(Montréal) Hollywood n’aurait pas mieux fait. Charles Hamelin s’est dirigé en bordure de patinoire, a pris sa fille Violette dans ses bras avant de faire un dernier tour de piste. Sourire de satisfaction et de fierté aux lèvres, le légendaire patineur de 37 ans a salué la foule montréalaise… pour la dernière fois.

« Ce soir, quand je vais me coucher, ou plutôt si je me couche, toutes les émotions vont se manifester à retardement. Je veux vivre le moment avec les gars. Je veux en profiter au max. Ça arrive juste une fois dans une vie. C’est vraiment magique », a laissé entendre Hamelin une fois les cérémonies des médailles terminées.

Le chant du cygne de celui que l’on surnomme la « locomotive de Sainte-Julie » restera gravé dans les mémoires. Les 3200 spectateurs à l’aréna Maurice-Richard étaient en liesse avant, pendant et après la finale du relais masculin, course la plus attendue du week-end pour tout ce qu’elle impliquait.

Dans les gradins, des spectateurs brandissaient des affiches sur lesquelles était écrit « Merci Charles » et « Let’s go Charles ». Le sextuple médaillé olympique a d’ailleurs reçu une ovation avant même que la course ne commence. Il a mis la main sur son cœur, ému.

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Charles Hamelin et ses coéquipiers

Si les patineurs canadiens – Hamelin, Pascal Dion, Steven Dubois et Jordan Pierre-Gilles – n’ont pas été en mesure de répéter leur exploit olympique, ils se sont assuré d’offrir à leur vétéran une dernière médaille en carrière, celle de bronze. Les Sud-Coréens et les Néerlandais ont respectivement remporté l’or et l’argent.

« Ultimement, la couleur de la médaille importait peu, a soutenu Hamelin. On a vécu les moments qu’on voulait vivre avec les boys. La couleur qu’on voulait, on l’a eue il y a quelques semaines [aux Jeux olympiques]. »

« De pouvoir vivre ça devant notre foule, nos amis, notre famille, c’était juste incroyable. On a réalisé pourquoi on aime autant notre sport, parce que la foule était en délire chaque fois qu’on embarquait sur la glace. Ce sont des souvenirs qui vont rester dans nos mémoires pour toujours. »

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Charles Hamelin festoyant en compagnie des autres patineurs

Quand la course a pris fin, Hamelin a retiré ses lunettes, essuyé ses yeux et pris ses coéquipiers dans ses bras pendant de longues secondes. Il a ensuite fait son dernier tour de piste avec « Vivi » dans ses bras, charmant l’imposante foule au passage.

« Je ne sais pas si ma fille a eu conscience de ce qui s’est passé, a dit le patineur. Elle va avoir des flashs dans sa vie, elle aura beaucoup de photos pour s’en rappeler. Mais je suis sûr qu’elle a tripé d’avoir vécu l’amour de la foule, qui criait pour son papa et pour elle aussi, parce qu’elle est quasiment aussi populaire que moi. »

« Le futur, c’est maintenant »

Charles Hamelin, c’est 19 ans dans l’équipe nationale. C’est six médailles olympiques, dont quatre d’or. C’est 38 médailles en Championnats du monde et 142 en Coupes du monde. Voilà longtemps que le statut de légende du sport lui a été attribué, à juste titre.

« Je ne pourrai jamais remercier la vie plus que ça », a lancé celui qui aura 38 ans le 14 avril.

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Charles Hamelin et sa famille

« D’avoir le Mondial à Montréal, en fin de carrière, pour ma dernière course à vie, c’est quelque chose que je n’aurais jamais pu prédire. Finalement, ça s’est fait. On est là. C’est terminé. »

Hamelin a indiqué au cours des derniers jours qu’il avait plusieurs projets de retraite. Ça commencera avec un voyage à Punta Cana en famille à compter de samedi prochain. Le mariage est prévu en juin, suivi de la lune de miel.

A-t-il comme plan de revenir au sein du programme national comme entraîneur ?

« Je fais mes cours d’entraîneur à temps perdu sur le Net, a-t-il indiqué. C’est quand même facile et le fun. Mais à court terme, je n’ai aucune ambition de venir prendre la place de quelqu’un qui est là en ce moment. »

« Je pense que les patineurs sont entre très bonnes mains, a-t-il poursuivi. Mais c’est sûr que si une porte s’ouvre dans ma vie, je vais écouter ce qu’ils ont à m’offrir. Je vais prendre une décision, mais pour l’instant, j’ai beaucoup d’autres chats à fouetter. »

D’ici là, le patineur continuera d’encourager ses coéquipiers. « Le futur, c’est maintenant », a-t-il lancé.

Ils ont dit

Charles, c’est un modèle. Il nous a prouvé qu’on pouvait grandir dans ce sport, qui bouge tellement, dans lequel il y a tellement de nouveautés. Les règles changent, tu dois t’adapter en tant qu’athlète. De l’avoir vu évoluer à travers ces années-là, c’est incroyable. C’est un grand athlète qui nous quitte.

Kim Boutin

C’est une légende. C’est un modèle pour tellement de jeunes. On pourrait en parler longtemps. Charles a tellement été une bonne influence sur le sport. Sa marque va rester longtemps. […] C’est un travaillant, un bœuf à l’entraînement. Il force fort, n’abandonne jamais, arrive à temps. Tout le monde sur l’équipe a vraiment appris de lui. On ne peut que s’en inspirer.

Pascal Dion

C’est assurément un moment spécial. On le sait depuis un bout que c’est sa dernière compétition à vie. On voulait faire un bon résultat à la fin. Avec la foule, ça rend tellement ça magique. Ç’a été difficile de ne pas pleurer. On a tous versé des larmes. On ne le perd pas, ce sera notre ami et on a hâte de le revoir après. Mais c’est un bon chum qui s’en va.

Steven Dubois