux en février.

« Je suis encore un peu dans cette zone-là, cette zone tampon, cette zone grise, dans laquelle je me pose des questions, explique Justine Dufour-Lapointe. […] C’est de savoir ce que je veux faire de ces prochaines années-là. Ce sont de grosses décisions et ça ne se prend pas à la légère. C’est là que je suis rendue.

« Je vais vous annoncer tout ça un jour, quand ça va être plus clair dans ma tête. Là, ça ne l’est pas ! », conclut-elle en riant.