Lorsqu’Arnaud Gaudet dévale la piste, c’est avec assurance, rien ne semble l’ébranler. Les athlètes qui participent aux Jeux olympiques et paralympiques ne sont pas des superhéros qui possèdent de « superpouvoirs », mais ils ont tous quelque chose en commun : une qualité ou une force bien précise qui en font des athlètes « Or » du commun et, surtout, des Olympiens et des Paralympiens.

Lorsqu’Arnaud Gaudet dévale la piste, c’est avec assurance, rien ne semble l’ébranler. Plus jeune planchiste de l’équipe canadienne de surf des neiges alpin, il a en main tous les atouts pour se hisser parmi les meilleurs au monde. Un rêve se concrétise avec les Jeux olympiques de Pékin. Et la suite augure peut-être même encore mieux !

À seulement 21 ans, Arnaud Gaudet dispute sa cinquième saison complète en Coupe du monde. Que ce soit sur le parcours ou à l’extérieur, il affiche la confiance d’un vétéran. Un aspect prédominant de sa personnalité qui ne date pas d’hier comme le raconte son père et entraîneur Patrik Gaudet.

« La grande force d’Arnaud, je pense que c’est ça. Il est très calme et très, très confiant. Ça a commencé très tôt ! À 12 ans, je lui avais donné ma planche pour être ouvreur de piste dans une compétition Nor-Am et il avait fait un excellent temps, se remémore-t-il. La planche était énorme et lui tout petit. Tout le monde pensait qu’il ne serait pas capable et il a descendu ça comme un couteau dans le beurre. […] Il a toujours été extrêmement confiant. Il n’y a aucun doute dans sa tête. »

En entrevue, le jeune homme de Montcalm est fidèle à cette réputation. Il démontre un air décontracté, sûr de lui, et ses réponses révèlent une maturité certaine ayant été bâtie au travers des bons comme des moins bons moments.

« [Dans la vie] il faut être patient, mais il faut travailler pour que ça arrive », mentionne-t-il pour commenter sa progression qui l’a mené jusqu’au podium des Championnats du monde juniors de Lachtal (Autriche), en décembre 2020.

À sa cinquième et dernière présence aux mondiaux des 20 ans et moins, Gaudet a obtenu une première médaille à cet évènement en se classant troisième du slalom géant en parallèle.

« Il a finalement réussi à faire son podium ! On se disait que ça n’arriverait jamais, surtout après avoir été éliminé en slalom la veille. […] Il a réussi à faire ce qu’on attendait depuis qu’il avait 15 ans », mentionne fièrement Patrik au sujet de cette médaille remportée avec une avance de 2 centièmes de seconde sur le Russe Vladimir Pnev en petite finale.

« C’était presque une surprise ! Quand j’ai fini ma course, je ne pensais pas l’avoir et ça a été assez long avant d’avoir le résultat officiel, poursuit l’athlète avec le sourire aux lèvres. Je ne m’y attendais pas, mais je suis très content d’avoir fini [ma carrière junior] avec une médaille. »

À peine quelques semaines plus tard, le Québécois a enchaîné en réalisant la meilleure performance de sa carrière chez les séniors, cette fois-ci en slalom, en se classant sixième à Moscou.

« Ça m’a donné un boost pour le reste de la saison. Le top-8, c’est une grosse étape à passer. Là, ce n’est pas juste de rentrer dans les finales, c’est de passer une ronde de plus et ça prouve que j’ai ma place là, que je peux me rendre au podium », précise celui qui a bouclé la campagne 2020-2021 en prenant le 10e rang du slalom à Berchtesgaden (Allemagne).

À la recherche de constance

S’il se dit satisfait de ses performances en slalom, sa discipline de prédilection depuis déjà quelques années, Arnaud Gaudet se montre beaucoup plus dur envers lui-même lorsque vient le temps d’aborder ses sorties au slalom géant en parallèle, seule épreuve alpine inscrite au programme olympique depuis 2018.

« Je n’ai pas eu une super bonne saison [l’année dernière]. Je suis un peu déçu de mes performances. J’aurai aimé pouvoir faire des finales et pouvoir rider à mon plein potentiel. Même en entraînement, c’était plus difficile », mentionne celui qui a mis l’accent sur cette facette à l’entraînement au cours des derniers mois.

Cette action s’inscrit dans le but d’être plus constant dans toutes les facettes de son sport, mais aussi en vue des Jeux olympiques, naturellement. « C’est sûr que c’est dommage qu’il n’y ait pas de slalom, mais on a fait des camps en GS (slalom géant) et on voit des améliorations », rapporte celui qui pointe au 30e rang du classement mondial depuis le début de la campagne 2021-22.

« C’est très technique, il y a beaucoup de lignes [de tracés] et il faut mettre la pression au bon endroit [sur la planche]. On travaille toujours là-dessus et on s’en va dans la bonne direction. »

Mais comme le rappelle le paternel, les résultats se jouent bien au-delà de l’entraînement et de la préparation. Dans une discipline où les impondérables sont plus que nombreux, la gestion du matériel devient primordiale et il faut parfois jouer d’audace pour arriver à ses fins. Exactement ce qu’Arnaud est en mesure de faire au slalom et qu’il apprend à transposer en « géant ».

« C’est un concours de circonstances, gagner une course. On peut être aussi préparés qu’on veut, ça demeure un environnement très ouvert. Il y a plusieurs facteurs à considérer et il faut trouver les bons ajustements. […] Je pense qu’il pourrait être très fort dans les deux [épreuves]. En slalom, il dépasse les limites, c’est ce qui lui permet d’avoir du succès. Il prend des risques et quand ça passe, c’est vite ! C’est ce qu’il faut chercher à faire. »

Et pourquoi pas à Pékin ?

« Certains veulent aller aux Olympiques juste pour participer et d’autres y vont pour gagner. Moi, mon but c’est de gagner », confirme Arnaud Gaudet, sans aucune hésitation.

Ce n’est qu’un début…

Le surf des neiges est une véritable histoire de famille chez les Gaudet. Après avoir connu une carrière d’athlète qui l’a mené jusqu’à quelques départs dans le circuit continental au début des années 2000, Patrik Gaudet a transmis son amour pour ce sport à ses trois fils.

En plus d’Arnaud, Émile et Henri sont eux aussi adeptes. Le premier poursuit une carrière au niveau compétitif en Nor-Am après une pause d’un an, tandis que le second s’adonne au sport pour le plaisir.

« C’est assez fort chez nous ! » lance Arnaud, qui se dit heureux de pouvoir partager cette passion avec ses proches.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que tous ont contribué, à leur manière, à cette première participation olympique du cadet de la famille. Les sacrifices ont été multiples au cours des dernières années et la pandémie n’a pas facilité la tâche, si bien que Patrik et Arnaud ont dû passer l’entièreté de la dernière saison dans un véhicule récréatif à parcourir l’Europe.

Le duo sera toutefois séparé pour les Jeux de Pékin, où les entraîneurs Hannes Mutschlechner et Ingemar Walder dirigeront la délégation canadienne. Cette situation sera en quelque sorte un présage de ce qui attend « fiston », qui volera de ses propres ailes plus tôt que tard.

« D’ici quelques années, je n’aurai plus besoin d’être là pour lui [Arnaud]. Les plus grands coureurs sont seuls et font leurs propres choses », remarque Patrik, citant en exemple le vétéran Jasey-Jay Anderson.

« On ne s’obstine pas avec lui, il sait ce qu’il fait et où il s’en va ! »

Anderson, âgé de 46 ans, visait une septième participation olympique consécutive à Pékin, mais il ratera un premier rendez-vous depuis les Jeux de Nagano, en 1998. Il y aura tout de même un peu de lui dans la capitale chinoise le 8 février prochain.

« Les Olympiques, c’est souvent le premier rêve d’un athlète. Pour moi, ç’a commencé en 2010, quand Jasey-Jay a gagné l’or, indique Arnaud Gaudet. J’avais regardé toute la course et je me suis dit qu’un jour, ce serait moi. […] Plus tu montes dans le sport, plus ça devient vrai et j’y suis finalement. »

Chose certaine, ce n’est pas l’ambition qui manque à Arnaud Gaudet, lui qui voit grand pour la suite de sa carrière. Dans son sport, les meilleurs planchistes atteignent souvent leur apogée près de la trentaine, alors il sait que le meilleur reste encore à venir.

Que ce soit à Pékin ou dans n’importe quelle autre compétition, il voudra toujours être le plus rapide sur la piste.

« Arnaud, il est conscient qu’il n’y a pas que les Jeux. Il veut aussi être champion en Coupe du monde ou en Championnats du monde et démontrer qu’il est capable d’être encore plus puissant et très constant. Être le meilleur d’une saison, c’est quelque chose et c’est là qu’il veut aller », conclut Patrik Gaudet.