L’heure est venue pour Cendrine Browne. Près de 10 ans après son premier départ en Coupe du monde, l’athlète des Laurentides annonce officiellement sa retraite du ski de fond.

Pionnière dans son milieu, et avec le sentiment du devoir accompli, elle est prête à amorcer de nouveaux défis, car elle a luxe de ne pas avoir mis tous ses œufs dans le même panier.

À 28 ans, Browne sentait qu’il s’agissait du bon moment. Au cours de sa carrière, elle n’a jamais rien laissé au hasard. Si bien que même si c’est le ski de fond qui a pris presque toute la place depuis les deux dernières décennies, elle est heureuse d’être devenue plus qu’une fondeuse et de ne pas être seulement définie par le ski.

Il a toujours été primordial pour l’olympienne de tirer avantage de son statut et de sa notoriété. C’est pourquoi elle quitte le sport sans regret. Au-delà d’avoir participé deux fois aux Jeux olympiques, d’avoir obtenu plus d’une dizaine de départs en Championnats du monde et d’avoir pris part à 76 Coupes du monde, Browne aura aussi réussi à marquer les esprits grâce à son implication.

Elle a créé avec sa coéquipière et amie Laura Leclair, qui a aussi pris sa retraite au cours des derniers jours, le programme Feminaction, destiné à la relève féminine en ski de fond. Elle a fait la promotion des saines habitudes de vie, de l’équilibre et de la conciliation sport et études. Elle a parlé ouvertement de ses blessures et de son trouble d’adaptation. Puis, elle a tenu son bout contre Nordiq Canada, qui lui avait retiré sa place dans l’équipe nationale pour une question de classification et de subvention.

Browne se retire en ayant l’impression d’avoir tout donné pour son sport, en plus d’avoir pu inspirer de jeunes athlètes à réaliser leur rêve, malgré les obstacles.

« Ce sont des valeurs qui sont importantes pour moi. Ce sont des choses auxquelles je tiens. En étant une personne plus équilibrée, ça m’a juste mieux préparée à mon après-carrière, parce que, en arrêtant, il n’y a pas de vide devant moi. Puisque j’ai toujours eu autre chose dans la vie, j’ai maintenant d’autres objectifs et d’autres défis qui m’attendent. »

Finir au sommet

Browne vient de connaître la meilleure saison de sa carrière. Non seulement elle a obtenu trois top 20 aux Jeux olympiques de Pékin en février, mais elle est aussi parvenue à repousser ses propres limites en Coupe du monde avec des résultats qui dépassaient ses propres attentes. Elle a notamment terminé la saison avec son meilleur résultat de l’année individuellement avec une 25place au 30 km classique à Oslo, en Norvège.

Elle savait depuis le début du dernier cycle olympique qu’elle accrocherait ses skis après les Jeux de Pékin. Néanmoins, elle est ravie de pouvoir quitter son sport au sommet de son art.

« Quand j’ai commencé ma carrière, j’ai toujours voulu arrêter au sommet de ma forme avant que mes performances commencent à décliner. Qui sait comment ça se passerait si je continuais une autre année. »

C’est important de finir comme ça pour garder de bons souvenirs pour la vie.

Cendrine Browne

Le dernier évènement auquel Browne aura pris part est la Classique Alex Harvey, au début du mois d’avril, dans son nouveau chez-soi, à Saint-Ferréol-les-Neiges. Ainsi, elle a pu terminer avec les siens, sur le parcours où elle s’est entraînée des milliers de fois au mont Sainte-Anne, avec l’équipe du Centre national d’entraînement Pierre Harvey.

« C’était vraiment la meilleure façon de terminer la saison. Il faisait beau, l’environnement était vraiment incroyable, les gens étaient souriants. Finir avec une course qu’on faisait pour le plaisir était vraiment une belle façon de boucler la boucle, d’être avec mon équipe et de terminer sur une belle note, en beauté. Je n’aurais pas pu demander mieux. »

« Un bel héritage »

Il s’en est passé, des choses, pour Browne entre ses débuts avec le club des Fondeurs des Laurentides et l’annonce de sa retraite. Elle a pu compétitionner aux côtés des plus grandes skieuses de l’histoire comme Jessie Diggins et Therese Johaug, en plus de skier sur les pistes mythiques de Falun, Davos et Lahti.

« On dirait que je ne le réalise pas encore. En y pensant, c’est sûr que c’est fou, ce que j’ai réussi à faire. Ça me rend émotive, parce que j’étais rendue à un certain niveau et avec ces filles-là, on commençait à être amies, à skier ensemble dans les pelotons et on se parlait après les courses. C’est sûr que ça va être difficile de laisser ça derrière moi. »

De nombreux projets attendent Browne, comme terminer ses études, qu’elle n’a jamais laissées de côté, et trouver un emploi dans un milieu qui la passionnera autant que le ski de fond.

Il demeure quand même qu’elle ne reniera jamais son passé et qu’elle s’en servira comme motivation.

La Québécoise aura été une pionnière et l’empreinte qu’elle laisse sur le monde du ski de fond d’ici est indélébile.

« Je pense que je laisse un bel héritage. J’ai montré aux jeunes filles que c’était possible de percer. Ça faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu de filles qui avaient percé sur la scène internationale. Je crois que j’ai tracé un chemin pour elles et je leur ai permis de rêver et de voir qu’il y avait des opportunités pour les athlètes féminines en ski de fond. »

Browne est parvenue à tracer son propre chemin et elle laisse le ski de fond québécois et canadien dans un meilleur état qu’il ne l’était à son arrivée.