Le nom d’Erik Guay n’est inconnu à aucun amateur de sport québécois. Mais connaît-on réellement le parcours de celui qui demeure le skieur alpin canadien le plus titré ? L’histoire d’Erik Guay, c’est aussi celle de Conrad, d’Ellen, de Kristian et de Stefan. Une famille qui a fait du ski sa vie.

Ce dimanche à 20 h, RDS présentera, dans le cadre de sa série 25 ans d’émotions, un documentaire sur Erik Guay, La descente vers le sommet. La Presse l’a visionné en primeur et vous en offre un avant-goût.

Le tout s’amorce avec un regard sur l’enfance d’Erik et de ses frères, Kristian (l’aîné) et Stefan (le benjamin). Le trio a grandi à Mont-Tremblant, à 10 minutes de la montagne, dans une jolie demeure construite sur un cap de roche par ses parents, Conrad Guay et Ellen Mathiesen-Guay. Tous deux ont transmis à leurs enfants l’amour du ski, mais c’est leur père, entraîneur renommé mort en octobre dernier, qui les a formés.

« Notre vie, ça se passait à la montagne, raconte l’ex-athlète dans un décor estival. Mes premiers souvenirs, c’était de me faire déposer à la montagne et de partir en ski avec mes chums. »

Il y avait du talent, chez les Guay. « Le premier but que j’avais, c’était toujours de battre mon frère [Kristian] ! », lance Erik.

C’est à l’âge de 18 ans qu’il a commencé les épreuves de vitesse. Il a connu du succès très tôt, en route vers la grande carrière qu’on lui connaît.

En 2006, son frère Stefan, de trois ans son cadet, est victime d’une chute qui met fin à sa carrière de skieur. Pendant ce temps, Erik fait sa place parmi le top 10 mondial. Il bat ses idoles, vit le rêve.

« Après ma blessure, j’aurais aimé ça parler plus à mon frère, avoir son avis, qu’il me dise ce que je devrais faire, raconte le plus jeune à la caméra. Mais c’est la dernière chose que je voulais mettre sur ses épaules. Il était dans une situation où il pouvait gagner les Olympiques, être champion du monde. »

D’une durée de 60 minutes, le documentaire fait vivre, une à une, les grandes étapes de la brillante carrière de Guay, des Jeux de Vancouver, où il a terminé 5e en descente et au super-G, en passant par son premier Globe de cristal, remporté en 2010, jusqu’à sa victoire aux Championnats du monde en 2011…

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Erik Guay sur les pistes du mont Tremblant, en 2014

RDS jette également un émouvant regard sur la relation entre Erik et Stefan, qui a été son entraîneur dans l’équipe nationale pendant de nombreuses années.

« Je n’ai rien donné à Stefan. C’est lui qui m’a donné le plus », déclare l’ex-skieur, sourire aux lèvres.

Toujours à Tremblant

Dans La descente vers le sommet, neuf personnes s’expriment sur le parcours d’Erik Guay. Du lot, le « King des bosses », Mikaël Kingsbury.

« J’admire ce qu’Erik fait parce que lui, quand il part, s’il tombe, il peut mourir, dit-il. J’ai grandi en regardant Erik Guay à la télé. C’était le meilleur skieur canadien. Je me souviens de la journée que je l’ai vu rentrer au gym pour la première fois. C’était impressionnant. »

Erik Guay a dû composer avec des problèmes de dos pendant plusieurs années au cours de sa carrière, sans jamais se laisser abattre. En 2017, à 35 ans et une semaine après avoir fait une dangereuse chute, il est devenu le plus vieux champion du monde de l’histoire.

C’est l’année suivante, en novembre 2018, avant de s’élancer pour la première Coupe du monde de la saison, qu’il a eu un déclic : « Je n’avais plus envie », dit-il.

Après 20 ans à voyager d’un bout à l’autre de la planète, c’est à la maison, auprès de sa femme et de ses quatre filles, qu’il souhaitait se retrouver.

« J’étais vraiment ému parce que c’est triste, lance son frère Stefan. C’est la fin d’une carrière, de quelque chose d’extraordinaire dans lequel il a mis tellement de temps. Mais en même temps, j’étais content pour lui. Je me disais : c’est le temps. Tu l’as mérité. »

Aujourd’hui, Erik Guay habite à Mont-Tremblant avec sa femme. Ils possèdent une ferme, des poules et des wapitis. L’ex-athlète souhaite offrir à ses enfants la chance de s’amuser sur un grand terrain, comme ses parents l’ont fait pour lui et ses frères…